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ROIS (IIIe ET IVe LIVRES DES)

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heurs de la nation aux crimes qu’elle avait commis contribuent aussi pour beaucoup à révéler son dessein et son but. Voir III Reg., ix, 3-9 ; xi, 11, 33, 38 ; xiv, 7-16 ; xvi, 12, 13 ; IV Reg., x, 31 ; xiii, 2-3 ; xxi, 11-16 ; xxii, 15-20 ; xxiv, 3, 20, et surtout le passage si poignant IV Reg., xvii, 7-23. — e) Il parle également avec insistance de la loi mosaïque et de l’alliance du Sinaï, comme d’une source de vie et de bonheur pour Israël. Cf. III Reg., ii, 2-4 ; iii, 3, 14 ; vi, 12, 38 ; viii, 35, 55, 58, 61 ; ix, 4, 6 ; xi, 11, 33, 34, 38 ; xiii, 21 ; xiv, 8 ; xviii, 18 ; xix, 10, 14 ; IV Reg., x, 31 ; xiii, 23 ; xiv, 6 ; xvii, 8, 13, 15, 16, 19, 34, 37-38 ; xviii, 6, 12 ; xxi, 8 ; xxii, 8, 11 ; xxiii, 2-3 ; xxi, 24-25. — f) Enfin, le narrateur revient très fréquemment sur le magnifique oracle par lequel Dieu avait promis, II Reg., vii, 1-29, la perpétuité du trône aux descendants de David. Cf. III Reg., it, 4, 14 ; m, 6 ; vii, 12 ; viii, 25-26 ; ix, 5 ; xi, 11-13, 34-39 ; xv, 4 ; IV Reg., viii, 19 ; x, 34 ; xx, 6, etc. — Il est clair, d’après tout cela, que ce que l’auteur veut avant tout, c’est de nous montrer « la main de Dieu dans l’histoire du peuple (israélite) et de ses rois. » LaBïble annotée, Les livres’historiques, in-8°, t. iv, Neuchatel, 1897, p. 4. Dans ses pages, nous avons donc surtout une histoire religieuse pour l’époque de la royauté. Comme l’a dit Strack, Einleitung in das Allé Testament, 4e édit., in-8°, Munich, 1895, p. 74 : « Son intention n’était pas d’enseigner l’histoire d’Israël, mais de dégager les leçons de l’histoire. »

UT. IMPORTANCE DES IIP ET IV LIVRES DES ROIS. —

Elle est tout à la fois historique et religieuse, mais surtout religieuse. De beaux et vastes horizons sont ouverts dans cet écrit, plus encore au théologien qu’à l’historien. Et, puisque c’est au point de vue messianique que se mesure tout d’abord l’importance d’un livre biblique, on peutdire que le livre des Melàkîm est privilégié sous ce rapport. En effet, nous venons de voir que l’oracle par lequel Nathan promit à David, au nom du Seigneur, la perpétuité du trône, en forme le centre d’une certaine manière ; or, cet oracle se rapporte certainement au Messie, qui seul devait le réaliser finalement. Voir le Ps. Lxxxvin ; Frz. Delitzsch, Old Testament llistory of Rédemption, in-12, Edimbourg, 1881, p. 87-111 ; Cvon Orelli, Die alttestamentliche Weissagung von der Vollendung des Gottesreiches, in-8°, Vienne, 1882, p. 168171 ; . A. Tholuck, Die Propheten und ihre Weissagungen, in-8°, Gotha, 1860, p. 165-170. C’est bien une conclusion messianique que nous lisons à la fin du dernier livre, IV Reg., xxv, 27-30. La faveur accordée à Jécbonias par Evilmérodach « jette sur la sombre nuit de l’exil le premier rayon lumineux d’un avenir meilleur, qui devait bientôt commencer pour la race de David, en même temps que pour tout le peuple ; elle lui garantissait l’accomplissement certain de la promesse en vertu de laquelle le Seigneur ne retirerait pas à jamais sa miséricorde à la postérité de David. » F. Keil, Die Bûcher der Kônige, p. 7. Or, c’est en Jésus-Christ seul que cette promesse s’est accomplie, et par lui seul que la race de David règne éternellement.

. iv. l’époque de la composition et l’auteuti. — 1° L’époque. — La date la plus ancienne à laquelle puissent remonter nos deux livres est marquée par le fait qui les termine : l’exaltation du roi Jéchonias, IV Reg., xxv, 27-30 ; or, il eut lieu en 561 avant J.-C. L’auteur ne mentionne pas la fin de la captivité, dont l’édit de Cyrus, en 536, donna le signal. La composition du troisième et du quatrième livre des Rois est donc antérieure au retour d’exil. Par conséquent, comme limites extrêmes, nous avons d’une part l’année 561, de l’autre l’année 536 avant notre ère. La rédaction eut lieu entre ces deux dates, vers le milieu de la captivité de Babylone. La plupart des néo-critiques, entre autres Kuenen, Wellhausen, Benzinger, Kautzsch, admettent que l’ouvrage aurait été à peu près achevé vers l’an 600

avant J.-C. Divers passages parlent clairement de la ruine de Jérusalem et du temple. Cf. III Reg., IX, 1-9 ; xi, 9-13 ; IV Reg., xvii, 17-20 ; xx, 17-18 ; xxi, 11-15 ; xxii, 15-20 ; xxiv, 18-25, 30, etc.

