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ROIS (IIP ET IV LIVRES DES)


3 ; viii, 16 ; xx, 24 ; IV Reg., xviii, 18, 37 et II Par., xxxiv, 8, il est dit que David, Salomon et Ézéchias avaient parmi leurs ministres principaux un mazkîr, à la lettre, « celui qui aide la mémoire » (Septante, ô j7rou.iu.vr|(jxwv, <> J7co ! rvï]u.aTo"fp*ïoç, etc., Vulgate, a commentariis), dont le rôle aurait consisté, croit-on, à noter officiellement les faits de chaque règne. Il est vraisemblable que les autres rois de Juda et ceux d’Israël avaient un fonctionnaire analogue. Quelques interprètes n’ont pas manqué de supposer que les deux derniers livres des Rois et le second des Paralipomènes ont eu ce genre de documents pour base ; mais nous venons de voir que leur opinion est réfutée par l’auteur lui-même des Paralipomènes. Cet auteur et celui des Meldkîm n’ont pas eu pour documents principaux les annales assez problématiques du mazkir officiel de chaque règne, mais les écrits historiques des prophètes. Voir Benzinger, Die Bûcher der Kônige, p. xii-xm. Il suit encore de là que quelques néo-critiques se lancent dans une discussion assez oiseuse — les uns répondant affirmativement, les autres négativement — lorsqu’ils se demandent si l’auteur de III et IV Reg., a puisé d’une manière immédiate aux sources auxquelles il renvoie, ou s’il n’a eu à sa disposition qu’un ouvrage historique fondé sur elles. L’auteur a eu directement entre les mains les documents cités par lui.

3° Leur valeur. — Ces divers documents étaient tous contemporains des faits racontés, ce qui leur donne une grande autorité. À un autre point de vue encore, ils présentent la plus haute garantie de fidélité historique, puisqu’ils furent composés par des personnages saints et sacrés. Les rationalistes eux-mêmes sont obligés de reconnaître à ces sources une véritable valeur et une antiquité réelle, du moins en bien des cas. Voir Kautzsch, Abriss des alttestum. Schrifttums, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 63.

4° Emploi qu’en a fait le narrateur. — Souvent, il a dû insérer textuellement dans son récit les passages qui lui convenaient. On le voit en comparant IV Reg., xviil, 13-xx, 19, et Is., xxxvi-xxxix, passages identiques dans lesquels une source commune a été utilisée d’une façon littérale. Ce fait explique aussi quelques réflexions qui semblent, à première vue, un anachronisme de la part d’un écrivain qui raconte la ruine de Jérusalem et du temple. Cf. III Reg., viii, 8 ; ix, 21 ; su, 19 ; IV Reg., xiv, 7. D’autres fois, l’auteur abrège ou complète d’après d’autres documents. Cf. III Reg., xv, 1-8 et II Par., xiii, 1-23, etc. Mais l’ensemble dénote partout un travail très réel de composition, accompli par un seul et même écrivain, qui avait son plan tracé d’avance, et qui a tiré de ses. sources le meilleur profit, tout en demeurant personnel et indépendant.

VI. LES NÉO-CRITIQUES ET LES DEUX DERNIERS LIVRES

des kois. — 1° Exposé de leurs théories. — a) À rencontre de ce qui vient d’être dit, les critiques rationalistes se refusent à voir dans ces deux livres un travail unique, provenant d’un seul et même historien ; ils les regardent comme une œuvre de compilation, préparée peu à peu par une série plus ou moins considérable de rédacteurs. Nous avons déjà exposé plus haut le principe qui, d’après leur assertion toute gratuite, sert de base à leur opinion, pour cet écrit comme pour ceux des Juges et de Samuel. Ils le répètent ici avec plus de force que jamais, et prétendent découvrir à tout instant dans les Melâkim les « influences deutéronomiques « qui démontreraient, suivant eux, l’existence de rédactions multiples et de remaniements réitérés. Voir Driver, Introduction, p. 189 ; Kautzsch, Abriss, p. 61-66 ; Benzinger, Die Bûcher der Kônige, p. xm ; Kittel, Die Bûcher der Kônige, p. vii, etc. Comme pour les deux premiers livres, leur langage est aussi injuste que sévère : « Un examen superficiel des livres des Rois (III et


