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RHEGIUM — RHODES


1° Histoire de Rhégium. — Cette ville fut, à l’origine, une colonie qui paraît avoir été fondée entre les années 730 et 710 avant J.-C, par des Ioniens venus’de Chalcis en Eubée, Strabon, vi, p. 257, Diodore de Sic, xiv, 40, auxquels s’adjoignirent plus tard des Doriens qui avaient émigré de Messène, dans le Péloponèse, après l’issue malheureuse des deux guerres de la Sicile avec Sparte (710 et 630 avant J.-C). Son histoire fut d’ailleurs mêlée plusieurs fois, pour son propre malheur, à celle de Messine. Au vi « et au Ve siècle avant notre ère, Rhégium fut une cité importante, au commerce très florissant, grâce à son admirable situation maritime, qui faisait d’elle l’escale obligatoire des vaisseaux qui allaient du sud et de l’ouest de la Méditerranée vers Naples et vers Rome. L’an 387 avant J.-C, elle eut beaucoup à souffrir du tyran Denys I er de Syracuse, auquel, après un siège de plusieurs mois et une vive résistance, elle fut obligée de se rendre, pressée parla famine. Diodore de Sicile, xiv, 107-112. Elle se soumit à Rome un siècle plus tard (282 avant J.-C) ; mais, deux ans après, la garnison campanienne qu’elle avait introduite dans ses murs pour se défendre

232. — Quart d’as de Rhégium.

Têtes des Dioscures conjuguées à droite. — h). Mercure debout à gauche tenant son caducée et une corne d’abondance. PHriNQN. 90 avant J.-C.

contre Pyrrhus, se révolta et fît subir aux habitants de terribles violences. Les soldats rebelles ne furent réduits qu’en 270, avec l’aide des Romains, et exterminés sans pitié. Rhégium devint ensuite une civitas fce.derata, -c’est-à-dire une ville officiellement alliée avec Rome et gardant toute son autonomie, voir Marquardt, Organisation de l’empire romain, trad. franc., t. i, p. 60-61, et elle retrouva en partie sa prospérité d’autrefois. Néanmoins, elle ne devint un municipium proprement dit, c’est-à-dire une ville vraiment romaine, qu’au I er siècle avant notre ère. C’est à elle que venait aboutir la via Popilia, commencée en 132 avant J.-C, laquelle, au moyen de la via Appia, qu’elle rejoignait à Capoue, la mettait en communication directe avec les principales villes de l’Italie et avec Rome. Plus tard, elle reçut d’Auguste divers privilèges et le nom de Ju-Uum Rhégium. Ptolémée, III, i, 9. Au moyen âge, la ville partagea la fortune variée des empereurs byzantins et des Sarrasins. La Reggio moderne était une ville de plus de 30000 habitants et la capitale officielle de la Calabre ; mais la malheureuse cité a été détruite par un tremblement de terre dans la nuit du 28 au 29 décembre 1908.

2° Rhégium dans le Nouveau Testament. — Il n’est question de Rhégium dans la Bible qu’une seule fois, et d’une manière tout à fait occasionnelle. Le livre des Actes, xxviii, 13, nous apprend que le navire qui portait saint Paul, lors de son voyage à Rome pour comparaître au trihunal de l’empereur, toucha dans ce port, en allant de Malte à Pouzzoles. Ce vaisseau était -arrivé directement de Syracuse en longeant les côtes, itspieiôôvTîç, parce que le vent n’avait pas été favorable, ou mieux encore, peut-être, à cause des contre-courants qui sont fréquents dans le détroit de Messine. Cf. A. Trêve, Une traversée de Césarée de Palestine à Putéoles au. temps de saint Paul, Lyon, 1887, in-8°, p. 46. — Le récit des Actes ajoute, xxviii, 13, que le navire passa un jour entier dans le port de Rbégium, sans doute pour attendre le vent du sud, dont on avait

