Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/571

Cette page n’a pas encore été corrigée
1123
1124
ROI


des prophètes. Beaucoup de rois néanmoins, et même des meilleurs, abusèrent de leur autorité. La conduite de David à l’égard’d’Urie en est un exemple lamen-Wm

  • . ^^eg., "x, ’VIT ! . ïrtikmwsa *YsVAS*4e sas droits eu

aggravant les impôts et les corvées, pour satisfaire à ses goûts exagérés de constructions et de faste. Roboam ne voulut rien rabattre de la rigueur du gouvernement paternel et il fut cause du schisme. III Reg., xii, 3-19. Achab laissa condamner juridiquement l’innocent Naboth, afin de s’emparer de sa vigne. III Reg., xxi, 8-14. Athalie s’attribua par le crime une royauté à laquelle elle n’avait aucun droit. IV Reg., xi, 1-3— Joas se saisit de tout l’or du Temple pour éloigner Hazaël. IV Reg., xii, 18. Ozias, comme Saùl, voulut s’ingérer dans l’exercice du ministère sacerdotal. I Reg., an, . 9 ; II Par., xxvi, 16-19. Les rois d’Israël et la majeure partie des rois de Juda, à l’exemple de Salbmon, tolérèrent, favorisèrent ou pratiquèrent eux-mêmes l’idolâtrie, ce qui les constituait en opposition formelle avec le statut théocratiqne. Ils s’entouraient de prophètes courtisans, qui approuvaient leurs desseins et secondaient leur politique toute humaine. III Reg., xxii, 12-23 ; 1er., xxiii, 1-32 ; xxvii ; xxviii, etc. Plusieurs s’emportèrent contre les vrais prophètes du Seigneur et les maltraitèrent. Telle fut la conduite d’Achab à l’égard de Michéfe, II Par., xviii, 26, et d’ï.lie, III Reg., xviii, 7-17 ; xix, 2 ; celle de Joakim, qui brûla les prophéties de Jérémie, Jer., xxxvi, 23, etc. L’institution de la royauté Israélite paraît avoir été nécessaire pour assurer la cohésion de la nation et la mettre en état de se défendre contre des agresseurs puissants. Mais les rois d’Israël et de Juda eurent le tort de vouloir donner à leur royauté le caractère et l’indépendance des royautés environnantes. L’exemple de Salomon fut fatal à cet égard. Il entraîna comme conséquences la méconnaissance des conditions de la théocratie et la ruine du royaume lai-même. La protection de Jéhovah devait seule préserver l’existence de ce petit royaume situé au milieu d’empires puissants et hostiles. Cette protection finit par faire défaut, quand les rois et le peuple oublièrent Jéhovah pour mettre leur confiance dans les appuis humains et dans les idoles. C’est à cette prévarication persistante que les auteurs sacrés attribuent la ruine du royaume d’Israël, IV Reg., xvii, 7-23, et celle du royaume de Juda. IV Reg., xxiv, 2-3 VI. Revenu royal. — Il fallait aux rois des ressources considérables pour faire face aux dépenses qui s’imposaient à eux. Sans doute, ils n’avaient pas un budget d’État destiné à subvenir aux dépenses d’intérêt général. Mais l’entretien de leur cour étaitcoûteux. Les ressources leur venaient de différents côtés.

1° Les dons. — Il a toujours été d’usage en Orient que les sujets fissent des présents à leurs princes. Ces dons, volontaires en apparence, n’en sont pas moins de véritables impôts au paiement desquels nul ne peut se dérober. Sitôt que Saùl fut proclamé roi, on lui apporta des présents, et le nouveau prince fut assez habile pour ne pas prendre garde à ceux qui les lui refusaient. Son pouvoir était encore trop peu solide pour se permettre des exigences ou des rigueurs. I Reg., x, 27. Isaï envoya des présents à Saùl par son fils David. I Reg., xvi, 20. On en offrit à David, quand il s’exila de Jérusalem. II Reg., xvii, 28, 29. La coutume devint une institution régulière sous Salomon, auquel chacun offrait annuellement argent, or, vêtements, armes, parfums, chevaux et mulets. III Reg., iv, 21 ; x, 25. Nul doute que ses successeurs n’aient maintenu avec soin cette tradition. Ces présents venaient quelquefois aux rois de la part des princes. étrangers. II Reg., viii, 10-12 ; III Reg., x, 10 ; IV Reg., iii, 4.

