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ROIS (LIVRES DES). I ET II SAMUEL


nales royales, décrivant la puissance toujours grandis--sante de David ; v, 1-x, 19. Toutes les tribus le reconnaissent pour roi, v, 1-15. Il sîempare de la citadelle de Sion et fait de Jérusalem sa capitale, v, 6-10. Il se construit un palais, v, 11-16, et livre aux Philistins deux guerres victorieuses, v, 17-25. ^transporte solennellement l’Arche à Sion, VI, 1-23. À l’occasion du désir qu’il avait exprimé de bâtir un temple au Seigneur, il reçoit un brillant oracle, relatif à la perpétuité de son trône, vii, 1-29. Sa puissance continue de se fortifier par une série de guerres heureuses, viii, 1-x, 19. — 6) Le crime de David et ses suites funestes, xi, 1-xx, 26. Le roi adultère et homicide, xi, 1-27. Repris par Nathan, il reconnaît la gravité de sa faute, XII, 1-14. Naissance de Salomon, xii, 15-25. Prise de Rabbath-Ammon, xii, 26-31. Désordres dans la famille royale et inceste d’Amnon ; fratricide d’Absalom, xiii, 1-xiv, 33. Révolte d’Absalom et conséquences désastreuses qu’elle faillit avoir pour David, xv, l-xviii, 5. Défaite et mort du rebelle, xviii, 6-33. David rentre à Jérusalem et dompte une seconde révolte de ses sujets, xix, 1-xx, 26. — 3. Dernières années du règne de David, xxi, 1-xxiv, 25. C’est là une sorte d’appendice, dontvoiciles principaux incidents : a) Ruine de plus en plus complète de la maison de Saùl, xxi, 1-14 ; 6) Quatre expéditions victorieuses contre les Philistins, XXI, 15-22 ;

c) Cantique d’action de grâces de David, xxii, 1-51 ;

d) Ses dernières paroles, xxiii, 1-7 ; e) Liste des héros de David, xxiii, 8-39 ; f) Dénombrement du peuple et peste qu’il occasionna, xxiv ; 1-25.

II. BUT ET IMPORTANCE DES DEUX PREMIERS LIVRES Des ROIS. — 1° Le but est triple, tel qu’on peut l’envisager à la lumière des événements. Il y a d’abord un but très général, qui consiste à raconter la suite de l’histoire des Israélites, en tant qu’ils étaient le peuple de Jéhovah. On peut distinguer aussi un but plus spécial, qui est de démontrer les droits de David et deses descendants au trône d’Israël. Enfin et surtout, un but plus particulier encore est d’attester la fidélité de Dieu à ses anciennes promesses relatives au Messie et d’en décrire l’accomplissement progressif, Autrefois, Gen., xlix, 8-11, le Seigneur avait fait annoncer à la tribu de Juda qu’elle exercerait sur la nation choisie une hégémonie glorieuse, qui devait se transformer un jour et devenir le règne du Messie lui-même. Voici qu’il place réellement un membre de cette tribu sur le trône d’Israël, en affirmant, dans les termes les plus solennels, que le sceptre et la couronne de David seront transmis au dernier et au plus auguste de ses descendants. Cf. II Reg., vii, 12-16. Aussi n’est-il pas surprenant que le nom de Masiah, « Messie », qui deviendra si célèbre, apparaisse pour la première fois dès le commencement du I er livre des Rois, ii, 10. Ii domine tout le reste et lui donne le ton. Voir F. Keil, Die Bûcher Samuelis, 2e édit., Leipzig, 1875, p. 5-8 ; Frz. Delitzsch, Old Testament History of Rédemption, in-12, Edimbourg, 1881, p. 84-94 ; R. Cornely, Introd. specialis in historicos Veteris Testant, libros, in-8°, Paris, 1887, p. 250-253 ; Mgr Meignan, Les Prophéties messianiques contenues dans les deux premiers livres des Mois, in-8°, Paris, 1878. Mais il y a plus encore, puisque, dans ces livres, David nous apparaît, en maint détail de sa vie, comme la figure et le type du futur Messie. Voir David, t. ii, col. 13231324.

