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ROIS (IIIe ET IVe LIVRES DES)

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les Israélites et en mettant fin au royaume théocratique. Or, tel est précisément le but du troisième et du quatrième livre des Rois. — d) Les épisodes dont est parsemé le recueil des prophéties de Jérémie et ceux qui remplissent la partie correspondante de nos deux livres semblent provenir delà même main. Cf.IVReg., xxiv, 1, et Jer., xxv, 1-11 ; IV Reg., xxiv, 7, et Jer., xlvi, 2-12 ; IV Reg., xxiv, 10-17, et Jer., xxvri, 1-15 ; IV Reg., xxv, 1-30, et Jer., xxvii, 16-22 ; xl, 5-9 ; xii, 1-34, etc.

— e) III et IV Reg. contiennent des renseignements nombreux et importants sur les prophètes. Or, ce thème devait être particulièrement cher à Jérémie. D’autre part, ce Voyant célèbre, qui joua un rôle politique et religieux très considérable de son temps, n’est pas même mentionné au quatrième livre des Rois ; ce fait, difficile à expliquer en lui-même, devient clair si Jérémie est l’auteur de III et IV Reg. — Il est vrai que Jérémie, dont la mission prophétique fut inaugurée durant la treizième année du règne de Josias, cf. Jer., I, 2, c’est-à-dire en 627, aurait été âgé d’environ 90 ans lors de la mise en liberté de Jéchonias. Mais il putfort bien composer le troisième et le quatrième livres des Rois aussitôt après que ce prince eut été emmené en captivité ; dans ce cas, il n’aurait eu qu’à ajouter ensuite la conclusion commune à sa prophétie et à IV Reg. Ce fait expliquerait pourquoi, en divers passages, cf. III Reg., vin, 8 ; IX, 22 ; xii, 19 ; IVReg., viii, 22, l’écrivain sacré parle comme si l’état de choses qui existait avant la ruine du royaume de Juda demeurait encore en vigueur.

— Ajoutons d’ailleurs qu’il ne s’agit, dans cette thèse, que d’une possibilité et d’une vraisemblance, nullement d’une certitude.

V. DOCUMENTS QUI ONT SERVI À COMPOSER LES DEUX

derniers livres des rois. — 1° Les trois sources principales. — - L’auteur a eu à sa disposition plusieurs documents, qu’il mentionne très souvent lui-même, et auxquels il renvoie ceux des lecteurs qui désireraient avoir des renseignements plus complets que les siens. Pour le règne de Salomon, il cite « le livre des actes » de ce prince (Vulgate, liberverborùm dierum Salomonis). III Reg., xi, 41. Pour l’histoire synchronique des rois de Juda et d’Israël, il cite assez régulièrement deux autres sources, à la fin de chaque règne : d’un côté la « chronique des rois de Juda » (Vulgate, liber sermonum dierum Juda) ; de l’autre, la « chronique des rois d’Israël » (Vulgate, liber verborum dierum regum Israël). Celle-là est citée quinze fois : III Reg., xiv, 29, pour Roboam ; xv, 7, pour Abias ; xv, 23, pour Asa ; xxii, 45, pour.Tosaphat, IV Reg., viii, 23, pour Joram ; xii, 19, pour Joas ; xiv, 18, pour Amasias ; xv, 6, pour Azarias ; xv, 36, pour Joatham ; xvi, 19, pour Achaz ; xx, 20, pour Ézéchias ; xxi, 17, pour Manassé ; xxi, 25, pour Amon ; xxiii, 28, pour Josias ; xxiv, 5, pour Joakim. Elle est omise pour Ochozias, Athalie et les deux derniers rois de Juda, Jéchonias et Sédécias. Là « chronique des rois d’Israël a est mentionnée dix-sept fois : III Reg., xiv, 19, pour Jéroboam I er ; xv, 31, pourNadab ; xvi, 5, pour Baasa ; xvi, 14, pour Éla ; xvi, 20, pour Zamhri ; xvi, 27, pour Amri ; xxii, 39, pour Achab ; IV Reg., i, 18, pour Ochozias ; x, 34, pour Jéhu ; xiji, 8, pour Joachaz ; xiii, 12, pour Joas ; xiv, 38, pour Jéroboam II ; xv, 11, pour Zacharie ; xv, 15, pour Sellum ; xv, 21, pour Manahen ; xv, 26, pour Phacéia ; xv, 31, pour Phacée. Elle n’est omise que pour Joram et Osée, le dernier roi. Ces rares omissions n’ont sans doute pas d’autres causes, de part et d’autre, que la difficulté d’insérer la formule habituelle, vu l’arrangement des matériaux. — Au passage III Reg., viii, 53, les Septante font suivre la prière prononcée par Salomon après la dédicace du temple, de cette note qui manque dans l’hébreu : « Est-ce qu’elle (atftri, la prière) n’est pas écrite dans le Vivre i^ç ùS-fc’? » Le traducteur a lu sans doute hassîr,

