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SABATHAÏ — SABBAT


balhai, dans II Esd., xi, 16), lévite contemporain d’Esdras et de Néhémie. La Vulgate traduit, I Esd., x, 15 : « Jonathan et Jaasia… furent établis pour cette affaire (pour régler les points de détail dans la question du renvoi des femmes étrangères épousées par les Juifs), et Mesollam et Sébéthaï, lévites, les y aidèrent. » L’hébreu porte au contraire : « Il n’y eut que Jonathan. .. et Jaasias… pour s’opposer à cela (le renvoi des femmes étrangères), et Mosollam et Sabtaï, le Lévite, les appuyèrent. » Sabathaï figure parmi les Lévites qui furent chargés d’expliquer la Loi au peuple, II Esd., vin, 7 ; xi, 16, parmi les chefs des Lévites qui s’éla-Llirent à Jérusalem et furent chargés de la surveillance des affaires extérieures de la maison de Dieu.

    1. SABATIER Pierre##

SABATIER Pierre, érudit français, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, né à Poitiers en 1682, d’une famille originaire du Languedoc, mort à l’abbaye de Saint-Nicaise à Reims, le 24 mars 1742. Il fit ses études à Paris au collège des Quatre-Nations et à l’âge de 18 ans, il entra à l’abbaye bénédictine de Saint-Faron, à Meaux, et y fit profession le 30 juin 1700. Ses supérieurs l’envoyèrent terminer ses études à l’abbaye de Gaint-Gcrmain-des-Prés, à Paris. Dom Ruinart se l’associa pour la publication du tome v des Annales bénédictines. Après la mort de son maître, il conçut le projet de recueillir tout ce qu’il lui serait possible de retrouver des versions de l’Écriture antérieures à saint Jérôme, et il en annonça la publication en 1724. Son plan était de recueillir toutes les citations qui étaient contenues dans les écrits des Pères et des écrivains ecclésiastiques de l’Église lutine antérieurs à saint Grégoire le Grand et aussi celles qu’il pourrait relever dans les anciens missels, les lectionnaires, les actes des martyrs, etc. Ses recherches absorbèrent sa vie entière. La part qu’il eut le tort de prendre aux querelles du jansénisme l’avait fait exiler à Reims. Le second volume était presque achevé lorsqu’il y mourut à l’âge de 60 ans. Le troisième volume fut publié par les soins de dom Vincent do La Rue et do dom Charles Ballard, ses confrères : Biblionmi Sacrorum latines versiones antiques, seu vêtus Ilalica et cœlerse qusecumque in codicibus manuscriptis et antiquorum libris reperiri foluerunt, ques cum Vulgata lalina ac cum textu yrœco comparanlur, 3 in-f°, Reims, 1743. Les deux premiers volumes renferment l’Ancien Testament et le troisième le Nouveau. Réédité en 1751. C’est le premier travail de ce genre qui ait été publié et quoique l’on ait découvert depuis beaucoup d’autres restes des premières traductions latines, l’œuvre de Sabatier reste toujours une œuvre fondamentale. Voir t. iii, col. 101. La biographie de dom Sabatier se trouve dans le t. m des Versiones antiques.

    1. SABBAT##

SABBAT (hébreu : sabbâf ; Septante : aâèêxiov ; Vulgate : sabbalum), jour du repos chez les Juifs. — Le mot Sabbat vient de Sdbaf, « se reposer, cesser ». L’analogue assyrien, Sabdfu, signifierait plutôt « être disposé, en bon état ». Le sabatfu assyrien était un jour de purification et d’expiation, qui a pour but de rétablir les rapports de bienveillance entre la divinité et l’homme. Il se pourrait donc qu’en hébreu le sens de « repos » ne fût pas exclusif et qu’il se mêlât au mot de Sabbat une idée de fête et d’hommage rendu à Dieu, comme dans le passage du Lévilique, xxv, 2, où il est dit que l’année sabbatique est Sabbâf la-yehôvâh, « un sabbat à » ou « en l’honneur de Jéhovah ». Bien qu’il y ait une certaine analogie, pour la forme et pour le fond, entre sabat et le nom numéral ééba’, « sept », le nom du sabbat ne se rattache, ni étymologiquement, ni historiquement, au nombre septennaire, comme l’a cru Laclance, Jnst., vii, 14, t. v, col. 782.

