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ROBOAM


votre joug pesant, je vous le rendrai plus pesant encore. Mon père vous a châtiés avec des fouets, je vous châtierai avec des scorpions. » III Reg., xii, 14. Ces paroles brutales frappèrent des esprits déjà prêts à la révolte. De tout temps, la tribu d’Éphraïm avait eu des prétentions à l’hégémonie de la nation.Voir Éphraîm (Tribu d’), t. ii, col. 1877-1878. La prise de possession de la royauté par la tribu de Juda lui avait causé un sourd mécontentement qui n’attendait qu’une occasion pour éclater.

237. — Iudhamatek. Karoak.

D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pi. 305.

L’Éphraïmite Jéroboam épiait cette’occasion. Il savait que la plus grande partie des tribus partageait plus ou moins expressément les idées d’Éphraïm, et d’ailleurs la prophétie d’Ahias l’avertissait que l’occasion attendue était non seulement proche, mais imminente. L’ensemble des faits montre assez qu’il était lui-même à la tête des mécontents et que ses mesures étaient prises pour exercer l’autorité suprême. La réponse de Roboam amena le dénouement fatal. La réaction contre la royauté de Juda fut nettement formulée : & Quelle part avons-nous avec David 1 À tes tentes, Israël ! » III Reg., xii, 16. Les actes succédèrent aux paroles. En vain Roboam envoya-t-il Aduram pour ramener les rebelles au devoir. Le choix du négociateur ne pouvait être plus malheureux ; car Aduram était préposé aux impôts et sa seule

présence devait exaspérer le peuple, en lui rappelant l’obligation la plus lourde’et la plus odieuse qui pesait sur lui. Aduram fut lapidé par toute l’assemblée. Puis Jéroboam fut proclamé roi d’Israël, la seule tribu de Juda restant fidèle au fils de Salomon, ainsi que celle de Renjamin, qui se trouvait territorialement dans la dépendance de la précédente.

Roboam ne crut pas au caractère définitif de la scission. Il s’imagina que, par la force, il remettrait toutes choses en état. II rassembla donc, dans les deux tribus qui lui restaient, une armée de 180000 combattants et se disposa à partir en guerre contre les tribus séparées. Mais Dieu même avait permis le schisme, en punition des infidélités de Salomon. III Reg., xi, 31-34. En son nom, le prophète Séméï vint signifier au prince qu’il eût à renoncer à une lutte fratricide et Roboam dut obéir. Le schisme fut ainsi consommé. Le nom de Roboam paraît vouloir dire « qui élargit le peuple » ; par une singulière ironie, il se trouvait que le fils de Salomon venait de diminuer le sien dans des proportions lamentables.

Malgré ce grave avertissem ent, la conduite de Roboam s’inspira des exemples de l’infidélité paternelle et peut-être aussi des leçons de l’Ammonite Naama. Toutefois, le prince commença par garder quelque réserve pendant les trois premières années, pour ne pas s’aliéner les prêtres, les lévites et les Israélites qui, du royaume du nord, s’étaient repliés sur Juda, afin de rester fidèles au culte de Jéhovah. Roboam avait pour épouse Mahalath, petite-fille de David. Il prit ensuite Abihaïl, d’après les Septante et la Vulgate, ici préférables au texte hébreu. Sa préférée fut Maacha, fille d’Absalom, dont il eut Abia, auquel il assura sa succession. Il eut d’ailleurs dix-huit femmes et soixante concubines, qui lui donnèrent vingt-huit fils et soixante filles. Pour éviter toute difficulté à Abia, il dispersa tous ses fils dans les villes fortes de Juda et de Benjamin et les y pourvut abondamment de tout ce qu’ils pouvaient souhaiter. II Par., xi, 13-23. Plusieurs de ces villes fortes étaient son œuvre. En toutes, il rassembla tout ce qui était nécessaire en vivres et en armes, et il mit ces places en parfait état de défense. II Par., xi, 5-12. On voit que Roboam s’attendait à quelque attaque. Plus sage qu’au début de son règne, il prenait ainsi d’utiles précautions contre un danger facile à prévoir, celui d’être pris entre deux ennemis qui s’entendaient évidemment contre lui, le roi d’Israël et le roi d’Egypte.

Rassuré sur ce point, Roboam en prit à son aise avec la loi de Jéhovah. Son peuple l’imita. L’impiété s’accentua dans Juda, les hauts-lieux et les idoles se multiplièrent dans le pays, les prostituées apparurent partout et toutes les anciennes abominations chananéennes reprirent faveur. III Reg., xiv, 22-24 ; II Par., xii, 1, 14. Ces infidélités appelaient le châtiment. « Il y eut toujours des guerres entre Roboam et Jéroboam. » II Par., xii, 15. Ce trait suppose un état continuel d’hostilité, se manifestant par des escarmouches intermittentes entre les guerriers des deux royaumes. Mais le coup le plus rude vint d’Egypte.

Sésac ou Schéschonq régnait alors sur les bords du Nil Étranger à la famille du prince qui avait donné sa fille en mariage à Salomon, voir Jéroboam, t. iii, col. 1301, il accueillit Jéroboam poursuivi par la colère du monarque de Jérusalem. Il suivit ensuite attentivement les événements qui se déroulèrent en Palestine. La cinquième année de Roboam, il se décida à intervenir à main armée. Nulle part n’est indiquée la cause de cette intervention. On croit généralement qu’elle fut provoquée par Jéroboam, l’ancien protégé de Sésac. Le pharaon monta d’Egypte avec une armée nombreuse et toute une suite de Libyens, de Sukkienset d’Éthiopiens. Il prit les villes fortes de Juda et parut devant Jérusalem. Là terreur fut grande dans la ville ; tous, roi et sujets, s’humilie-