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ROUGE (MER) — ROUILLE DES BLÉS


les fugitifs… Voilà une douzaine de conditions presque toutes essentielles pour que l’événement se produisit tel qu’il est raconté. Personne, pas même Moïse, ne les connaissait à l’avance, et, les eût-il connues, il n’eût pas été en son pouvoir de les assurer. La réalisation de ces conditions dans l’ordre et dans le temps voulu ne pouvait non plus arriver par hasard. Il a fallu de toute nécessité que Dieu réglât toutes choses, tant celles qui dépendaient en apparence de la volonté des hommes que celles qui tenaient aux forces de la nature. .. Pour nier cette intervention surnaturelle, il faut effacer la récit de l’Exode et renoncer à expliquer la suite de l’histoire d’Israël. » H. Lesêtve, Le passage de la mer Rouge, dans la Revue pratique d’apologétique, Paris, 1 er février 1907, p. 534. — Voir, outre les auteurs cités dans cet article, Vivien de Saint-Martin, Dictionnaire de géographie universelle, t. v, p. 245.

A. Legendre.

1. ROUILLE (hébreu : fyél’âh ; Septante : Uç, 3pô>ai ;  ; Vulgate : œrugo, rubigo), produit de l’altération d’un mêlai par l’oxygène de l’air. Ce produit est un oxyde du métal qui commence par se ternir, puis est attaqué de plus en plus profondément. La rouille du fer est rouge, mais les Livres Saints n’en parlent pas. Celle du cuivre est verte, c’est le vert-de-gris. Par extension, l’oxydation des autres métaux prend aussi le nom de rouille. — Ézéchiel, xxiv, 6, 11, 12, compare Jérusalem, ville de sang, à une chaudière de cuivre couverte de vert-de-gris. En vain la met-on sur des charbons ardents pour faire disparaître cette souillure ; le vert-de-gris persiste malgré tout. C’est l’image de l’endurcissement de Jérusalem dans le mal, malgré les châtiments qui la frappent. On sait que les oxydesse réduisent par le feu ; la chaudière aurait donc dû perdre sa rouille par la chaleur. — Les idoles d’or et d’argent ne peuvent se défendre de la rouille ; si l’on n’enlève pas cette rouille, elles ne brillent pas. Bar., vi, 11, 23. — Notre-Seigneur dit qu’il faut amasser des trésors non sur la terre, où ils Sont la proie de la rouille et des vers, mais dans le ciel, où ils n’ont pas à craindre ces inconvénients. Matth., vi, 19, 20. — Saint Jacques, v, 3, dit aux riches que leur or et leur argent se sont rouilles et que leur rouille rendra témoignage contre eux. — La Vulgate parle de la rouille de l’argent dans un texte, Prov., xxv, 4, où il est question d’argent de mauvais aloi, d’après les Septante, et de scories d’argent, dans l’hébreu. — Il est aussi question dans l’Écriture de ce qu’on appelle la rouille des blés. Voir l’article suivant ; Blé, t. i, col. 18’17 ; Gharboîj des blés, t. ii, col. 580.

2. ROUILLE DES BLÉS (hébreu : t/èrdçôn, Deut., xxviii, 22 ; III Reg., viii, 37 ; Il Par., yi, 28 ; Amos, iv, 9 ; Agg., ii, 17 ; Septante : w-/pa, Deut., xxviii, 22 ; Èpuat’6r„ lit Reg., viii, 37 ; îx-rcpoç, II Par., vi, 28 ; Amos, iv, 9 ; àve[jioç60p ! ’a, Agg., ii, 18 ; Vulgate : rubigo, Deut., xxviii, 22 ; œrugo et rubigo, III Reg., viii, 37 ; aurugo, II Par., vi, 28 ; Amos iv, 9 ; Agg., ii, 18), champignon qui attaque les céréales et quelques autres espèces de plantes.

I. Description. — C’est le nom d’une maladie recouvrant les céréales d’une sorte de poussière brune ou rougeâtre qui simule la rouille du fer, et due au parasitisme d’un champignon de la famille des Urédinées. L’appareil végétatif se compose de filaments très tenus, cloisonnés et rameux qui s’insinuent dans les espaces intercellulaires de la plante infectée, puis percent Pépiderme à certaines places déterminées où les spores viennent se former â l’air libre sous forme de coussinets pulvérulents.

Aucun végétal ne possède un plus remarquable polymorphisme, au point que dans le cours de son évolution il revêt jusqu’à 4 ou 5 formes si différentes d’as pect et de coloris que longtemps on les a attribuées â autant de genres distincts. Ces variations se compliquent de phénomènes d’hétérœcie, consistant en ce

7° ?

263. — Puccinia graminls (agrandi 100 fois).

que le parasite ne peut poursuivre le cycle complet de son développement qu’en attaquant l’une après l’autre deux plantes nourrices appartenant à des espèces différentes et nettement déterminées. Ainsi, la Rouille la plus commune, appelée Rouille noire et due au parasitisme du Puccinia graminis (fig. 263), vit au printemps sur les jeunes feuilles d’un arbrisseau, le Berberis (vulgairement ÉpineVinette). Or les spores ainsi

264. — Puccinia straminis (agrandi 100 [ois).

produites ne peuvent germer en été que sur les chaumes de certaines graminées. Enfin, à leur tour, les spores de cette dernière sorte appelées téleutospores et cons ? tituant la vraie Rouille ne peuvent entrer en germination qu’après le repos hibernal. La formation indé-r pendante à laquelle elles donnent naissance est éphér mère et composée seulement de quelques cellules en filament, ou promycelium, d’où s’échappent des sporidies si légères que le moindre souffle dn vent suffit à les porter sur l’épiderme des feuilles naissantes de l’ÉpineVinette, seul milieu favorable à leur développement. Et c’est ainsi que reprend de nouveau un. cycle complet de révolution du parasite.