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son abandon de Jéhovah et son culte « d’autres dieux et d’images de fonte. » Bien loin de lui faire un grief du schisme, il rappelle que Dieu même lui a donné le royaume arraché à la famille de David. Il faut conclure de là que la division du royaume en deux eût été conforme au plan divin, si le royaume d’Israël fût demeuré Adèle à Jéhovah. Élie et Elisée sont envoyés au royaume d’Israël, que Jéhovah ne cesse pas de traiter comme une partie de son domaine, et ils emploient tous les moyens, fléaux et miracles, pour faire prévaloir la volonté divine dans la politique des rois. Amos et Osée continuent ensuite leur œuvre. Isaïe commence la sienne en Juda, au milieu du viiie siècle. Michée est suscité à la même époque. Sous le roi Josias, une prophétesse, Holda, indique, de la part de Dieu, les conséquences qu’impose la découverte du livre de la Loi. IV Reg, , xxii, 15-20. Au siècle suivant, Jérémie annonce aux derniers rois de Juda les arrêts divins et s’efforce, mais en vain, de les détourner d’une politique qui les conduit à la catastrophe. Il est donc vrai de dire que les prophètes exercent une mission continuelle auprès des rois, pour maintenir en face d’eux les droits de la volonté de Dieu, redresser les abus, diriger la politique dans ses grandes lignes, surtout aux époques de crise, en un mot servir de contrepoids à un pouvoir royal qui ne fut que trop porté à secouer le joug de Jéhovah. Quelques prêtres seulement, comme Sadoe et Joïada, eurent à exercer une influence sur les rois. Mais le rôle du sacerdoce était surtout rituel ; le prophétisme constituait l’organisme voulu par Dieu pour maintenir effectivement les droits de la théocratie. Si les prophètes apparaissent assez souvent comme des messagers de malheurs, c’est qu’en Juda comme en Israël les prescriptions divines furent presque toujours transgressées.

2° L’administration — 1. Les rois avaient à gouverner leur royaume et à y, établir cet ordre, favorable aux intérêts généraux et particuliers, qui ne pouvait être obtenu à l'époque où « chacun faisait Ce qui lui semblait bon. » Jud., xxi, 24. Le roi Saùl, presque continuellement occupé par ses guerres, puis saisi d’un esprit mauvais, n’eut pas le loisir de s’occuper de l’organisation du pays. Cette organisation ne faisait pourtant pas défaut totalement ; car la Loi avait prévu l’essentiel et elle était obéie. Voir Anciens, 1. 1, col. 554. Lorsque David eut achevé la conquête de tout le pays, il se donna une capitale, Jérusalem, admirablement choisie, par sa situation, pour être d’une défense relativement facile. Il tint à ce que la capitale civile fût en même temps la capitale religieuse. Il y transporta l’Arche et prépara la construction du Temple unique où devait se célébrer magnifiquement le culte de Jéhovah. Il s’occupa d’organiser ce culte, I Par., xvi, 1-42 ; xxm-xxvi, puis mit des fonctionnaires à la tête des différents services civils du royaume II y avait des conseillers, des confidents plus intimes appelés « amis du roi », des intendants et des préposés à toutes les parties du domaine royal. I Par., xxvii, 25-34. Salomon développa cette organisation. Il institua les charges nécessaires au service du nouveau Temple, bâtit des villes, des magasins, des places fortes dans tout le pays, étendit le commerce, créa une flotte, réduisit à un esclavage laborieux les anciens Chananéens qui survivaient en Palestine et leur préposa des inspecteurs. II Par., viii, 3-10. Ces mesures devaient rendre le royaume puissant et prospère. Des causes d’ordre moral en paralysèrent bientôt l’effet. Sous Roboam, le pays se divisa en deux, au grand détriment de Juda et d’Israël. Les rois d’Israël cherchèrent à organiser leur royaume en se rapprochant de leurs voisins de Syrie et en affectant une hostilité presque constante contre leurs frères de Juda. Ainsi Achab laisse établir à Samarie des bazars syriens et lui-même établit des bazars israélites à Damas.