2° L’auteur. — 1. Quoi qu’on ait dit parfois en sens contraire, l’auteur des deux derniers livres des Rois n’est certainement pas le même que celui des deux premiers livres. Il existe, en effet, entre les deux écrits des différences trop sensibles pour qu’ils puissent provenir d’une main identique. Pour le style, voir ci-dessous. Quant au fond, voici les nuances les plus frappantes : a) Les livres de Samuel (1 et II Reg.) exposent d’ordinaire l’histoire israélite avec beaucoup de détails ; ceux des Rois (III et IV Reg.) l’abrègent et la condensent le plus souvent. — b) Les livres de Samuel ne citent que fort peu de dates ; ceux des Rois en fournissent un grand nombre. — c) Les livres de Samuel ne mentionnent pas les sources auxquelles leurs renseignements ont été puisés ; les livres des Rois renvoient fréquemment aux leurs. — d) Là, le culte des hauts lieux paraît avoir été encore toléré, cf. I Reg., IX, 12 ; ici, il est sévèrement blâmé et condamné, cf. III Reg., ut, 3 ; xii, 31 ; xiii, 32 ; xv* 14, etc. — e)Les livres de Samuel ne renvoient qu’une seule fois le lecteur à la loi mosaïque, II Reg., xxii, 23 ; ceux des Rois y font de nombreuses allusions. Voir col. 1149.

2. La tradition juive affirme très explicitement que le prophète Jérémie aurait composé les deux derniers livres des Rois. « Jérémie, dit le Talmud de Babylone, traité Baba bathra, 15 a, a écrit son livre (c’est-à-dire sa prophétie), le livre des Melàkîm (III et IV Reg.) et les Thrènes. » Voir L. Wogue, Histoire de la Bible et de l’exégèse biblique jusqu’à nos jours, in-8°, Paris, 1881, p. 28. Divers interprètes catholiques ou protestants, à la suite de saint Isidore de Séville, De off. eccl., i, 12, t. Lxxxin, col. 747, de Sixte de Sienne, de Cornélius à Lapide, etc., regardent encore cette opinion, sinon comme certaine —avec Hasvernick, Einleitung in das A. T., t. ii, 1™ partie, p. 171-172 ; Rawlinson, dans la Speaker’s Bible, t. ii, p. 471-472 ; Fr. Kaulen, Einleitung in die heil. Schriften, 3e édit., p. 198 ; R. Cornely, lntroductio specialis in Vet. Testamenti libros, in-8°, Paris, 1887, p, 293-295 — du moins comme très vraisemblable. Les données de l’histoire sont insuffisantes pour démontrer d’une façon rigoureuse la vérité de cette opinion ; il est néanmoins certain qu’on peut alléguer en sa faveur quelques considérations qui ne manquent pas de force : — a) Les hébraïsants ont établi d’intéressantes comparaisons, desquelles il résulte que le style et le genre littéraire de nos deux livres rappellent beaucoup la diction et le genre de Jérémie. Voir Hævernick, op. cit., t. ii, 1° partie, p. 171-178 ; Rawlinson, dans la Speaker’s Bible, t. ii, p. 470-471 ; Driver, Introduction to the Books of the Old Testant., 5e édit., p. 193. Pour la promesse faite à David et à sa race, cf. III Reg, , viii, 24 ; ix, 5, et Jer., xui, 13 ; xvii, 25 ; xxxiii, 17 ; pour la prophétie relative à la ruine du temple, cf. III Reg., ix, 8, et Jer., xviii, 16 ; xix, 8, etc ; au sujet du caractère terrible des calamités que devait subir le peuple d’Israël, cf. IV Reg., xxi, 12-xxiv, 16, et Jer., xtx, 3 ; xxii, 17 ; xxx, 16 ; Thren., ii, 8, etc. D’autre part, il est remarquable que le verbe hiddiah, employé dix-neuf fois par Jérémie pour marquer la dispersion des Juifs en exil, n’apparaît nulle part dans les deux derniers livres des Rois. — 6) La conclusion historique par laquelle se termine la prophétie de Jérémie, lu, 1-34, est pour ainsi dire calquée sur la dernière page des Rois, IV Reg., xxiV, 18-xxv, 30, ou réciproquement. — c) Le ton grave et mélancolique qui caractérise les oracles de Jérémie est aussi celui de nos deux livres. Le prophète d’Anathotha en grande partie composé son écrit pour démontrer, lui aussi, que Dieu avait été très juste en châtiant sévèrement