2° L’importance dogmatique des deux premiers livres des Rois est tout indiquée par là-même. Leur importance historique est aussi très considérable, attendu qu’ils nous font assister à une période de crise et de formation dans Israël, à’un changement complet dans le mode de son gouvernement. Entre les mains de ses rois, la nation théocratiqué prendra plus d’unité, de consistance et de vigueur, et nous la verrons secouer

victorieusement le joug que lui avaient imposé plusieurs des peuples voisins. Il est un autre point de vue très consolant de cette histoire : en même temps que la royauté sera fondée, Dieu enverra à son peuple une sériepresque ininterrompue de prophètes fidèles, pour régler et contrebalancer l’autorité des rois. Ces prophètes ouvriront autour d’eux des écoles, où la sainteté et la science sacrée seront cultivées de concert ; delà sorte, les représentants de Jéhovah seront multipliés pour le plus grand bien de la nation. Voir Écoles de Pbophètes, t. ii, col. 1567-1570.

/II. auteur et sources. — 1° Auteur. — Il est impossible de résoudre cette question d’une manière certaine, la tradition étant demeurée très imparfaite à son sujet, et nos deux livres ne nous fournissant aucun renseignement sur lequel on puisse étayer une opinion solide. D’après une ancienne tradition juive, Baba bathra, fol. 14, Samuel lui-même aurait été l’auteur des deux livres qui portent son nom dans l’hébreu. Saint Grégoire le Grand a adopté ce sentiment, In libr. I Reg. Expositio, Proœm., iv, t. lxxix, col. 40. Mais le fait n’eût été possible que pour les chap. i-xxiv du I er livre, puisque la mort de Samuel est mentionnée I Reg., xxv, 1. Aussi d’anciens rabbins ont-ils modifié l’opinion du Talmud, en disant que Samuel aurait composé les chap. i-xxiv du I er livre, tandis que tout le reste serait l’œuvre des prophètes Gad et Nathan. Voir L. Wogue, Histoire de la Bible et de l’exégèse biblique, in-8 « , Paris, 1881, p. 26-27 ; K. Budde, Der Kanon des Alten Testaments, in-8°, Giessen, 1900, p. 23-27. C’est ce qu’ont pareillement admis d’assez nombreux commentateurs chrétiens, entre autres Sanchez, Bellarmin, Cornélius a Lapide. L’un des plus récents interprètes de I et II Rois, le P. von Hummelauer, Commentarius in libros Samuelis, in-8°, Paris, 1886, p. 9-24, a même cru pouvoir tracer plus nettement encore la part de chacun des auteurs qui auraient ainsi contribué à composer nos deux livres : l’histoire de Samuel, I Reg*, i-vii, aurait été écrite par ce prophète lui-même ; l’histoire de Saûl, I Reg., viu-xvi, ajoute-t-on, forme un document spécial, dû à la plume soit de Samuel, soit de Gad ; celle de David exilé, I Reg., xvii-xxxi, a certainement Gad pour’auteur à partir du chap. xxv, peut-être aussi le reste de ce récit ; l’histoire du règne de David, II Reg., 1-xx, paraît avoir été composée avant la mort du roi ; elle provientdu prophète Nathan. C’est sans doute aussi Nathan qui a réuni en un seul et même livre sa propre composition et celles de Samuel et de Gad. Les appendices, II Reg., xxi-xxiv, ont été ajoutés un peu plus tard, quoique assez promptement.

Cependant ce ne’sont là que des hypothèses plus ou moins ingénieuses. Comme on l’admet communément aujourd’hui, il est impossible de déterminer l’auteur définitif avec précision. Mais les théories qui, d’une manière ou de l’autre, aboutissent à une pluralité de rédacteurs sont condamnées par un argument irréfutable- : savoir, l’unité de fond et de forme qui règne dans toutes les parties du récit de I et II Samuel. « Si l’on examine de près la manière du narrateur, le style, le lien étroit et perpétuel qui unit tout l’ensemble, la juste disposition des parties entre elles, le but poursuivi et atteint dans le choix des matériaux, on découvrira dans tout le livre une unité qui n’aurait pas pu se rencontrer si trois livres (ou un plus grand nombre encore), écrits par différents auteurs, à différentes époques, avaient été réunis ensuite dans un même corps d’ouvrage. » R. Cornely, Manuel d’Introd. historiq. et a-itiq. à toutes les Saintes Écritures, trad. franc., in-12, Paris, 1907, t. i, p. 359. Voir aussi B. Welte, Einheitlicher Characier der Bûcher Samuelis, dans la Quartalschriftàe Tubingue, 1846, p. 183-215 ; D. Erdmann, Die Bûcher Samuelis, Bielefeld, 1875, p. 6-26 Clair, Les livres des Rois, Paris, 1879, t. i, p. 8-18.