2° Le butin. — Les guerres heureuses se terminaient toujours par le partage des dépouilles de l’ennemi. Voir Butin, t. i, col. 1976. Le roi en eut naturellement sa

bonne part. I Reg., xxx, 20. Après la prise de Rabbath, David enleva une couronne d’or du poids d’un talent avec un très grand butin. II Reg., xii, 30. Il faut avouer néanmoins que, par la suite, cette source de revenus ne fut pas très considérable. Les rois eurent plus à payer aux étrangers qu’à recevoir d’eux.

3° Les propriétés foncières. — Samuel avait prévu que les rois deviendraient de grands propriétaires, aux dépens de leurs sujets. I Reg., viii, 14. Déjà David a des champs et des ouvriers qui les cultivent, des vignes, des plantations d’oliviers et de sycomores, de riches prairies où paissent de nombreux troupeaux. I Par., xxvii, 25-31. Plus tard, Ozias possédait aussi de grands troupeaux, dans la plaine et sur la montagne ; des laboureurs et des vigneronscultivaient ses terres. II Par., xxvi, 10. Dans sa description de la Palestine idéale, Ézéchiel, xlv, 7-12, attribue au prince un domaine territorial, qui est son unique source de revenus. Le prophète fait ces remarques significatives : « Ce sera son domaine, sa possession en Israël ; et mes princes n’opprimeront plus mon peuple, ils laisseront le pays à la maison d’Israël… C’en est assez, princes d’Israël ! plus de violences ni de rapines ! » Le prophète ajoute plus loin, en faisant une allusion visible au cas de Naboth : « Le prince ne prendra l’héritage de personne en l’expulsant de sa propriété ; c’est de son propre domaine qu’il donnera un héritage à ses fils. » Ezech., xlvi, 18. Ces remarques indiquent assez de quelle manière s’accrut le domaine royal, surtout sous les princes impies et peu scrupuleux. Les propriétés, une fois acquises, ne sortaient. plus de ce domaine, parce que le propriétaire était en mesure de les défendre.

4° Les impôts. — Voir Impôts, t. iii, col. 852, Cf. I Reg., vm, 15 ; xvii, 25. Le produit des impôts ordinaires restait à la seule disposition du roi pour les dépenses de sa cour, ses constructions, etc. Ces impôts se payaient le plus souvent en nature. Am., v, 11 ; vii, 1. Salomon avait organisé tout un service pour que, chaque mois, un des douze districts palestiniens fournît le nécessaire à l’entretien du roi et de sa maison. III Reg., iv, 7-19. Les provisions de chaque jour étaient considérables. III Reg., iv, 22, 23,

5° Le commerce. — Salomon ne dédaigna pas de chercher dans le trafic une nouvelle source de revenus. III Reg., x, 14, 15, 28, 29. Ses entreprises maritimes tendaient au même but. III Reg., x, 22. Mais ses dépenses étaient telles que, vingt ans après la construction du Temple et du palais, il n’était pas capable de payer à Hiram ses fournitures de matériaux et ses avances.

II fut obligé de lui donner vingt villes en Galilée, ce dont le roi de Tyr se montra peu satisfait. III Reg., ix, 10-14. Josaphat tenta de renouveler les entreprises maritimes de Salomon, mais sans succès. III Reg., xxii, 49. La division du royaume eu deux parties hostiles ne dut pas être favorable aux tentatives commerciales des autres rois.

6° Les corvées. — Les rois faisaient travailler pour leur compte les peuples vaincus. II Reg., xii, 31 ;

III Reg., ix, 20-22. Voir Corvée, t. ii, col. 1032. Sansles traiter absolument comme esclaves, Salomon pressura fortement ses sujets pour l’exécution de ses grands travaux, III Reg., v, 13, comme le montre le mécontentement général à l’avènement de Roboam. III Reg., xii, 4, 14. — Les rois ne disposaient jamais de ressources trop grandes pour satisfaire à leurs besoins ou à leurs caprices. Il leur fallait tout d’abord subvenir à leur entretien et à celui de leur cour, puis faire digne figure à côté des autres rois orientaux, dont le luxe était sans mesure, IV Reg., xx, 13, établir les nombreux fils que leur donnait la polygamie, II Par., xi, 23, avoir des appartements d’hiver et d’été, Jer., xxxvi, 22 ; Am., iii, 15, des palais et des jardins magnifiques, des ustensiles d’or, des chars, des chevaux et tout ce qui constituait