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RÉSURRECTION DES MORTS — RËTHMA


vision béatifique, même avant la résurrection, à condition d’avoir été agréables au Seigneur, soit dans la vie, soit dans la mort, et d’avoir comparu devant le tribunal du Christ, qui traitera chacun selon ses mérites. II Cor., v, 1-10.. Cf. Cornely, II Epist. ad Cor., Paris, 1892, p. 137-154. Voir Jugement de Dieu, t. iii, col. 1840.

III..Les résurrections miraculeuses. — Plusieurs fois, par la puissance de Dieu, des morts ont été ressuscites, non dans les conditions qui se produiront à la résurrection générale, mais pour reprendre leur vie antérieure. — 1° Élie ressuscite le fils de la veuve de Sârepta.Voir Élie, t. ii, col. 1670-1671.— 2° Elisée opère ui> miracle semblable pour le fils de la Sunamite. Voir Elisée, t. ii, col. 1692-1693. — 3° Après la mort d’Elisée, le contact de ses ossements ressuscite un mort, lbid., col. 1696. — 4° Lorsque les disciples de Jean-Baptiste vinrent trouver le Sauveur pour se rendre compte de sa mission, celui-ci se contenta de leur faire constater l’accomplissement de deux prophéties d’Isaïe, xxxv, 5, 6 ; lxi, 1, concernant le Messie. Il y ajouta cependant deux traits que n’avait pas signalés le prophète : « Les lépreux sont purifiés, les morts ressuscitent. » Matth., xi, 5 ; Luc, vii, 22. Cette dernière affirmation était justifiée par la résurrection d’un jeune homme à Naïm, que Notre-Seigneur avait opérée quelque temps auparavant et dont la nouvelle avait ému Jean-Baptiste dans sa prison. Luc, vu, 14-19. Après la mort du précurseur, les merveilles accomplies par le Sauveur faisaient dire à plusieurs qu’il était Élie ou l’un des prophètes revenus à la vie. Hérode, poursuivi par ses remords, disait à ses courtisans : « Ce Jean que j’ai décapité, c’est lui qui est ressuscité des morts. » Matth., xiv, 1, 2 ; Marc, vi, 14-16 ; Luc, rx, 7-9. La résurrection d’un mort en particulier était alors une chose extraordinaire à la réalité de laquelle on n’opposait pas une incrédulité de parti pris. Cf. Hérodote, iii, 62.Notre-Seigneur, dans sa parabole du mauvais riche, fait demander par celui-ci la résurrection d’un mort, et Abraham répond que, même si un mort ressuscitait, les incrédules ne se rendraient pas. Luc, xvi, 27-31. — 5° La première résurrection opérée par le Sauveur est celle du fils de la veuve de Naïm. Voir Naïm, t. iv, col. 1471,

— 6° La seconde résurrection est celle de la fille de Jaïre. Voir Jaïre, t. iii, col. 1110. — 7° La troisième résurrection est celle de Lazare. Voir Lazare, t. iv, col. 139. Il y a une gradation voulue dans ces trois miracles, et plus la mort semble avoir pris possession de sa victime, moins Notre-Seigneur fait d’effort pour la lui arracher. À la jeune fille qui vient à peine de mourir, il prend la main et ordonne de se lever ; pour le jeune homme déjà porté en terre, il se contente de toucher le brancard avant de commander au mort de se lever ; pour Lazare mis au tombeau depuis quatre jours, il formule simplement un ordre. — 8° Après la mort du Sauveur, « les sépulcres s’ouvrirent et beaucoup de corps de saints qui étaient morts ressuscitèrent ; puis, sortant de leurs sépulcres après sa résurrection, ils vinrent dans la cité sainte et apparurent à un grand nombre. » Matth-, xxvii, 52, 53. Bien que l’Évangéliste rattache ces résurrections à la mort même du Sauveur, on est d’accord pour admettre qu’elles ne se produisirent pas avant celle de Jésus-Christ, « le premier-né d’entre les morts. » I Cor., xv, 20 ; Col., i, 18. Les sépulcres purent s’ouvrir au moment du tremblement de terre, Matth., xxvii, 51, mais les morts ressuscites n’ont pas eu à y rester vivants une quarantaine d’heures. Ils apparurent ensuite pour témoigner de la résurrection et, par conséquent, de la divinité de Jésus. Ils n’apparurent pas avec ces formes d’emprunt, comme celles dont se servent les anges, mais avec leurs vrais corps ; autrement l’ouverture de’leurs sépulcres n’aurait pas eu de raison d’être. Leurs corps étaient donc dans Fétat que décrit saint Paul, I Cor., xv, 35-44, pour les corps ressuscites. Il s’agit ici de saints personnages, proba blement morts assez récemment pour être connus de ceux auxquels ils se montrèrent. Saint Matthieu ne dit pas ce qu’ils devinrent à la suite de ces apparitions. Saint Augustin, Epist., CLXiv, 9, Ad Evod., t. xxxiii, col. 712, pense qu’ils retournèrent dans leurs tombeaux. Mais beaucoup d’autres croient qu’associés à la résurrection corporelle du Christ, ils l’accompagnèrent au ciel, en corps et en âme, au jour de son ascension. Cf. S. Ambroise, In Ps., i, 54, t. xiv, col. 951 ; Serm. lxi, 2, t. xvii, col. 729 ; S. Jérôme, Epist. cxx, 8, 2, t. xxii, col. 993 ; S. Épiphane, Hseres., lxxv, 8, t. xlii, col. 513, etc. La croyance de l’Église est que la même faveur a été accordée à la bienheureuse Mère du Sauveur. Voir t. iv, col. 801. — 9° À Joppé, saint Pierre ressuscite une chrétienne nommée Tabitha. Voir Tabitha.

