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ROME


des Apôtres et l’accomplissement des prophéties de saint Jean dans l’Apocalypse, il suffit de faire quelques pas et de monter au Palatin qui l’avoisine. De là, au nord, de la terrasse des Orti Famesiani, on a le Forum à ses pieds et l’on peut embrasser d’un coup d’œil en raccourci l’histoire de l’ancienne Rome. Aucun autre coin de terre n’a été témoin de tant et de si grands événements. La colline qui a été le berceau de la Rome des Césars en est aujourd’hui le tombeau. Les empereurs ont commandé de là en maîtres à toute la terre. Aujourd’hui une épaisse couche de terre, accumulée par les

crée est déserte ; on n’aperçoit que quelques curieux, d-es touristes et des archéologues qui cherchent à reconstituer le passé, dans ce cimetière de la grandeur païenne, au milieu de cet entassement de pierres, de briques, de marbres brisés. À droite se dresse encore la grande masse du Colisée, mais en lambeaux, et, tout auprès, une maison des Petites sœurs des pauvres, s’élève là où fut l’emplacement de la maison dorée de Néron, qui s’est effondrée avec la Rome persécutrice des saints. La prophétie de l’Apocalypse est accomplie. Cependant sur les débris de la Rome païenne a grandi

251. — Rome dominée par la croix, vue du Palatin. D’après une photographie de M. l’abhé H. Saint-Martin. . Église Saint-Adrien. — 2. Église Sainte-Marie de Lorette. — 3. Colonne Trajanne surmontée de la statue de saint Pierre. — 4. Église du Saint-Nom de Marie. — 5. Temple de Faustine, devenu église Saint-Laurent in Miranda. — 6. Tour des Milices, dite tour de Néron. À côté, à droite, Église Sainte-Catherine de Sienne. — t. 8. 9. Eglise Saints Cosme-et-Damien du vi* siècle. — Plusieurs autres églises qu’on voit avec leur croix de la terrasse du Palatin, à droite et à gauche, n’ont pu être reproduites sur cette vue photographique, à cause de ses dimensions restreintes.

siècles, recouvre leurs maisons fastueuses : l’herbe et les arbres y poussent en abondance et le promeneur y foule littéralement aux. pieds les palais de Tibère et de Caligula. Elle est tombée, la Rome impériale : cecidit, cecidit Baby Ion magna. Apoc, xiv, 8 ; xviii, 2. Et le Forum, qui est là sous nos yeux, il est mort également. Il était comme le cœur de la Rome républicaine et de la Rome impériale, et il a cessé de battre. Autrefois, on y affluait de toutes les parties de la terre et de là partaient dans toutes les directions les ordres qui réglaient les destinées du monde. Maintenant, là aussi, ce ne sont que des ruines et des souvenirs. Les temples où l’on honorait les dieux de la cité sont renversés ; plus de consuls, plus de tribuns, plus de licteurs, plus A’imperatoreh et de centurions ; le peuple n’y tient plus ses comices ; le sénat ne reçoit plus dans la Curie voisine (église Saint-Adrien ) les ambassadeurs qu’y envoyaient les Machabées et tous les pays de la terre ; la tribune aux harangues est muette ; les vestales ont cessé d’entretenir le feu sacré dans l’atrium de Vesla ; le Capitale est toujours là, à gauche, mais il n’y monte aucun triomphateur ; la voie Sa la Rome chrétienne. Si du Palatin on lève les yeux au-dessus du Forum et qu’on contemple la ville moderne qui s’étend au loin, quel changement profond, quel spectacle saisissant ! Regardez aux quatre vents du ciel : partout vous voyez un instrument de supplice, autrefois réservé aux esclaves et ignominieux entre tous, la croix, qui se dresse triomphante sur d’innombrables églises (fig. 251), qui domine, de haut, tous les quartiers de la cité, la croix, surtaquelle est mort le fils de Dieu à Jérusalem, la croix sur laquelle saint Pierre est mort dans le cirque de Néron ! Ceci, cette croixrédemptrice, a tué cela, le paganisme avec ses hontes, le pouvoir oppresseur des tyrans. Un jour, là, au bas du Capitole, saint Pierre est sorti, dit la tradition, de la prison Mamertine, condamné par le César persécuteur, pour marcher au supplice de la croix. Il est allé prendre ainsi possession du Vatican. Si de la partie septentrionale de la terrasse du Palatin, nous allons à quelques pas vers le couchant, nous apercevons dans le lointain la coupole calme et majestueuse de la basilique de Saint-Pierre, portant dans les airs la croix triomphante. À son ombre habite un