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ROUTES


Vouadi Arah, franchissait le colacluel A’Vmni el-Fahm, l’Alûna égyptien, et descendait à Mageddo, égypt. : Magidi ; assyr. : Magidu. Mais elle avait le grave inconvénient de se resserrer à tel point qu’elle obligeait les troupes à s’allonger outre mesure. C’est pourtant celle que Thothmès III voulut suivre, malgré l’avis de ses généraux. Cf. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1897, t. ii, p. 256. La troisième et la pVus fréquentée quittait la plaine de Saron plus au sud, et, par Vouadi Abu en-Ndr, se dirigeait vers Dothân, égypt. : Dutina, l’ancienne Dotkaïn, et le Sahel Arrabéh, pour aboutir kDjenîn. C'était la plus commode et, en outre, la plus courte pour gagner Bethsan, égypt. : Bitschanla, et la vallée du Jourdain, c’esl-à-dire pour se rendre d’Egypte à Damas.

De la plaine d’Esdrelon, trois routes s’ouvraient pour gagner les régions du nord et du nord-est. L’une obliquait à l’ouest et regagnait la Méditerranée vers Accho, Aku, Saint-Jean d’Acre, qui était une des clefs de la Syrie. Puis elle suivait la plaine côtière, laissant à droite des villes comme Aksapu, Acksaph, aujourd’hui Kefr Yâsîf ; Maschalu, aujourd’hui Maisléh ; Lubina, aujourd’hui Lebbuna, franchissait l'Échelle des Tyriens, et se dirigeait du côté de Tyr. L’autre s’en allait d’abord vers l’est, par Bethsan, traversait le Jourdain, puis filait sur Damas : c'était un champ de pâture immense, fréquenté en tout sens par les Bédouins, clairsemé de bourgs murés, Hamaiu, probablement el-Hamméh ; Astirotu, l’ancienne Aslaroth, aujourd’hui Tell Aschtaréh ; Ono-Rapha, ancien Raphon, aujourd’hui ErRâféh. La troisième coupait au plus court : elle gravissait les collines galiléennes, passait auprès du lac Mérom, puis vers les sources du Jourdain, à Ban-Lais, la Lauisa égyptienne, et s’engageait dans la plaine de Cœlé-Syrie. C’est cette dernière que Théglathphalasar III suivit en sens inverse lorsqu’il prit les villes de Aïon, AbeUbeth-maacha, Cédés, Hazor, la Galilée et la tribu de Nephthali, dont il transporta les habitants en Assyrie. Cf. IV Reg., xv, 29. La seconde fut suivie, au moins dans sa partie septentrionale, par Chodorlahomor et ses alliés, lorsque, venant combattre les rois de la Pentapole, ils frappèrent d’abord les Rephaïm à AstdrothCarnaïm ; mais ils descendirent ensuite vers le sud, dans une course prodigieuse, avant d’aborder le terrain de la bataille. Cf. Gen., xiv, 5, 7. Du reste, la grande voie de l’est a tlû être de tout temps le chemin appelé aujourd’hui Derb el-Badj, « la route des Pèlerins », le long de laquelle se déroule le chemin de fer. Nous 'ne parlons pas des autres voies que les armées ont dû se frayer dans l’intérieur de la Palestine, pour attaquer Samarie et Jérusalem, ni de celles que les Hébreux suivirent pour faire la conquête du pays, ni enfin de celles qui marquent les différentes petites guerres dont il fut le théâtre ; elles se confondent avec les chemins battus qui la sillonnent en tous sens ; il ne s’agit ici que 'des grandes voies historiques ; pour le reste, voir Judée, 3° Description, t. iii, col. 1815 ; Galilée, 4° Routes, t. iii, col. 92 ; Samarie.

2° Voies commerciales.— Ces voies militaires servaient naturellement aussi de lieu de passage aux caravanes qui faisaient le commerce entre l’Arabie, TÉgypte et l’Assyrie. D’un côté, les ports de mer étaient les débouchés où affluaient les marchandises de l’Orient. Ils étaient, il est vrai, en grande partie, aux mains des Phéniciens, mais, pour les atteindre, il fallait traverser le territoire des Hébreux. C’est ainsi que Tyr, Saint-Jean d’Acre et Khaïfa furent longtemps les entrepôts préférés de Damas. Une première route, parlant de la grande ville, longeait le pied de l’Hermon, passait par Banias, et s’en allait, par les collines septentrionales de Galilée, droit à Tyr. Une seconde traversait le Jourdain au sud du lac Mérom et descendait vers le lac de Tibériade pour gagner ensuite la plaine d’Esdrelon et la

