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    1. ROMAINS##

ROMAINS (ÉPiTRE AUX)

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à notre salut : le péché, la mort, la chair. Or le Christ a triomphé pour nous de « cette triple alliance ».

o) La victoire sur le péché, v, 1-21, est décrite par un magnifique parallèle entre Adam, le premier chef de l’humanité, et Jésus-Christ, second Adam et chef de l’humanité renouvelée. « Ainsi donc, comme par une seule faute est venue sur tous les hommes la condamnation, de même par un seul mérite viendra sur tous les hommes la justification de vie. En effet comme par la désobéissance d’un seul homme, tous, malgré leur nombre, ont été constitués pécheurs, de même aussi, par l’obéissance d’un seul, tous, malgré leur nombre, seront constituées justes. » v, 18-19. — Subsidiairement, l’Apôtre parle du rôle de la Loi par rapport au péché, pour bien montrer que le Christ seul, par son obéissance jusqu’à, la mort, nous a délivrés du péché. En effet, loin de détruire cette puissance ennemie, la Loi a été plutôt son alliée, son auxiltaire, l’instrument actif du péché ; elle a étendu son règne, v, 20.

b) Notre second ennemi, c’est la mort, suite inévitable du péché, Jésus-Christ en a triomphé pour nous, vi, 1-23, ici-bas par la grâce, là haut, dans la gloire. Le symbole de cette vie rendue, c’est le baptême. Jésus nous associe là, d’une manière mystique mais non moins réelle, à sa mort et à sa vie. « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés dans le Christ Jésus, nous avons été baptisés dans sa mort. Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions dans la nouveauté de vie, » ꝟ. 3-4. En nous associant à sa mort, le Christ neutralise le principe d’activité que le péché avait déposé en nous et qui constituait le vieil homme ; en nous associant à sa vie, il détruit tous les germes de mort et nous confère le privilège d’une vie sans fin : vie de l’âme et vie du corps, vie de la grâce et vie de la gloire. La conclusion pratique que l’Apôtre retire de cet enseignement, c’est que le chrétien doit se libérer du péché, ꝟ. 6-23.

c) La’troisième puissance hostile à notre salut, c’est la chair, dont la loi mosaïque fut l’auxiliaire inconscient mais funeste. Tous deux devaient donc être détruits par le Christ. C’est ce qui, en fait, est arrivé, vii, 1-25. Saint Paul commence par l’abrogation de la Loi, « Le chrétien est mort à la loi par le corps du Christ. » La loi n’existe donc plus : elle a fourni des œuvres au péché et à la chair : elle périt donc avec eux, il. 1-7.

Il était nécessaire d’expliquer cet aphorisme étrange : « la Loi instrument de péché avec la chair. » Des distinctions s’imposaient. L’Apôtre n’a garde de lesomettre. Il montre, par son propre exemple, comment la Loi, bonne de sa nature, devient, au contact de nos passions, une plus grande occasion de péché, ꝟ. 7-13 ; il décrit, avecdes accents déchirants, cette vie puissante qui n’est qu’une lutte continuelle, toujours renaissante, entre le désir d’accomplir la Loi d’après l’intimation de la conscience, et les appétits de la chair, pour aboutir au honteux esclavage du péché. De là ce cri déchirant : « Qui me délivrera de ce corps de mort ? » ꝟ. 14-25.

Le ch. viii, 1-39, termine la thèse de l’Épître par ûfr chant de triomphe. Il célèbre la victoire du Christ sur nos très grands ennemis qui sont là gisant devant la croix du Sauveur. Le péché est détruit : « Il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ îésus, » ꝟ. 1 ; la mort est vaincue d’avance par le germe d’immortalité déposé en nous, ji. Il ; la Loi, occasion de péché, est abrogée, ꝟ. 2-7 ; seule, la chair lutte encore contre l’esprit, mais avec l’aide de la grâce, la victoire est assurée. Le présent nous garantit l’avenir : la grâce nous prépare la gloire du ciel. Quatre témoins nous attestent cette connexion intime et nécessaire ; la création matérielle, qui, associée à notre

déchéance, a le pressentiment de notre glorification future, ꝟ. 19-22 ; l’Esprit-Saint qui est en nous, baptisés, » constitue comme les arrhes de la béatitude céleste, ꝟ. 23.27 ; Dieu le Père, qui par sa prédestination enchaîne, par un lien infrangible, tous les actes par lesquels nous passons de la justification première au triomphe éternel, ꝟ. 28-34 ; enfin l’amour de Jésus-Christ qui nous lie inséparablement à lui, en dépit des obstacles de tous genres, jr : 35-39.

