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SABBAT


avoir eu soin cependant de préparer la veille tout ce qui pouvait l’être. Joa., vii, 22, 23 ; Sehabbath, xix, l-5 ; Erubin, x, 1 1-15. La Pàque et la circoncision devant se célébrer à jour fixe, le sabbat cédait devant elles. — b) Loi naturelle. — Tout péril de mort permettait de transgresser la loi sabbatique. Yoma, viii, 6. Ainsi on prêtait secours à une femme qui accouchait. Sehabbath, xviii, 3. Si un mur s’abat sans qu’on sache s’il y a quelqu’un dessous ou non, s’il est vivant ou mort, s’il est Israélite ou non, on doit enlever de sur lui les décombres même le jour du sabbat ; s’il est vivant, on le tire de là, s’il est mort, on le laisse provisoirement. Yoma, viii, 7. Un médecin peut soigner ce jour-là un homme en danger de mort, Yoma, viii, 6, car tout est permis pour sauver la vie, sauf l’idolâtrie, l’inceste et l’homicide. Gem. Yoma, ꝟ. 82, 25. Un jour de sabbat qu’on trouva Hillel couvert de neige, on le nettoya, on l’oignit et on le porta dans une chambre chaude ; des docteurs dirent qu’il méritait bien qu’on profanât le sabbat pour lui. Gem. Yoma, 15, 2. Le jour de sabbat, on ne doit pas réduire une fracture ; même si quelqu’un s’est donné une entorse à la main ou au pied, il ne doit pas l’arroser avec de l’eau froide. Sehabbath, xxii, 6. Un prêtre qui est de service pour les sacrifices peut, pendant ses fonctions le jour du sabbat, leverun emplâtre d’une blessure ; autrement il ne le peut pas. Si un prêtre se blesse un doigt dans le sanctuaire pendant son service sabbatique, il peut le lier avec un jonc ; autrement il ne le peut pas ; il est d’ailleurs généralement défendu de presser un membre pour en faire sortir le sang. Erubin, x, 13, 14. Si un animal tombe dans une citerne ou un puits le jour du sabbat, on peut faire passer des cordes au-dessous de lui et le remonter ; si toutefois il n’est pas en danger de périr, on doit se contenter de lui donnera manger. De même, on peut mener une bête à l’abreuvoir et puiser de l’eau pour elle, mais sans la porter et en se contentant de la placer devant elle. Sehabbath, v, 1. Gem. ScJiabballi, 128, 1. Cf. Schûrer, Geschichte des jiidischen Volkes, Leipzig, t. ii, 1898, p. 470-478, 491-493.

3° La célébration. — a) La préparation. — La veille du sabbat est appelée mtpa<r/.ev>ï), parasceve, « préparation ». Marc, xv, 42 ; Luc, xxiii, 54 ; Joa., xix, 31. Ce jour-là, en effet, on préparait tout ce qui était nécessaire pour le lendemain. On prenait les soins de toilette nécessaires, on disposait les vêtements, on faisait cuire les aliments, on mettait la table, on allumait les lampes, etc. Si la veille du sabbat tombait un jour de fête ne permettant pas la préparation des aliments, on avisait à ce soin dès le jeudi ; néanmoins les repas du sabbat pouvaient être cuits le jour de la fête. Le père de famille devait veiller à ce que tous ces préparatifs fussent achevés à temps. Le sabbat commençait avec la nuit du vendredi soir pour se terminer le lendemain à la même heure, puisque les Hébreux comptaient les jours d’un coucher du soleil à l’autre. Les docteurs s’étaient demandé quand commence la nuit, et ils avaient posé la règle suivante : quand paraît une première étoile, on est encore au vendredi ; à la seconde, on est entre le vendredi et le sabbat ; à la troisième, on est au sabbat. Berachoth, ꝟ. 2, 2. Le commencement et la fin du sabbat étaient annoncés par des sonneries de trompettes. Cf. Jer. Sehabbath, rvil, ꝟ. 16 a ; Bab. Sehabbath, 35 b. Ces sonneries se faisaient entendre dans le Temple du haut du portique du sabbat. IV Reg., xvi, 18. Cf. Josèphe, Bell, jud., IV, ix, 12 ; Sukka, v, 5. À la première sonnerie, on cessait les travaux des champs ; à la seconde, on fermait les ateliers et les boutiques ; à la troisième, on retirait du feu tous les vases et on allumait les lampes. Trois autres sonneries se succédaient pour marquer la distinction entre le temps profane et le temps sacré. Les lampes allumées caractérisaient, pour les étrangers, le sabbat juif. C’est