mer au nord du Carmel. C’est la « voie de la mer » dont parle Isaïe, ix, 1. Enfin, une troisième passait le Jourdain au sud du lac de Tibériade et rejoignait le réseau de la plaine d’Esdrelon. Gaza était l’entrepôt des caravanes qui venaient du sud de l’Arabie. Les Israélites, qui longtemps n’eurent guère que le port de Jaffa comme principal débouché du côté de la Méditerranée, en cherchèrent un autre du côté de la mer Rouge, et, sous Salomon, Élathet Asiongaber virent partir la flotte royale pour le pays d’Ophir. Mais cette voie ne resta ouverte que peu d’années ; elle était d’ailleurs très longue, peu commode et peu sûre. Voir Asiongaber, t. i, col. 1097 ; Elath, t. ii, col. 1643. D’autre part, les caravanes qui se rendaient de la Transjordane en Egypte passaient le Jourdain vers Bethsan et, pénétrant dans la plaine d’Esdrelon, suivaient la route de Bothaïn et de Saron dont nous avons parlé tout à l’heure. C’estsur ce chemin que les Madianites rencontrèrent les fils de Jacob qui leur vendirent Joseph. Cf. Gen., xxxvii, 25, 28. Les gués du Jourdain établissaient ainsi une communication entre ses deux rives et, du pays de Moab, on arrivait à Jéricho pour remonter ensuite vers Sichem ou Jérusalem. La grande voie que nous avons signalée à l’est du fleuve est déjà mentionnée, Jud., viii, 11, comme celle des caravanes bédouines. Quant aux routes de l’intérieur, nous allons les trouver transformées par les Romains.

3° Voies romaines. — Une des gloires architecturales des Romains consisté certainement dans ce magnifique réseau de routes pavées par lequel ils relièrent les différentes parties de leur immense empire. Les distances y étaient indiquées par des bornes milliaires, c’est-à-dire placées de mille en mille pas (1481-50). Voir Mille, t. iv, col. 1089. La Palestine fui sillonnée de ces voies, dont on rencontre encore des vestiges. On a même retrouvé un certain nombre de colonnes qui lesjalonnent suffisamment et nous permettent de les suivre sur plusieurs points, à l’ouest et à l’est du Jourdain. Voir carte, fig. 266. Nous donnons un aperçu du sujet, que les découvertes complètent de jour en jour.

A) Cisjordane. — 1. De Jérusalem à Hébron. — L’ancienne voie se confond à peu près avec la route moderne jusqu’aux Étangs ou réservoirs de Salomon. Avant d’arriver à ce point, au delà de la bifurcation qui mène d’un côté à Belhléhem, de l’autre à Beît Djala, on a retrouvé une partie du VIe milliaire. A partir des réservoirs, elle s'écarte du chemin carrossable, qui serpente sur le tlanc des collines, et elle gagne les hauteurs, en passant par Khirbet ' Alia et au point culminant de la contrée, kRàs esch-Scherif. Là, un groupe de colonnes doit marquer le Xe mille, puis on rencontre successivement le XIe et le XIIe milliaires, tous deux anépigraphes. Au delà de Khirbet Kùfin, la voie romaine revient à la route moderne, - et, un peu avant 'Ain Diruéh, se trouve le XVIIIe milliaire, dont l’inscription peut être rétablie en entier. Le XIXe et le XXIe sont signalés par la carte anglaise. Quelques autres fragments ont été découverts, mais n’apportent aucune indication de distance. Cf. Germer-Durand, Inscriptions romaines de Palestine, dans la Revue biblique, 1895, p. 69-71, 239 ; 1899, p. 419.

2. De Jérusalem à Eleuthéropolis (Beit-Djibrîn). — Cette voie descendait dans la direction du sud-ouest. Un fragment de milliaire qui se trouve à la hauteur de Malhah a dû appartenir au IIIe. Le IV » est au-dessus de 'Ain Yalo et le Ve dix-sept minutes plus loin. Le VIIIe a été trouvé à Bittir ; la colonne est presque entière, et l’inscription, quoique usée, est encore lisible, sauf la. première ligne ; il remonte au règne d’Hadrien. Au delà d’El-Kabu, il y en a deux, anépigraphes, qui doivent marquer le XIe et le XIIIe milles. À ce point, la carte anglaise fait bifurquer la voie, d’un côté vers elKhadr et la voie romaine de Jérusalem à Hébron, de