— 10° Saint Paul opère aussi une résurrection. Voir Eutyque, t. ii, col. 2057. — Le Sauveur avait promis que ceux qui croiraient en lui feraient les œuvres qu’il faisait lui-même et de plus grandes encore. Joa., xiv, 12. Après les Apôtres, les saints, de temps en temps, ressuscitèrent des morts. Les résurrections racontées dans la Sainte Écriture ne peuvent être révoquées en doute. La mort avait eu des témoins, et, à supposer même qu’elle n’eût été qu’apparente, elle avait été précédée d’une maladie ou d’un accident dont les effets ne pouvaient disparaître instantanément sans intervention divine. Or, quand il n’y a que simple guérison de maladie, les écrivains sacrés savent bien le dire ; il faut les en croire quand ils racontent qu’il y a eu résurrection. Par conséquent, on ne doit pas entendre dans leur sens propre les paroles de Notre-Seigneur : « La jeune fille n’est pas morte, mais elle dort, » Matth., ix, 24, « Notre ami Lazare dort, » Joa., xi, 11, le sommeil en question n’étant autre que celui de la mort. Joa., xi, 13-15. De même, si saint Paul dit du jeune Eutyque, « son âme est en lui », Act., xx, 10, ce n’est pas que la mort fût apparente, mais parce que, par une intervention miraculeuse, il venait de ramener l’âme dans le corps. On remarquera d’ailleurs que tous ces miracles sont racontés avec une grande simplicité, sans la moindre préoccupation de faire valoir le prodige. Les auteurs sacrés se contentent de noter brièvement l’effet produit sur les témoins et sur les foules. Il est à croire que, s’ils avaient cédé à l’imagination, on trouverait dans toute la Bible plus de huit résurrections miraculeuses. Ils ne disent rien non plus de l’état psychologique dans lequel se sont trouvés les ressuscites pendant leur mort transitoire, de leurs impressions en revenant à la vie, des souvenirs qu’ils ont gardés, de ce qu’ils ont pu raconter, etc. Toutes ces choses étaient de pure curiosité et n’ajoutaient rien à la signification ni à la force probante du miracle. — Sur la résurrection spirituelle,

voir Régénération, col. 1020.

H. Lesêtre.
    1. RETHMA##

RETHMA (hébreu : Ritmah ; Septante : ’Paçapa), une des stations des Israélites dans la presqu’ile sinaïtique. Num., xxxiii, 18-19. Rethmæst la première des douze stations qui, après Haséroth, sont énumérées seulement dans le catalogue de Num., xxxiii, 18-31. Elle doit sans doute son nom aux plantes qui poussaient là en abondance, c’est-à-dire aux genêts, en hébreu rôfém. Voir Genêt, t. iii, col. 183. Le genêt abonde dans les déserts de l’Arabie et au sud de la Palestine. Les Arabes d’aujourd’hui dans leurs marches à travers le désert recherchent les bosquets de genêts pour y dresser leurs tentes, parce que ce sont les plus grandes et les plus remarquables de toutes les plantes du désert. Cf. Trochon, Géographie biblique, dans La Sainte Bible, Paris, 1894, t. ii, p. 68.

La ressemblance du nom a induit Robinson, Biblical Researches, Londres, 1856, 1. 1, p. 279, 299, à identifier Rethma avec l’ouâdi Abu Rétamât, une large vallée parsemée d’arbustes et de genêts, qu’on rencon-