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ROSEAU — ROSEAU AROMATIQUE


pandue sur les bords du Tigre et de l’Euphrate, en Egypte et en Palestine. Les monuments assyriens réprésentent souvent le roseau dans des cours d’eaux. E. Bonavia, The Flora of the Assyrian Monuments, in-8°, Londres, 1894, p. 30-31 (fig. 257). Le roseau était plus abondant sur les bords du Nil et est souvent représenté dans les peintures des tombeaux. C’est la panicule du roseau (fig. 258) qui sert de signe hiéroglyphique pour la lettre a, I, On, utilisait la tige pour fabriquer des flûtes, des flèches, etc., les feuilles pour tresser des nattes, etc. On lui donnait le nom de !  : I,

nabi. Voir Loret, La Flore pharaonique, in-8°, Paris, 1892, p. 19. En Palestine on trouve YArundo Donax et le Phragmites communia, un peu partout et particulièrement au lac Houléh, sur les bords de la mer de Tibériade, sur les rives du Jourdain, dans la vallée de Cana ou des roseaux. Jos., xvt, 8 ; xvii, 9. Voir t. ii, col. 105. Si le feu s’y met en temps de sécheresse, la

257. — Roseaux sur les bords d’un marais. D’après Layard, Monuments of Nineveh, 2’série, pi. 27.

flamme court avec rapidité et jette un éclat splendide, auquel l’auteur de la Sagesse, iii, 7, compare la récompense des jusles. Le roseau qui plie à tous les vents est le symbole de la faiblesse de caractère qui cède à toutes les impulsions. Ce n’est pas ainsi qu’était Jean-Baptiste. Matth., ii, 7 ; Luc. vii, 24. La tige droite du roseau, coupée à la mesure voulue, sert de bâton, de canne, appui souvent fragile. « L’Egypte a été un appui de roseau pour la maison d’Israël », dit le prophète, Ezech., xxix, 6. « En qui as-tu placé ta confiance pour te révolter contre moi », dit àÉzéchias l’officier envoyé par le roi d’Assyrie ? C’est dans l’Égypïfr que tu l’as mise, prenant pour soutien ce roseau cassé qui pénètre et perce la main de quiconque s’appuie dessus. » IV Reg., xviii, 21 ; Is., xxxvi, 6. — Voulant peindre la douceur du serviteur de Jéhovah, le Messie, Isaïe, xlii, 3, se sert de cette image proverbiale : « Il ne brisera pas le roseau fendu ». S. Matthieu, xii, 20, applique à Jésus-Christ ce passage du prophète.

Le roseau, formant une tige droite, et atteignant trois mètres et plus de hauteur, a servi de mesure de longueur : qenêh ham-mîddâh, « canne à mesurer, » c’est le mon donné par Ézéchiel, xl, 5. Elle sert à éva luer les mesures du temple, XL, 3 ; xlii, 8 ; xlii, 16-19 : elle avait six coudées et six palmes, 3 m 675. Voir t. iv, col. 1042. Dans sa vision de la fondation du nouveau temple, Ézéchiel, xl, 3, nous montre d’abord « un homme ayant à la main un cordeau de lin et une canne à mesurer. » Faut-il voir quelque rapprochement avec ce qui est dit souvent dans les cérémonies de fondation de temples en Egypte ? « La canne de roseau est dans sa main, (du pharaon), il fait la cérémonie de la fondation. » Recueil de travaux relatifs à la philologie et archéologie égyptienne et assyrienne, t. i, Paris, 1870, p. 176. Il est vrai que dans la cérémonie de fondation des temples égyptiens, la canne de roseau sert à retenir le cordeau destiné à marquer les limites des fondations à faire. N’en serait-il pas de même pour le prophète ?

Le roseau taillé servait à écrire : c’est le calame. IH’Joa., 13. Le « roseau, qanêh, pour faire le calame à écrire, » dit la Mischna, Schabbat, viii, 5. Voir Calame, t. ii, col. 50. Par analogie on appela qdnèh, la tige du blé ou chaume, Gen., xli, 5, 22 ; les sept branches de chandelier d’or, Exod., xxv, 33 ;

258. — Panicule du roseau.

D’après F. Woenig, Die Pflanzen int alten Aegypîen,

1886, p. 131.

xxxviii, 19, etc. — Voir Pline, H. N., xvi, 66 ; O. Celsius, Hierobolanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 312-325 ; Gr. Wœnig, Die Pflanzen im alten Aegijpten, in-12, Leipzig, 1886, p. 131.

E. Levesque.

    1. ROSEAU AROMATIQUE##

ROSEAU AROMATIQUE (hébreu : qenêh bôsèm, « roseau odorant », Exod., xxx, 23 ; Septante : xaXâjiou e-jûêo’jc ; Vulgate : calamus. Il est encore appelé en hébreu : qâneh hattob, « le bon roseau », Jer., vi, 20 ; Septante : xtvi|i£U(AOv ; Vulgate : calamum suave olentem ; et plus fréquemment qânéh, « roseau », Cant., v, 14 ; Is., xlhi, 24 ; Ezech., xxvii, 19 ; Septante : r.i}.au, oç Cant., v, 14 ; 8-j(71’a*|jia, Is., xlhi, 24, et tpoxi=U, Ezech., xxvii, 19 ; Vulgate : fistula, Cant., iv, 14 ; calamus, Is., xlhi, 24 ; Ezech., xxvii, 19), plante aromatique.

1. Description. — Sous ce nom les anciens désignaient une aroïdée qui habite le bord des eaux dans toute la région froide ou tempérée de l’Ancien Monde. L’Acorus calamus (fig. 259) de Linné est une herbe ayant le port des iris, avec des feuilles ensiformes et engainantes à la base, qui occupent sur 2 rangs toute la face dorsale d’un rhizome rampant à fleur du sol. La gaine est longuement dépassée par un limbe linéaire, à côte