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ROSÉE — ROSENMÛLLER


Moïse prédit à la tribu de Joseph « le précieux don du ciel, la rosée. » Deut., xxxiii, 13. Après le retour des Juifs exilés en Palestine, « a terre donnera ses produits, les cieux donneront leur rosée, » Zach, rai, 12 ; les deux bienfaits sont solidaires. La rosée rafraîchit les ardeurs du vent d’Orient, qui est sec et brûlant, Eccli., xviii, 16 ; après la chaleur, elle ramène la fraîcheur et la joie. Eccli., xliii, 24. Un vent de rosée rafraîchissait les jeunes Hébreux au milieu de la fournaise. Dan., iii, 50. Aussi l’invitent-ils à bénir Dieu, en l’associant tantôt à la pluie et tantôt au givre. Dan., iii, 64, 68. — La privation de rosée devenait une calamité et une malédiction. David souhaite que les monts de Gelboé, qui ont vu périr Saül et Jonathas, ne reçoivent désormais ni rosée ni pluie. II Reg., i, 21. Au roi Achab, Élie annonce qu’il n’y aura ni rosée ni plaie durant plusieurs années. III Reg., xvii, 1. La famine en résulta. Aggée, I, 10, dit aux Juifs que les cieux retiennent leur rosée parce qu’on ne s’occupe pas de rebâtir la maison du Seigneur. — Celui qui passe la nuit dehors-est ensuite tout couvert de rosée. Cant., v, 2. Ce fut ce qui arriva à Nabuchodonosor pendant sa folie. Dan., iv, 12, 20, 22, 30. — Avant d’accepter la mission que Dieu veut lui confier, Gédéon demande un double signe auquel devait servir le phénomène de la rosée. Il prend une toison de laine, gizzat has-sêmér, « une tonte de laine », par conséquent la laine de la toison sans la peau, comme traduisent avecraison les Septante : noxov toû êptou, et il la met sur l’aire exposée à tous les vents. Il désire, une première fois, que la toison soit imprégnée de rosée et que la terre reste sèche, une seconde fois que la rosée humecte la terre mais ne tombe pas sur la toison. Dieu condescendit au double désir de Gédéon. La terre qui devait rester sèche ou humide n’était pas seulement celle qui recouvrait la toison, niriis kol-ha’drés, « toute la terre » de l’aire. Jud-, vi, 36-40.

2° Comparaisons. — La rosée est l’image de la prospérité, à cause de la fécondité qu’elle assure à la terre. Job, xxix, 19, pour marquer le bonheur qu’il imaginait, dit que la rosée passait la nuit dans son feuillage. Osée, xiv, 6, assure que Dieu sera la rosée pour Israël. Isaïe, xlv, 8, appelle le libérateur en ces termes :

Cieux, répandez d’en haut votre rosée

Et que les nuées fassent pleuvoir la justice.

Jacob, dispersé parmi les nations, sera comme la rosée venant de Jéhovah, Mich., v, 7, c’est-à-dire comme une source de grâces pour elles. La faveur du roi est comme la rosée sur l’herbe, Prov., xix, 12, elle entretient la vie. Moïse dit, au début de son cantique : « Que ma parole tombe comme la rosée » douce et fécondante. Deut., xxxii, 2. Pour laisser grandir les ennemis de son peuple, Dieu se tient en repos.

Comme une chaleur sereine par un brillant soleil, Gomme un nuage de rosée dans la chaleur de la moisson.

Puis, quand la moisson est sur le point de mûrir, il coupe soudain tout ce qui a poussé, c’est-à-dire qu’il détruit les ennemis au moment où ils se croient sûrs du triomphe. Is., xviii, 4. — La roséje figure aussi le réveil et la vie ; la rosée du Seigneur est une « rosée de l’aurore », elle fait revivre les trépassés, elle ressuscite le peuple des justes. Is., xxvi, 19. Jéhovah dit au Messie :