E) À sa thèse principale, l’Apôtre ajoute une sorte de complément dogmatique pour expliquer le scandale de la réprobation des Juifs, ix-xi. C’était, au moment où Paul écrit son Épître, un fait indéniable que la masse des juifs était rebelle à l’Évangile, alors que les païens l’acceptaient en foule, douleur amère au cœur de l’Apôtre, énigme insondable pour son esprit ! N’était-ce pas un démenti aux prophètes et aux promesses de l’Ancienne Loi ? Est-il possible que Dieu ait voulu que son peuple élu fût privé d’un salut qui semblait préparé pour lui ? Pour quel motif Dieu agit-il de la sorte ? Quels sont, à ce sujet, les desseins de Dieu ? Voilà les trois questions auxquelles saint Paul essaie de répondre dans trois chapitres.

a) Le ch. ix, 1-29, soutient que Dieu est juste et fidèle dans la réprobation des Juifs. Après avoir énuméré avec orgueil les prérogatives d’Israël, ꝟ. 1-5, saint Paul montre que les prétentions de ses anciens coreligionnaires, au sens où ils les entendent la plupart, reposent sur un malentendu. Il y a deux Israëls ; l’Israël selon la chair et l’Israël selon l’esprit : c’est au second seul qu’appartient la promesse, seul il hérite des bénédictions. A l’appui de cette distinction viennent des exemples tirés de l’Écriture Sainte ; Isaac, fils du miracle et de la promesse, hérite seul des bénédictions promises à Abraham ; Ismaël et les fils de Cëthura n’y ont point de part ; puis, dans la lignée même d’Isaac, une autre sélection. Jacob est préféré par Dieu à Esaû. Autre exemple pour prouver que Dieu est libre dans ses dons, Moïse et Pharaon. Les dons de Dieu sont entièrement gratuits. Toute cette doctrine est d’ailleurs conforme aux oracles d’Osée et d’Isaïe, ꝟ. 25-29. Dieu n’a pas agi arbitrairement dans le rejet d’Israël, il n’a fait qu’établir sa justice, ix, 30-x, 21. En effet, Israël a méconnu la fin de l’économie mosaïque, dont la venue du Messie était le signal. Il n’a pas compris que la Loi devait le conduire à une justice supérieure, au salut gratuit par la foi. Il n’a pas compris davantage que ce nouveau salut était destiné à tous les hommes. Et cependant Moïse et Isaïe avaient parlé de cette, conversion des païens.

b) Dans le ch. xi, l’Apôtre trace une sorte de philosophie de l’histoire d’après les plans divins. Il voit, dans le rejet actuel des Juifs, une occasion providentielle de la conversion des gentils : le rejet est, en somme, partiel et temporaire ; il est destiné à ouvrir toute large aux païens la porte du salut et à dépouiller l’Évangile de l’enveloppe légale : après cela, les Juifs eux-mêmes l’accepteront, ꝟ. 1-15. Le chapitre s’achève par un avis aux païens eux-mêmes afin qu’ils ne se livrent pas à l’égard des juifs à un orgueil semblable à celui qui a perdu ceux-ci, ꝟ. 16-24, et par l’espoir que la conversion des gentils sera le moyen que Dieu emploiera pour ramener Israël, ji. 25-32. Une belle doxologie y. 33-36 célèbre les secrets insondables de la Providence divine dont on vient d’esquisser les plans.

2° Partie morale, xii-xv, 13. — D’abord les principes généraux de la morale chrétienne : 1. le sacrifice vivant du fidèle est comme la base de sa vie, ꝟ. 1-2, sacrifice réalisé principalement par les deux vertus d’humilité et de charité, l’humilité par laquelle chacun limite son activité d’après son don, *. 3-8, la charité par laquelle il se donne tout entier à ses frères et même à ses ennemis, , , t. 9-21. Les 7 premiers versets