IV Reg.) suffit pour démontrer clairement le fait qu’ils’sont une compilation, et non pas une composition originale. » The Jewish Encyclopedia, t. vii, New-York, 1904, p. 506. « Nous ne pouvons pas parler de l’auteur des (livres des) Rois, … mais seulement d’un ou de plusieurs éditeurs successifs, dont le travail principal a consisté à arranger sous une forme continue des extraits de livres plus anciens. » W. R. Smith, dans

V Encyclopmdia Britannica, 9e édit., t. xiv, Edimbourg, 1882, p. 83. Le même auteur, ibid., p. 86, parle du « caractère purement mécanique de la rédaction par laquelle ont été groupés des documents de différentes sortes ; » il affirme que « les historiens du (royaume du) nord et du (royaume du) sud ont été simplement rattachés les uns aux autres dans une sorte de mosaïque. »

b) Prenant l’existence de ces prétendues « influences deutéronomiques » pour point de départ de leurs investigations, les néo-critiques signalent à chaque page de l’écrit les divers rédacteurs ou compilateurs qui ont successivement concouru à produire nos deux livres sous leur forme actuelle, et ils assignent à chacun d’eux sa part déterminée, ne se composât-elle que de quelques mots épars çà et là. C’est ce que font en particulier, à la suite du D 1 Wellhausen, MM. Kuenen, Cornill, Kautzsch, Winckler, Benzinger, Kittel, Stade et Schwally, dans les ouvrages désignés ci après (col. 1162). Rien de plus significatif, sous ce rapport, que la manière dont M. Kittel d’une part, MM. Stade et Schwally de l’autre, ont essayé de placer directement sous les yeux de leurs lecteurs, celui-là au moyen de types différents, ceux-ci par l’emploi des couleurs (dans la Bible hébraïque dite « polychrome » ) le résultat de leurs découvertes. M. Kittel admet neuf couches distinctes de documents, amalgamés par le compilateur. MM. Stade et Schwally ont recours à dix couleurs variées, pour marquer autant d’espèces de documents, de remaniements, d’insertions, etc. Le blanc représente la base originale de l’écrit, savoir, « l’épitomé prophétique des rois d’Israël et de Juda, composé aux derniers jours du royaume de Juda, sous Joachin ou Sédécias, par un pieux auteur qui était imbu de l’esprit du Deutéronome » (par exemple, III Reg., viii, 11-13 ; ix, 12-13,

  • 20, 26-27 ; x, 28-29 ; xv, 2-3, etc.). Le rouge foncé

marque « des extraits de documents historiques plus anciens » (entre autres, III Reg., i, 1-53, à part le verset 37 ; ii, 13-25, 28-33, etc.) ; le rouge clair, « des extraits de sources plus récentes » (par exemple, III Reg., iii, 16-28 ; v, 15-16, 20-27, etc.). Le vert tendre désigne, d’une part, « toutes les portions d’un caractère deutéronomique » qui n’appartiennent point à l’abréviateurlui-même ; d’autre part, « la continuation de l’épitomé par un deutéronomiste postérieur à l’exil, » et aussi « des additions subséquentes, ayant pour but d’établir une connexion entre les légendes des prophètes et les parties deutéronomiques du livre » (III Reg., viii, 14-25, 26-32, 35-66 ; xi, 2-3, 29-31, 33-38 etc.). À l’orange clair correspondent « des additions non deutéronomiques d’origine inconnue » (III Reg., x, 1-11, 13-27 ; xvi, 12 ; xviii, 32-33 ; xxi, 21-23, etc.) ; à l’orange foncé, « les additions qui semblent avoir été empruntées â d’autres ouvrages historiques, et qui, tout d’abord, étaient peut-être placées en marge » (par exemple, III Reg., xiv, 1-19 ; v, 7-8, 29-30 ; vil, 41-44, etc.) ; au violet foncé, « les textes qui ont pour but d’établir l’harmonie entre divers passages du livre » (III Reg., ix, 18-23, 25 ; x, 12, 27 ; xi, 32, etc.) ; au bleu clair, « des extraits des légendes des prophètes » qui, sous leur forme présente, sont toutes postérieures à l’exil, bien que le fond de ce qui concerne Élie et Elisée remonte peut-être à une époque antérieure à la captivité. III Reg., xii, 21-24 ; xin, 1-33, etc. Le bleu foncé et le violet clair servent à marquer, dans ce qu’on nomme les légendes d’Isaïe,

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