Du sein de l’aurore, à toi

La rosée de ta jeunesse,

c’est-à-dire, dans le sens concret, tes enfants, tes sujets gardant une éternelle jeunesse, viennent à toi aussi nombreux que les gouttes de rosée qui découlent du sein de l’aurore. Ps. ex (cix), 3. C’est l’annonce de l’empressement avec lequel une multitude d’âmes

accourront pour se mettre à la suite du Messie. Aquila, Symmaque et saint Jérôme traduisent conformément à ce sens. Les Septante et la Vulgaie ont lu un texte différent : « De mon sein avant l’aurore, je t’ai engendré. » Ces versions n’ont pas rendu les mots lekâtal, « à toi la rosée », également ignorés de Théodotion, et au lieu de ~}T-h>, yalduléka, « ta jeunesse », elles ont lu i » m’: >, yelidfika, « je t’ai engendré », comme Ps. ii, 7. — La rosée couvre la terre doucement et sans qu’on s’en aperçoive. Chusaï conseille à Absalom de s’enteurer d’une multitude et, avec elle, de tomber sur David et ses partisans « comme la rosée tombe sur la terre, » de manière à les atteindre tous sans qu’aucun n’échappe. II Reg., xvii, 12. — La rosée s’évapore rapidement aux premiers ravons du soleil. La piété des Israélites ressemble à la rosée, elle ne dure guère, Ose., vi, 4 ; Éphraïm passera lui-même comme se dissipe la rosée du matin. Ose., xiii, 3. La petite gouttelette de rosée n’est rien ; le monde est devant Dieu « comme la goutte de rosée matinale qui tombe sur la terre. » Sap., xi,

23.

H. Lesêtre.

1. ROSENMULLER Ernst Friedrich Karl, fils de JeanGeorges Rosenmûller, orientaliste’et théologien protestant allemand, né le 10 décembre 1768 à Hessberg, près d’Hildburghausen, où son père était alors pasteur, mort à Leipzig, le 17 septembre 1835. Il fit ses études d’abord dans sa famille, pais au collège de Giessen, et enfin, à partir de 1785, à Leipzig, où il fut repu docteur en philosophie en 1788. À cette même université, il fut nommé professeur extraordinaire d’arabe en 1796, professeur ordinaire de langues orientales en 1813, et prit le grade de docteur en théologie en 1817. Aussi actif que savant, il a publié, soit seul, soit en collaboration avec d’autres, une grande quantité d’ouvrages se rapportant aux études bibliques, écrits originaux, éditions annotées, traductions, revues ; parmi ces ouvrages nous devons citer : Scholia in Vêtus Testamentum, grand ouvrage qui parut par parties à Leipzig, depuis 1788 jusqu’à 1832 (la Genèse et V Exode en 1788 ; 3e édit. en 1821 ; le LévUique, les Nombres et le Deutéronome en 1790 ; 3e édit. en 1824 ; lsaïe en 179193 ; 3= édit. en 1829-33 ; les Psaumes en 1798-1804 ; 2e édit. 1821-1822 ; Job en 1806 ; 2e édit. en 1824 ; ainsi qu’Ezéchiel ; 2e édit. en 1826 ; les Petits prophètes en 1815 ; 2e édit. en 1827-28 ; Jérémie en 1826-27 ; les Livres de Salomon en 1829-30, Daniel en 1832 ; Josué en 1833 ; les Juges, Rulh en 1835). À la mort de l’auteur, l’ouvrage était donc encore incomplet. Un abrégé eii avait été publié sous le titre de Scholia in Vêtus Testamentum in compendium redacla, 5 in-8°, 1828-1832. On a aussi de lui : Handbuch fur die Literatur der biblischen Krilik und Exégèse, 4 in-8°, Gœttingue, 1797-1800 ; Das aile und neue Morgenland oder Erlâuterungen der heiligen Schrift aus der nalûrlichen Beschaflenheil, den Sagen, Sitten und Gebr &uchen des Morgenlandes, 6 in-8°, Leipzig, 18181820 ; Biblisch-exeget. Reperlorium, 2 in-8°, Leipzig, 1822-1824 ; Handbuch der biblischen Allerthumskunde, 3 in-8°, Leipzig, 1823-1831 ; Commentatio de Pentateuchi versione persica, in-4°, Leipzig, 1813.

A. Régnier.

2. ROSENMULLER Johann Georg, théologien protestant allemand, né le 18 décembre 1736 à Ummerstadt, dans la principauté de Hildburghausen, mort le 14 mars 1815. Il fit ses études à la Lorenzschule de Nuremberg, puis à Altdorf où il resta jusqu’en 1760. En 1768, il fut nommé ministre à Hessberg, puis, en 1772, à Kœnigsberg en Franconie ; en 1773, professeur de théologie et pasteur à Erlangen. De 1783 à 1785, il fut successivement professeur et surintendant à Giessen, puis professeur à l’université de Leipzig et pasteur à l’église Saint-Thomas de la même ville. Il avait