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    1. ROUGE##

ROUGE (MER)

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4° Les Égyptiens donnaient différents noms à la mer Rouge : « la mer du pays de Punt », cf. H. Brugsch, Geographische Inschriften altâgyplischer Denkmâler, Leipzig, 1858, t. ii, p. 16 ; « la grande mer de l’eau de Qat » ou « de l’eau du circuit », cf. P. Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, Paris, 1875, p. 487 ; « la Verte », cf. W. Max Mùller, Asien und Europa, p. 42., etc. Les Arabes n’ont point d’appellation générale pour la désigner, mais ils emploient des noms locaux : Bahr es-Sueiz, Bafir el-Akabah, Bahr el-Redjaz, etc. ; au sud, le nom habituel est Bahr Yémen.

II. Description. — La mer Rouge forme entre les deux continents d’Asie et d’Afrique un sillon d’une régularité remarquable ; creusé du sud-sud-est au. nordnord-ouest, il mesure 2325 ou 2 350 kilomètres depuis

262. — Carte de la sortie des Hébreux d’Egypte.

le détroit de Bab-el-Mandeb jusqu’au port de Suez, son extrémité septentrionale. À la pointe du triangle sinaïtique, elle se bifurque en deux bras secondaires, symétriques : l’un qui s’en va au nord-ouest, sur 302 kilomètres, est le golfe de Suez ; l’autre, moins long de presque moitié, est dirigé au nord-nord-est, sur 162 kilomètres, et s’appelle le golfe d’Akabah. Large seulement de 24 kilomètres à l’entrée, près du cap Bab-el-Mandeb, elle arrive progressivement à 345, 377 et 394 kilomètres, sa plus grande largeur, /entre Kounfouda d’Asie et Souakim d’Afrique. Elle se resserre ensuite jusqu’à 195 kilomètres, se rélargit de nouveau jusqu’à 326 kilomètres sous le tropique, puis se resserre encore et diminue petit à petit jusqu’à 179 kilomètres sur le parallèle du Ras Mohammed de la péninsule du Sinaï. De là, le golfe de Suez, large à cette entrée de 71 kilomètres, perd bientôt de sa largeur et varie entre 40 et20, puisl2 kilomètres à sonextrémité. Le golfe d’Akabah varie entre 28 et 12 kilomètres. Le bassin de la mer Rouge est une sorte de cuvette profonde et allongée.


L’axe des profondeurs court au milieu de la mer suivant les sinuosités du littoral ; l’endroit le plus profond, mesuré jusqu’à présent, se trouve à une distance presque égale du Râs Mohammed et de la passe de Bâb-el-Mandeb ; la sonde y indique 2 271 mètres. La profondeur moyenne est de 461 m 85. Mais on signale une grande différence bathymétrique entre les deux golfes de l’extrémité septentrionale. Le golfe de Suez n’a qu’une profondeur maxima de 50 mètres, tandis que le golfe d’Akabah s’unit avec la mer Rouge à une profondeur de 200 mètres et offre à son intérieur une profondeur de plus de 300 mètres ; le premier n’est donc qu’un simple fossé d’érosion latérale, tandis que le second est le véritable prolongement de la mer. Pendant lès mois d’été, quand l’atmosphère est calme, et plus encore quand souffle le vent du désert, la mer Rouge est une véritable fournaise ; l’eau y est à la température de 30 à 32°.

Les marées sont peu marquées dans ce fond resserré de l’Océan ; selon la position des ports, la montée varie de ln 75à l m 25. À Suez, les grandes marées de printemps son t de 2 mètres, et les m arées ordinaires de 1 m 50, chiffres qui peuvent être modifiés par l’action du vent. Dans le golfe d’Akabah, la marée est beaucoup plus basse que dans celui de Suez. Le golfe Arabique, ayant à peine quelques affluents qui durent toute l’année, ne reçoit qu’une très faible quantité d’eau ; on peut donc le considérer comme un immense bassin d’évaporation. Les pluies élant également très rares, le niveau de la mer baisserait sensiblement, le bassin finirait même, au bout de quelques siècles, par se vider, si l’océan Indien n’envoyait un courant pour remplacer les eaux perdues. Depuis que le canal de Port-Saïd a mis la mer Rouge en communication avec la Méditerranée, des échanges se font aussi entre le golfe de Suez et le bassin des lacs Amers. « Peu de mers offrent un spectacle comparable à celui que l’on contemple sur les fonds de la mer Rouge, à travers l’eau transparente et cristalline, à 20, 25 et même 28 mètres au-dessous de la surface. Les « prairies » sous-marines des zoophytes apparaissent avec leurs milliard* de rameaux, de lanières, de b.ourgeons et de fleurs, les unes irrégulières, les autres" de formes géométriques, et toutes rayonnant du plus merveilleux éclat, comme diamants, rubis et saphirs : c’est un inonde infini de formes et de couleurs. Au milieu des plantes animales se balancent les algues, et des centaines d’autres espèces végétales. Aucun brisant des lames n’indique la présence des récifs, à cause des mille cavernes de la masse coralline et des forêts d’herbes dans lesquelles se propage la vague en s’amortissant peu à peu et en perdant sa violence. » E. Reclus, L Asie antérieure, Paris, 1884, p. 868. Voir aussi Vivien de Saint-Martin, Nouveau Dictionnaire de géographie universelle, Paris, 1879-1895, t. v, p. 241-245.

III. Histoire. Passage dks Hébreux. — L’histoire de la mer Rouge, dans la Bible, consiste surtout dans le passage miraculeux des Israélites à travers ses flots.

II est raconté dans l’Exode, xiv, chanté par Moïse, Exod., xv, 1, 4, 8, 10, 19, 22 ; rappelé Deut., xi, 4 ; Jos., ii, 10 ; iv, 23 ; Jos., xxiv, 6, 7 ; Jud., xi, 16 ; II Esd., ix, 9 ; Ps. cv (cvi), 7, 9, 22 ; cxxxv (cxxxvi), 13, 15 ; Judith, v, 14 ; Sap., x, 18 ; xix, 7 ; IMach., iv, 9 ; Act., vii, 36 ; Heb., xi, 29. En dehors de là, cette mer est assignée comme frontière méridionale à la Terre Promise, Exod., xxiii, 31. Les Nombres, xiv, 25 ; xxxiii, 10, nous apprennent que les Hébreux, dans la péninsule du Sinaï, campèrent sur ses bords. Élath était située sur son rivage.

III Reg., ix, 26 ; II Par., viii, 17 ; Jer., xux, 21. Mais à quel endroit les Hébreux la passèrent-ils ? C’est un problème qui n’est pas encore résolu d’une façon certaine.

1° Récit biblique. — Pour le mieux comprendre,

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