Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/578

Cette page n’a pas encore été corrigée
1137
1138
ROIS (LIVRES DES). I ET II SAMUEL


R D — I Reg., xiv, 18° ; vii, . 2 ; xiii, 1 ; xiv, 47-51 ; xxviii, 30. — II Reg., ir, 10% 11 ; v, 4-5 ; vm ; xii, 10-12

Un rédacteur encore plus récent aurait ajouté les passages suivants :

I Reg., iv, 15, 22 ; vi, 11°, 15, 17, 18, 19 ; xi, 8* ; xv, 4 ; xxiv, 14 ; xxx, 50. — II Reg., iii, 30 ; v, 6 b, 7°, 8° ; xv, 24 ; xx, 23-26.

A un dernier remaniement seraient dues les additions qui suivent :

I Reg., ii, 1-10, 22° ; xvi, 1-13 ; xvii, 12-13 ; xix, 18-24 ; xxi, 10-15 ; xxii, 5. — Il Reg., Xiv, 26 ; xxi-xxiv.

Voir Budde, Die Bûcher Sumuelis erklârt, p. x-xxi, et aussi, dans le même sens, quoique avec des nuances assez nombreuses, Nawack, Die Bûcher Samuelis, ûbersetzt und erklârt, p. xiv-xxm ; Cornill, Einleitung m dos A. Test., 2<> édit., 1892, p. 106-121. — Voici quel serait l'âge respectif de ces divers documents ou remaniements : la partie la plus ancienne, J 1 et J2, remonte au IXe siècle avant notre ère ; E 1 appartient probablement au viii c siècle ; E 3, sinon au vme siècle, du moins au commencement du vue ; R JÉ date d’une époque plus tardive du VIIe siècle (avant la réforme de Josias, en 621) ; les autres rédactions sont plus récentes, et datent de l’exil, ou même d’une période postérieure à l’exil.

2° Réfutation du système des néo-critiques. — 1. D’une manière générale, nous dirons d’abord qu’exposer de telles théories, c’est en grande partie les réfuter. Il faut tout le parti pris, toute la hardiesse du rationalisme, pour croire qu'à environ trente siècles ^'intervalle, on puisse être capable de déterminer, verset par verset, dans un écrit dont le style est bien caractérisé (col. 1134), des diversités, et même de simples nuances, qui trahiraient des auteurs très distincts, séparés les uns des autres par des centaines d’années et par les sentiments religieux les plus divers. Aussi, ceux qui présentent ces théories sur les livres de Samuel s’appuient-ils le plus souvent sur des preuves purement subjectives et arbitraires, et de là viennent les divergences considérables d’appréciation qui régnent entre eux, soit pour la nature et le nombre des documents primitifs, soit pour celui des compilateurs et rédacteurs, soit pour l'époque des uns et des autres. Lorsqu’ils veulent parler sincèrement, ils reconnaissent, avec le D r G. Wildeboer, Die Litteratur des A. Testant., p. 53, que la plupart de leurs jugements ne reposent que sur des hypothèses ; avec le D r Stade, Encyclopssdia biblica de Cheyne, t. iv, col. 4279-4280, qu’un grand nombre des assertions des néo-critiques touchant l’origine des livres de Samuel sont inexactes ; avec le D r Budde lui-même, Die Bûcher Samuelis, p. xviii, qu’en voulant trop préciser sur ce point, on commet des actes d’audace entièrement subjectifs. Ils trouvent que l’histoire de la composition de ces écrits est « très compliquée », Stade, Lc, col. 4274. Voir aussi E. Reuss, op. cit., p. 87. Mais ils sont euxmêmes responsables de cette complication, qui n’existait pas avant eux.

2. Si nous passons à l’examen des preuves principales sur lesquelles les néo-critiques appuient leur théorie, nous, verrons qu’elles sont aisées à réfuter. — a) Il y a d’abord les trois formules qui ont été mentionnées, plus haut (col. 1136) : I Reg., vii, 15-17 ; xiv, 47-52 ; II Reg., vm, 15-18. À la suite de Thenius et de Wellhausén, on a vii, dans ces sommaires de la judicature de Samuel, du règne de Saùl et du règne de David, des traces d’une compilation tardive. Elles auraient servi de conclusion à trois documents distincts, et le rédacteur les aurait insérées dans son œuvre avec les passages qu’elles achevaient. — Mais l’hypothèse est toute gratuiteCes formules, en effet, ne mettent fin en réalité ni au rôle de Samuel, ni aux règnes des deux premiers rois israélites. L’auteur des livres de Samuel, qui place volontiers des formules générales au commencement des

