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RÉSURRECTION DES MORTS


moments, » c’est-à-dire à l’époque et aux circonstances, Dan., Il, 21 ; Sap., viii, 8 ; Luc, I, 7, etc., l’Apôtre n’a pas besoin d’en écrire, car les Thessaloniciens savent très bien que « le jour du Seigneur vient ainsi qu’un voleur pendant la huit, » c’est-à-dire que, comme le voleur qui arrive soudain pendant la nuit, le Seigneur apparaîtra sans qu’on s’y attende. I Thess., v, 1-3. Cf. Matth., xxiv, 42-44 ; Luc, xiii, 3946 ; II Pet., iii, 10 ; Apoc, xvi, 15..— Éclairés sur ce point, les Thessaloniciens se laissaient émouvoir plus que de raison à la pensée d’un avènement imminent du Seigneur. Ils y étaient excités par de soi-disant révélations d’un esprit, et par des propos et des lettres que l’on colportait comme étant de saint Paul lui-même. L’Apôtre leur écrit de ne pas se laisser alarmer, puisque, avant le jour du Seigneur, doit apparaître l’Antéchrist. II Thess., il, 1-4. — Ces premières questions résolues, d’autres se posaient tout naturellement : « Comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ? »

I Cor., xv, 35. Les Corinthiens se préoccupaient de ces problèmes. Vivant au milieu de compatriotes que l’idée de résurrection faisait sourire, Act., xvii, 32, ils se heurtaient souvent, sans doute, aux objections multiples que l’incrédulité leur opposait, ou que faisait naître leur ignorance. Beaucoup se figuraient, comme les sadducéens, que les corps ne pouvaient ressusciter qu’avec leurs propriétés naturelles, ce qui soulevait des difficultés presque insolubles contre la possibilité de la résurrection. L’Apôtre commence par établir que le corps subira une transformation radicale, analogue à celle du grain qui meurt en terre et d’où sort une plante qui a une tout autre forme que la semence, en vertu de la puissance végétative que Dieu donne au végétal. De même Dieu rendra la vie au corps qui périt en terre. Mais, quand il s’agit du grain, ce qu’on sème « n’est pas le corps qui sera un jour. » Le corps de l’homme, au contraire, sera le même à la résurrection qu’au jour de la mort, avec cette différence que, semé dans la corruption, l’ignominie, la faiblesse, l’animalité, il ressuscitera incorruptible, glorieux, fort et spirituel. Il y aura cependant des degrés dans la perfection de cette transformation ; elle différera pour chacun comme diffèrent entre eux les corps, soit terrestres, soit célestes. Saint Paul attribue au corps ressuscité quatre propriétés : l’incorruptibilité, qui le rend impassible et le soustrait à toute cause d’altération et de mort ; cf. Apoc, vii, 16 ; la gloire, qui met en lui le reflet de la glorification de l’âme ; cf. Matth., xiii, 43 ; la vigueur et par conséquent l’agilité, qui permet au corps d’être totalement au service de l’âme au lieu de constituer pour elle une entrave ; la spiritualité, qui soustrait le corps aux lois régissant la matière, lui permet de vivre sans nourriture et l’assimile aux esprits dans toute la mesure possible. I Cor., xv, 36-44. Cette transformation est la conséquence de la régénération par le Christ. Adam a été créé « âme vivante » et ne put transmettre à ses enfants que ce qu’il avait par nature, un corps que l’âme devait animer ; par sa résurrection, le Christ est devenu « esprit vivifiant », associant son corps aux propriétés de J’esprit et produisant la même transformation dans ses fils adoptifs. Adanj, tiré de la terre, ne transmettait qu’une vie terrestre ; le Christ, venu du ciel, associe tout l’homme à la vie céleste. I Cor., xv, 45-50. C’est donc « le Seigneur Jésus-Christ qui transformera notre corps si misérable, en le rendant semblable à son corps glorieux, par sa vertu puissante qui lui assujettit toutes choses. » Phil., iii, 21.

II est nécessaire qu’il en soit ainsi pour que l’homme tout entier participe à la gloire future ; le séjour du ciel serait impossible à la chair et au sang, à ce qui est corruptible, par conséquent au corps non transfiguré.