pourquoi saint Luc, xxiii, 54, parlant de la fin du vendredi, dit que tsiêSazm iziftaaytzv, sabbatum illueescebat, « le sabbat brillait ». Les femmes étaient chargées d’allumer les lampes ; elles devaient le faire avec joie et à cet acte s’attachait pour elles la faveur d’une sainte postérité et de longues années pour leur mari. Cf. Zohar, i, 486, édit. Lafuma, Paris, 1906, p. 281 ; . Sénèque, Epist., xcv, 47 ; Perse, Sot., v, 179-184 ; Josèphe, Cont. Apion., ii, 39 ; Tertullien, Ad nat., i, 13, t. i, col. 579. — 6) Le service religieux. — Conformément à la loi, le matin du sabbat, on oflrait au Temple, en holocauste, deux agneaux d’un an, et, en oblation, deux dixièmes de Heur de farine pétrie à l’huile avec une libation. Num., xxviii, 9, 10. Cf. Josèphe, Ant. jud., III, x, 1. Dans les synagogues, il y avait deux réunions, une dans la matinée et l’autre l’après-midi. Celle du matin comprenait la récitation du Schéma (Deut., vi, 4-9 ; xi, 13-21 ; Num., xv, 3741), la prière, la lecture de la Loi, la lecture des prophètes, la traduction et l’explication de ces passages et la bénédiction du prêtre. À la réunion du soir, on ne lisait qu’un passage de la Loi. — c) Caractère joyeux du sabbat. — Les Juifs avaient à cœur de justifier le mot d’Isaïe, lvhi, 13, qui donne au sabbat le nom de « délices ». Us revêtaient leurs plus beaux habits, se livraient à la joie, bannissaient tout sujet de tristesse et faisaient au moins trois repas aussi soignés que possible. Au premier repas, au début du sabbat, le père de famille consacrait le saint jour par une coupé de vin et des prières ; puis on se couchait pour dormir la lampe allumée. Le second repas avait lieu à midi, après le service à la synagogue. Au troisième repas, qui se faisait l’après-midi avant la fin du sabbat, le père de famille marquait, par une coupe de séparation, le passage du temps sacré au temps profane et récitait quelques prières. On pouvait alors vaquer aux travaux ordinaires. Saint Augustin, Enar. in Ps. xci, 2, t. xxxvii, col. 1172, accuse les Juifs de son temps de faire dégénérer la joie du sabbat en paresse et en débauches. Pea, viii, 7 ; Gem. Ketuboth, 64, 2. Cf. Reland, Antiquitates sacrée/ Utrecht, 1741, p. 259-263 ; Iken, Antiquitates hebraiese, Brème, 1741, p. 292-303. 4° Le sabbat hors de Palestine. — Partout où ils résidaient, les Juifs se montraient scrupuleux observateurs du sabbat. Les Romains furent obligés de les exempter du service militaire, incompatible avec le repos sabbatique. Cf. Josèphe, Ant. jud., XIV, x, 1114, 16-19. L’empereur Auguste les dispensa de paraître en justice le jour du sabbat, cf. Josèphe, Ant. jud., XVI, vi, 2, 4, et les autorisa à ne prendre part que le jour suivant aux distributions publiques d’argent ou de blé, quand elles se faisaient un jour de sabbat. Cf. Philon, Légat, ad Caj.. 23, édit. Mangey, t. ii, p. 569. — Suétone, liber., 32, raconte qu’à Rhodes un grammairien du nom de Diogène disputait les jours de sabbat, sans doute pour avoir les Juifs parmi ses auditeurs, et que Tibère ayant voulu l’entendre un autre jour, le rhéteur le renvoya au septième. On a signalé, à l’ouest de la Cilicie, une communauté de aaèêauaxai, qui honorait ledieuSabbatisle. Cf. Journal of H ellenic étudies, t. XII, 1891, p. 233. Comme le verbe angêa-a-Çeiv veut dire « célébrer le sabbat », Exod., XVI, 30 ; Lev., xxiii, 32 ; xxvi, 35 ; II Par., xxxvi, 21 ; II Mach., vi, 6, il est probable que cette association avait pour but la célébration du sabbat et que son dieu Sabbatiste se rattachait au culte judaïque plus ou moins directement. Cf. Schûrer, Geschichte, t. iii, 1898, p. 117. — Tacite, Hist., v, 4, dit que les Juifs aiment à se reposer le septième jour, parce que ce jour a vu la fin de leurs peines. Juvénal, Sat., xiv, 105, 106, les accuse de consacrer le septième jour à la paresse. Aristobule et Philon, De septenario, 6, 7, édit. Mangey, 1. ii, p. 281-284, - expliquent au contraire la signification dû