nouveaux règnes, cf. I Reg., xiii, 1 ; II Reg., ii, 10-11 ; v, 4-5, en emploie d’autres pour marquer la conclusion de quelque période importante du régne. Ainsi, ouire celles qui ont été notées plus haut, nous mentionnerons II Reg., iii, 1-5 ; v, 12-16 ; xx, 19-26. Pourquoi les néo-critiques demeurentils muets sur ces dernières ? Simplement parce qu’elles n’ont rien qui favorise leur système. Les autres ne l'étayent pas davantage. « Ces données sous forme de résumé trahissent une méthode, une idée intentionnelle, et ne portent point en elles le cachet de la compilation. Elles servent donc uniquement à terminer, ou, si l’on veut, à arrondir chacune des périodes et forment comme des points de repère, sans porter préjudice à la liaison des parties et sans briser l’unité de composition. » P. Clair, Les livres des Rois, p. 14. Voir F. Kei], Lehrbuch der Einleitung in die Schriften des AU. Test, , 2e édit., p. 167-168.

6) Les répétitions fréquentes que l’on rencontre dans nos deux livres prouveraient aussi jusqu'à l'évidence, nous dit-on, l’origine diverse des passages où elles se rencontrent. — Il est vrai qu’il en existe plusieurs : par exemple, la double mention de la mort de Samuel, I Reg., xxv, 1, et xxviii, S ; les détails relatifs à la famille de David, I Reg., xvi, 1-13, etxvii, 12-21, etc. Mais elles ne sont pas inconciliables avec l’unité du livre, et elles sont conformes au genre des écrivains orientaux. Les néo-critiques les signalent avec éclat, dans l’intérêt de leur thèse. Bien plus, ils affectent de prendre pour des répétitions, pour des « doublets », comme ils disent, un certain nombre de faits entre lesquels il existe sans doute une certaine ressemblance, mais qui présentent des circonstances très différentes de temps, de lieu, etc. Examinés de près, les prétendus « doublets » sont le récit d'événements très distincts. I Reg., xm, 13-14, il s’agit de la réprobation de la maison de Saùl, et plus loin, xv, 10-11, de la réprobation personnelle du roi. I Reg., x, 10^12, il est question de l’origine du proverbe Num et Saul inter prophetas 1 tandis que plus bas, xix, 23-24, l'écrivain sacré mentionne la confirmation de ce même proverbe. L’hébreu marque mieux cette nuance, et suppose l’existence antérieure de l’adage. Au premier passage, nous lisons : Fuit in proverbium ; au second : « C’est pourquoi ils disent : Est-ce que Saûl… 1 ? » Par deux fois, Saiil tente de transpercer David de sa lance, I Reg., xviii, 10, et xix, 9. Or, nous apprenons I Reg., xx, 33, que le roi avait recours à ce geste haineux, lorsqu’il était sous l’empire de sa passion mauvaise. Deux fois aussi, les habitants de Ziph trahirent David en indiquant à son ennemi le lieu de son refuge, I Reg., xxiii, 10, et xxvi, 1 ; deux fois, David dut aller chercher un abri chez les Philistins, I Reg., xxi, 10-15, et xxvii, 1-7 ; deux fois, d’abord dans une caverne, puis dans le camp royal, il épargna généreusement la vie de Saûl, I Reg., xxiv, 5-8, et xxvi, 7-25. Mais pourquoi ces divers faits ne se seraient-ils pas renouvelés, dès lors que les mêmes causes persévéraient : chez Saûl, sa haine intense ; chez les habitants de Ziph, le désir de nuire à David ; chez celui-ci, sa grandeur d'âme ; par rapport aux Philistins, la proxi.mïté de leurs frontières. II Reg., viii, 11-12, on mentionne brièvement les résultats de la guerre avec les Ammonites ; x, 1-25, on expose tout au long cette guerre, qui servit d’occasion au grand crime de David. Concluons avec le D r (protestant) Strack, Einleitung in das Alte Testant., 4e édit., in-8°, Munich, 1895, p. 67 : « L’assertion d’après laquelle, dans ces cas, il n’aurait existé réellement qu’un incident unique, le rédacteur s'étant laissé induire en erreur par les divers ornements qu’aurait surajoutés la tradition, n’est nullement démontrée ; » ou plutôt, c’est le contraire qui est démontré par une élude impartiale des textes. Voir F. Keil, Lehrbuch der Einleitung in die Schrifteri des A. T., 2e édit., p. 172-174.