— Les paroles qui suivent se présentent sous trois formes différentes dans les manuscrits : « .Nous ressusciterons

tous, mais nous ne serons pas tous changés ; — nous nous endormirons tous, mais nous ne serons pas touschanges ; — nous ne nous endormirons pas tous, mais-nous serons tous changés. » La première leçon ne se lit guère que dans la Vulgate ; la troisième est celle qui a le plus d’autorités pour elle. Les deux premières, d’ailleurs, concernent nécessairement la résurrection générale des bons et des méchants, tandis que, dans tout ce passage, saint Paul ne traite que de la résurrection des justes. L’Apôtre entend ici révéler un mystère, sur le sort de ceux qui seront vivants au moment de l’apparition du souverain Juge. Alors, en effet, Jésus-Christ viendra juger les vivants et les morts, comme le dit saint Pierre, Act., x, 42, et comme le répètent les symboles de foi catholique. Le mystère est celui du passagedirect à l’état glorieux des corps qui seront vivants à l’avènement du Christ. La transformation se fera « en un instant, en un clin d’oeil, au son de la dernière trompette. » La mort sera donc épargnée à la dernière génération des justes ; par la puissance de Dieu, ce qu’il y aura en eux de mortel sera absorbé par la vie.-II Cor., v, 4. Saint Paul parle ici de lui-même et de ses fidèles de Corinthe comme s’ils devaient être en vie quand la fin des temps se produira, Il répond ainsi à une question qui a dû être posée en ces termes : « Si l’avènement du Christ nous surprend encore en vie, qu’arrivera-t-il de nous ? » L’hypothèse qu’il examine ne doit s’appliquer ni à lui, II Cor., iv, 14, ni à ses lecteurs, mais seulement à ceux qui verront la fin du monde. Cette manière de parler à l’a première personne est familière à l’Apôtre, même dans le cas où il est absolument hors de cause, comme I Cor., vi, 14, etc. Quand donc la résurrection aura été accomplie dans les conditions que vient de décrire saint Paul, tant pour les vivants que pour les morts, ce sera le triomphe définitif sur la mort, à laquelle l’homme avait été soumis à cause du péché. I Cor., xv, 51-57. — Écrivant une seconde fois aux Corinthiens, saint Paul complète son enseignement. Il leur dit que, grâce à la persécution, nous portons « toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soif, aussi manifestée dans notre chair mortelle, … sachant que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi avec Jésus, et nous présentera à lui avec vous. » II Cor., iv, 10, 14. Nous avons ici-bas une tente qui doit être détruite, le corps qui sert d’habitation à l’âme ; mais Dieu nous réserve une maison qui est son ouvrage, « une demeure éternelle qui n’est pas faite de main d’homme, dans le ciel, » c’est-à-dire ce « corps ; spirituel », I Cor., xv, 44, construit sur le modèle de celui que Jésus a relevé pour lui-même. Joa., ii, 19. En attendant, « nous gémissons dans cette tente, dans l’ardent désir que nous avons d’être revêtus de notre demeure céleste, si du moins nous sommes trouvés vêtus » de notre corps, au moment de la parousie, « et non pas nus, » dépouillés de notre corps par la mort. « Car tant que nous sommes dans cette tente, nous gémissons accablés, parce que nous voulons, non pas ôter notre vêtement, i> c’est-à-dire mourir, « mais revêtir l’autre par-dessus, afin que ce qu’il y a de mortel soit englouti par la vie. » Tel doit être en effet le sort de ceux que l’avènement du Seigneur trouvera encore en vie ; leur désir est que « le corps lui-même, dit saint Augustin, Epist. cxl, 6, 16, t. xxxiii, col. 544, soit transféré, sans passer par la mort, de l’infirmité à l’immortalité. » Ce désir, inspiré par l’Esprit de Dieu, sera exaucé. Mais, sachant que, tant que nous habitons dans ce corps, nous sommes loin du Seigneur, que nous n’atteignons que par la foi et non par la vision bienheureuse, « nous aimons mieux déloger de ce corps et habiter auprès du Seigneur. » Les âmes dépouillées de ce corps, et non encore revêtues du corps ressuscité, habiteront donc près du Seigneur et jouiront de la,