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ROME


xviii, 17, parlent de l'édit de l’empereur Claude, qui les chassa de Home, l’an 9 de son règne (49 ou 50). Orose, vii, 6, t. xxxi, col. 1075. Judseos, impulsore Chresto, assidue tunwltuantes Roma expulit, dit Suétone, Claud., 25, mais ils ne tardèrent pas à y rentrer, tant était considérable l’influence qu’ils y avaient déjà acquise. Sénèque (dans S. Augustin, De civ. Dei, vi, 11, t. xli, col. 192), en parle avec amertume : Cum intérim usgue eo sceleratissimx gentis consuetudo convaluit, ut per omnes jam terras recepta sit : victi victoribus leges dedervnt. — La Providence avait ainsi envoyé à Rome les descendants d’Abraham pour préparer les voies à l'établissement du christianisme dans la capitale de l’empire. Sans le vouloir et malgré eux, ils allaient faciliter à Pierre et à Paul leur

241. — Restes de la Porta Capena. D’après une photographie de M. l’abbé Saint-Martin.

mission évangélique : les Apôlres n’avaient plus qu'à venir.

II. SAWT PIERRE ET SAINT PAUL À ROME. — 1° Les troubles dont parle Suétone et qui furent l’occasion de l'édit de Claude, doivent s’entendre sans doute des dissensions que provoqua parmi les Juifs la prédication de l'Évangile. Les chrétiens ne furent pas tout d’abord distingués des Juifs proprement dits, parce qu’ils étaient eux-mêmes la plupart d’origine juive. Nous ignorons par qui et quand la bonne nouvelle fut apportée pour la première fois dans la capitale du monde. Ce fut probablement peu après la Pentecôte par quelqu’un des Juifs de Rome qui se trouvaient alors présents à Jérusalem. Act., ii, 10. Parmi les trois mille convertis qui crurent alors à la parole de Pierre, ꝟ. 41, il devait se rencontrer vraisemblablement quelque advena Romanus. Quand le prince des Apôtres arriva un peu plus tard dans la capitale de l’empire, voir Pierre, col. 373, le nom du Christ Jésus y était donc sans doute déjà honoré par un groupe de tidèies. Ce qui est certain, c’est que, avant l’arrivée de saint Paul à Rome, cette ville comptait des chrétiens dans ses murs, parmi lesquels Andronique et Junie s'étaient convertis avant l’Apôtre lui-même. Rom., xvi, 7, L’ipitre aux Romains,

xvi, énumère dans les salutations vingt-quatre chrétiens de marque qui habitaient la cité des Césars, et tout son contenu suppose qu’ils étaient assez nombreux. Rom., i, 8. Plusieurs des Juifs qui avaient été chassés de Rome par l'édit de Claude étaient devenus disciples de saint Paul, et étant retournés dans cette ville, ils avaient grossi le nombre des fidèles et des prédicateurs. Act., xviii, 2, 3, 18 ; Rom., xvi, 3, 7, 9, 12. Voir Romains (Épitreaux), col. 1165.

2° Depuis plusieurs années, l’Apôtre des gentils caressait le désir d’aller prêcher dans la capitale de la gentilité. II regardait ce voyage comme un devoir : Atï (is xaî 'P[i[rr, v ÏSsïv. Oportet me et Romani videre. Act., xix, 21. Les circonstances seules l’avaient forcé de retarder l’accomplissement de son projet. Rom., i, 13. Nous ignorons comment se fit le premier voyage de saint Pierre à Rome, mais nous savons comment s’y rendit saint Paul. À Césarée de Palestine, accusé par les Juifs devant le procurateur Festus, il fit appel à César et en conséquence, il fut conduit comme prisonnier au siège de l’empire. Act., xxv, li-12, 25. Saint Paul débarqua à Pouzzoles. Des chrétiens de Rome, informés de son arrivée, allèrent à sa rencontre jusqu'à Forum Appii et par la via Appia, ils vinrent à Rome où ils entrèrent par la porte Capène, qui s’ouvrait dans cette partie de l’enceinte de Servius Tullius, dont on peut voir encore des restes dans la cave de YAntica Osleria di Porta Capena (fig. 241). C’est donc chargé de chaînes et cependant entouré de fidèles qui le vénéraient plus qu’un' César, que l’Apôtre des gentils mit pour la première fois le pied sur le sol de cette capitale que sa parole, avec celle de saint Pierre, allait transfigurer et rendre encore plus glorieuse et plus illustre :

Di quella Roma onde Christo è romano. Dante, Purgat., xxxii, 102.

3° Saint Paul entra dans Rome l’an 61, la septième année du règne de Néron, sous le consulat de Cœsennius Pætus et de Petronius Sabinius Turpilianus. Quels durent être ses sentiments à la vue de cette reine du monde, qui tenait l’univers sous sa domination et était le siège de l’idolâtrie ? Celui dont l’auteur des Actes nous dit qu'à la vue d’Athènes, incitabatur spiritus ejus in ipso videns idololatriss deditam civitalem, Act., xvir, 16, ne dut pas être moins ému en contemplant tant de signes de superstition et tant de monuments du paganisme au milieu de cette immense cité. Qu'était Jérusalem, qu'était Athènes auprès ; de cette capitale ! Elle avait grandi depuis Servius Tullius et débordé de son enceinte trop étroite. Elle comptait maintenant, avec ses faubourgs, une population que les uns estiment à un million (0. Marucchi, Excursioni archeol. in Roma, p. 25), d’autres à un million et demi d’habitants. Fr. de Champagny, Les Césars, t. iv, p. 347-353. Elle se composait de représentants de toutes les parties du monde, attirés par l’ambition, l’amour du luxe, ta soif des jouissances et des plaisirs, les besoins de l’administration et les affaires. Le philosophe grec y coudoyait le rhéteur d’Asie, l’astrologue de Chaldée, le magicien d’Egypte, le prêtre d’Isis, parmi les Latins et les Juifs. L’Apôtre des Gentils allait avoir un vaste champ pour exercer son zèle, mais qui, parmi ceux qui le virent entrer dans Rome et le remarquèrent à peine au milieu de ceux qui lui faisaient escorte, aurait pu s’imaginer qu’un grand événement s’accomplissait à cette heure et que c'était l’envoyé d’un conquérant plus grand que les Césars qui venait préparer la prise de possession de son Maître ?

4° La capitale de l’empire n’avait pas encore tout l'éclat qui la rendit si belle et si somptueuse dans la suile sous le gouvernement des empereurs, après l’incendie de Néron. Les superbes monuments dont les ruines