III Reg., xx, 34. Cependant Ochozias tente avec Josaphat, en vue d’une expédition maritime, une alliance qui ne


réussit pas. III Reg., xxii, 50. En Juda, l’administration salomonienne se maintient, bien que restreinte. Plusieursrois apportent une certaine activité dans leur gouvernement. Ils combattent de leur mieux, mais pas toujours avec succès, l’invasion de l’idolâtrie qui, ils le sentent bien, doit amener la ruine de la nation. III Reg., xv, 11-15 ; xxii, 43-45 ; IV Reg., xii, 1-3 ; xviii, 3-4, etc. Joas travaille à assurer le bon emploi des revenus du Temple. IV Reg., xii, 4-16. Ozias multiplie les constructions défensives et les travaux agricoles. II Par., xxvi, 9, 10. Ézéchias renouvelle les rouages vieillis dé l’ancienne administration, prend des mesures énergiques contre l’idolâtrie et cherche même à ramener au culte de Jéhovah les habitants laissés dans le royaume du nord. II Par., xxix, 3-xxxi, 21. Josias fait aussi quelques efforts pour remettre les choses en bon état.

II Par., xxxv, 10-25. Mais bientôt après lui survient la ruine. David et Salomon sont donc les deux grands initiateurs d’une administration rationnelle et puissante qui, immédiatement après eux, s’achemine déjà à la décadence.

3° Le pouvoir militaire. — Sur l’organisation des armées israélites, voir Armée chez les Hébreux, t. i, col. 971. Le roi était naturellement le chef de l’armée. Quand les israélites réclament un roi, c’est surtout pour qu’il marche à leur tête et méfie leurs guerres.

I Reg., viii, 20. Voir Guerre, t. iii, col. 361. Parfois, le roi commande en chef directement ; ainsi font Saûl, David, Achab, III Reg., xx, 14-15, Josaphat, III Reg., xxii, 29-36, etc. Le plus souvent, il confie la direction de la guerre à un ou plusieurs chefs. Le roi peut et doit entreprendre une guerre défensive. II le fait de sa propre initiative. I Reg., xi, 7 ; II Reg., viii, 1-14, etc Mais, quand la guerre est agressive ou que son issue est douteuse, le roi consulte Jéhovah avant de l’entreprendre, I Reg., xiv, 37 ; xxviii, 6 ; II Reg., v, 19, 23 ; ou bien il reçoit, par l’intermédiaire d’un prophète, l’ordre soit d’aller en avant, I Reg., xv, 3, 16 ; III Reg., xx, 28 ; IV Reg, , iii, 18, 19, etc., soit de ne pas engager la guerre. III Reg., xii, 24 ; xxii, 15-28. Parfois, le roi demande au préalable l’avis des anciens. III Reg., xxi, 7. Mais, avec le temps, les rois prennent l’habitude de se passer de tout conseil. Des guerres assez nombreuses sont entreprises sans qu’aucune consultation n’ait précédé. Les rois s’associent les uns avec les autres pour faire la guerre. Asa fait alliance avec le roi de Syrie, à prix d’argent, III Reg., xv, 18-22 ; Josaphat avec Achab, III Reg., xxii, 4, et avec Ochozias, II Par., xx, 35-37 ; Ochozias de Juda avec Joram d’Israël, IV Reg., vin, 28 ; Achaz avec Théglathphalasar, à prix d’argent, IV Reg., xvi, 7-9. Dieu intervient quelquefois pour régler le sort des vaincus, I Reg., xv, 3-33 ; IV Reg., vi, 20-23 ; d’autres fois, le roi dispose d’eux à son gré. IV Reg., vi, 31-34 ; ix, 24, 27 ; xiv, 13, 14, etc.

4° Le pouvoir judiciaire. — Le roi était le juge suprême auquel on s’adressait en dernier ressort ou même en première instance. II Reg., xv, 2-6. Voir Juge, t. iii, col. 1835. De là cette prière de Salomon : ((Accordez à votre serviteur un cœur attentif pour juger votre peuple, pour discerner le bien et le mal. Car qui pourrait juger votre peuple, ce peuple si nombreux ? »

III Reg., iii, 9. Sans doute, « juger » signifie principalement ici « gouverner » ; mais l’administration de la justice suprême était un des devoirs du gouvernement. Le pouvoir du roi était sans appel. Il avait le droit de faire grâce à ceux que la loi condamnait. II Reg., xiv, 11.

II pouvait aussi condamner à mort, sans autre information judiciaire, ceux qu’il jugeait coupables. II Reg., i, 15 ; iv, 12 ; xii, 5 ; III Reg., ii, 25, 29, 46.

5° Les abus de pouvoir. — Les tentatives de despotisme royal trouvaient un obstacle dans l’intervention du peuple, représenté par les anciens, II Reg., v, 3 ;

III Reg., xii, 3, 4 ; IV Reg., xi, 17, etc., et dans celle

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