<i du cantique », tandis que son texte portait vraisemblablement hay-yâSdr, « du juste » ; par conséquent, dans le livre du Juste. Cf. Jos., x, 13 ; Juste (Livre Du) r t. iii, col. 1873-1875. — Ce renvoi perpétuel à ses sources montre que l’auteur les a utilisées fidèlement et consciencieusement, qu’il désirait un contrôle, bien loin de le redouter.

2° Nature de ces documents. — En comparant les-deux derniers livres des Rois avec le second des Paralipomènes, nous pouvons nous former une idée assez exacte des sources qui ont servi de base aux Melâkim. Pour d’assez nombreux passages il existe, entre le& deux écrits, une ressemblance frappante, qui va parfois jusqu’à la coïncidence verbale. Nous nous bornerons à signaler ici les principaux :

Cf. III Reg., iii, 5-15, et II Par ; , i, 7-13.

(v 2-ix, 27) (h, 1-vni, 2).

x, 1-29 ix, 1-28.

xi, 41-43 29-31.

au, 1-19 s, 1-19.

21-24 xi, 1-4.

xiv, 25-31 xii, 9-16.

xv, 16-22 xvi, 1-6.

xxii, 2-35 xviii, 1-34.

41-50 xx, 31-37.

IV Reg., viii, 17-23 xxi, 5-10.

25-29 xxii, 1-6.

xi, 1-xii, 14 xxii, 10-xxiv, 14.

xiv, 12-14 xxv, 1-5, 17-24.

17-22 xxv, 25-xxvi, 2.

Xv, 32-38 xxvii, 1-9.

xvi, 1-4 xxviii, 1-4.

XXi, 1-9 xxxiii, 1-9.

17-24 18-25.

xxii, 1-xxiii, 4 xxxiv, 1-33.

De cette ressemblance, on conclut communément et à bon droit que les deux écrivains sacrés ont puisé â des sources identiques, Or, l’auteur des Paralipomènesest un peu plus explicite que celui des Melâkim sur la nature de ses propres documents, et, grâce à lui, il nous est possible de nous faire une idée assez précise des matériaux qui ont également servi à composer le troisième et le quatrième livres des Rois. D’après-II Par, , ix, 29, le récit des événements du règne de Salomon a été emprunté aux « paroles du prophète Nathan », au « livre d’Ahia le Silonite » et à la « vision du Voyant Addq ». D’un autre côté, les passages II Par., xii, 15 ; xiii, 22 ; xx, 34 ; xxvi, 22 ; xxxii, 32 ; xxxm, 18-19, nous avertissent que les annales des roisde Juda furent rédigées d’après les « livres du prophète Séméias et du Voyant Addo », les « paroles de Jéhu fils d’Hanaël », la « vision d’Isaïe fils d’Amos », . et lès « discours d’Hozaï ». L’auteur des Paralipomènes cite souvent aussi le « livre des rois de Juda et d’Israël », Lorsqu’il mentionne les écrits de Nathan, d’Ahias, d’Addo, etc., il lui arrive d’ajouter qu’ils sont contenus dans ce livre. Cf. II Par., xx, 30 ; xxxii, 32, etc. Il suit de là que les prophètes en question avaient écrit l’histoire de leur temps, que leurs compositions avaieut été reunies, avant l’exil, dans un grand ouvrage, que l’on désignait tantôt par le titre de Livre des rois de Juda ou d’Israël, tantôt sous le nom. du prophète qui en avait écrit telle partie déterminée. On explique par là pourquoi les faits relatifs à Salomonsont donnés, III Reg., xi, 41, comme extraits des « fastes » de ce prince, tandis que, II Par., ix, 29, il est dit qu’ils sont tirés des « Paroles des prophètes ». Il est probable, d’après le langage de l’auteur des deux derniers livres des Rois, que les annales des royaumes d’Israël et de Juda ne formaient pas un seul et même ouvrage, mais deux œuvres distinctes. En plusieursendroits de nos deux écrits, par exemple III Reg., iv, .