besoin pour franchir le détroit. Ce trait, et aussi le suivant, d’après leque la brise fut si favorable, qu’on alla de Rhégium à Pouzzoles en vingt-quatre heures, sont intéressants à noter, parce qu’ils démontrent la parfaite exactitude du narrateur. Dans l’antiquité, les vaisseaux devaient souvent attendre longtemps à Rhégium un vent qui leur permît de lutter contre les courants du détroit, très violents sur certains points. C’est précisément pour ce motif que la ville avait pris comme protecteurs les Dioscures, regardés comme les patrons des marins. — « En enlevant [il y a quelques années], à Reggio, les décombres d’une maison détruite par un tremblement de terre, on a découvert au-dessous les ruines d’un temple de Diane, dans l’atrium duquel saint Paul aurait prêché, d’après la tradition, en l’an 61, lors de son passage dans cette ville. » F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiq. modernes, 2= édit., in-12, Paris, 1896, p. 347. — Voir Kiepert, Alte Géographie, § 399, p. 462 ; W. Smith, Dictionary of Greek and Roman geography, t. ii, p. 703-706. L. Fillion.

    1. RHÉUM##

RHÉUM (hébreu : JRehûm, voir Rehum, col. 1024 ; Septante : 'Pïoju.)> un des prêtres qui revinrent de la captivité de Babylone avec Zorababel. IIEsd., xii, 3. Jl paraît être le même que celui qui est nommé, Harim (Vulgate, Haram), x, 15. Voir Harim 3, t. iv, col. 430.

    1. RHINOCÉROS##

RHINOCÉROS, grand mammifère herbivore, d’extérieur massif et difforme, et surtout remarquable par une corne qui se dresse à l’extrémité de son museau. Cette corne est pleine et doit probablement sa formation à une agglutination de poils. De là le nom de l’animal : p : vôç, « de nez », y.Épatç, « corne ». Il existe deux espèces de rhinocéros, celui des Indes et celui d’Afrique. Le rhinocéros indien est unicorne ; il vit solitairement dans les forêts les plas désertes, à proximitédes rivières ou des marais où il aime à se vautrer. Le rhinocéros africain vit dans les mêmes conditions ; mais derrière la corne principale, il en porte une seconde beaucoup plus courte. — Le rhinocéros n’est nommé que dans la Vulgate. Job, xxxix, 9. Dans ce passage, l’auteur sacré parle du re'êrn ou aurochs. Voir Aurochs, t. i, col. 1260. Les Septante ont traduit le mot hébreu par u.ovoxepu>{, « animal à une corne ». Voir Licorhe, t. iv, col. 244. Saint Jérôme a cherché à rendre le terme grec par le nom d’un animal n’ayant qu’une corne. Mais le rhinocéros n’a jamais dû être connu dans le voisinage de la Palestine, et d’ailleurs l’identification du re'êm avec l’aurochs n’est plus douteuse.

H. Lesêtre.
    1. RHODE##

RHODE (grec : 'Pô8r), « rosier » ; Vulgate : Rhode), nom de la servante de Marie, mère de Jean-Marc, à Jérusalem. Saint Pierre, délivré miraculeusement de la prison où l’avait enfermé Hérode Agrippa, alla frapper à la porte de la maison de Marie. Rhode, reconnaissant la voix de l’apôtre, fut si joyeuse de sa délivrance, qu’elle alla l’annoncer en courant, sans penser même à lui ouvrir, aux personnes qui étaient rassemblées là pour prier. Act., xii, 13-17.

    1. RHODES##

RHODES (grec : Tôoo ;  ; Vulgate : Rhodus), la plus célèbre des lies doriques, située dans la partie sud-est de la mer Egée, à 18 kilomètres et en face de la côte méridionale de la Carie, à l’angle sud-ouest de l’Asie Mineure, dont elle n’est séparée que par un détroit (fig. 233). On croit que son nom vient du mot pôSov, « rose », de sorte qu’il équivaudrait à Pays des roses.

1° Géographie de Vile. — L’Ile de Rhodes avait ; d’après (Pline, H. N., v, 36, une circonférence de 125 milles romains. Sa superficie est de 1460 kil. carrés. Quoique en partie rocheuse, elle avait autre-