I. Institution du sabbat. — 1° Il faut chercher chez

les Babyloniens les premières traces de la consécration à la divinité d’un jour sur sept. Voir Semaine. Dans un ancien vocabulaire assyrien, les mots uni nul} libbi, « un jour de l’apaisement du cœur », sont interprétés par SapaUu ou sabattu. Le jour de l’apaisement du cœur était celui où les dieux se rendaient favorables, à cause des prières et des offrandes qu’on leur présentait. On croit qu’il correspondait au quinzième jour du mois, c’est-à-dire à la pleine lune. Cf. Th. Pinches, Sapaltu, the Babylonian Sabbath, dans les Proceed. of the Soc. of biblic. Arch., 1904, p. 51-56. D’autres tablettes contiennent les calendriers détaillés du mois intercalaire Elul et de Marcheswan. On y lit : « À la nuit, le roi présente son sacrifice à Mardouk et à Istar le 7, à Bélit et à Nergal le 14, à Ninib et à Gula le 19, à Samasch, à Bélit malati, à Sin et à Bélit-ilê le 21, à Ea et à Bélit-ilê le 28, il répand l’offrande du sacrifice et sa prière est accueillie du dieu. » Cuneiforni Inscriptions of Western Asia, t. iv, pi. 32, 33. Le texte ajoute les prescriptions suivantes pour ces jours-là : « Le pasteur des peuples nombreux ne doit pas manger de viande cuite sur des charbons ni du pain cuit sous la cendre ; il ne doit pas changer de vêtements, ni prendre de tunique éclatante, ni répandre le don des sacrifices. Le roi ne doit pas monter sur son char, ni parler en maître. Le mage ne doit proférer aucun oracle dans sa demeure mystérieuse ; le médecin ne doit pas étendre sa main vers les malades, et il n’est pas possible de porter un anathéme. » Le Sabattu babylonien apparaît donc comme un septième jour consacré exclusivement à certaines divinités : il n’est pas permis de répandre devant d’autres le don des sacrifices. Le rite religieux accompli ce jour-là rend le dieu propice ; mais il entraîne un certain nombre d’abstentions singulières, qui sont regardées comme incompatibles avec le service de la divinité et qui font que le sabattu est un jour néfaste pour différentes catégories d’actions. On remarquera que les 7, 14, 21 et 28 représentent des septièmes jours, et que le 19 n’est que 7 x 7 = 49 depuis le commencement du mois précédent. Voir Semaine. Cf. J. Hehn, Siebenzahl und Sabbat bei den Babyloniern und im A. T., Leipzig, 1907, p. 106-132.

2° Dès le début du séjour-au désert, les Hébreux sont en possession d’une tradition qui consacre le septième jour par la cessation de certaines occupations. Quand la manne commence à apparaître, Moïse leur commande d’en recueillir double portion le sixième jour ; car « demain, dit-il, est un sabbat, un jour de repos consacré à Jéhovah. » Exod., xvi, 23. Moïse ne donne pas d’autres explications ; c’est donc qu’il fait allusion à une coutume déjà en vigueur, que Jéhovah se propose lui-même de respecter en n’envoyant pas la manne ce jour-là et en lui permettant de se conserver 48 heures. L’histoire des patriarches ne fournit aucune indication sur l’observation du sabbat. La coutume n’en vient certainement pas d’Egypte, malgré l’affirmation de Dion Cassius, xxxvii, 18. Les Égyptiens divisaient le mois en trois décades, présidées chacune par un génie. Des fêtes signalaient le début du mois et de la décade. Cinq jours complémentaires terminaient l’année. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, 1895, p. 208. Il n’y a là rien qui ressemble au sabbat hébraïque. Pendant la période d’oppression surtout, les Hébreux ont dû se plier à cette manière de compter le temps ; il ne feur fut pas possible alors de se livrer au repos septennaire. C’est donc probablement de Chaldée qu’ils avaient rapporté la coutume originaire du sabbat. Mais on voit immédiatement que leur sabbat différait beaucoup du sabattu babylonien. Il n’était pas consacré à une divinité spéciale, mais toujours à Jéhovah ; il comportait l’abstention de certaines œuvres, comme travailler et faire travailler les animaux, ramasser la manne ou du bois, porter des fardeaux, allumer du