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RÉSURRECTION DES MORTS
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acceptée comme irréfutable. Pour les docteurs, en effet, « celui qui dit que la résurrection des morts ne découle pas de la Loi, n’a aucune part au monde à venir. » Sanhédrin, x, 1. Là doctrine défendue par Notre-Seigneur était alors commune et particulièrement professée par les pharisiens. Aussi ces derniers se montrèrent-ils enchantés que le divin Maître eût péremptoirement réfuté les sadducéens. Matth., xxii, 33 ; Marc, xii, 28 ; Luc., - xx, 39.

3 3 Les affirmations des Apôtres. — Saint Paul écrit aux Romains, viii, 11 : « Celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels, à cause de son Esprit, qui habite en vous. » S’adressant aux Corinthiens, il s’élève contre ceux qui, parmi eux, disent qu’il n’y a point de résurrection des morts. I Cor., xv, 12. Cette négation provenait sans doute soit d’une source sadducéenne parmi les chrétiens d’origine juive, soit d’une source grecque parmi les autres. On sait comment les Athéniens accueillirent l’Apôtre quand il parla de résurrection. Act., xvii, 32. Saint Paul fail valoir les raisons suivantes pour démontrer la résurrection future. S’il n’y a pas de résurrection possible, le Christ lui-même n’est pas ressuscité, et si le Christ n’est pas ressuscité, c’est toute la foi des chrétiens qui croule, entraînant dans son désastre l’espérance du salut à venir. Or, le Christ est vraiment ressuscité, comme l’Apôtre l’a prouvé antérieurement, 1 Cor., xv, 3-8 ; donc il y a une résurrection possible. I Cor., xv, 12-18. Mais le Christ ressuscité est « les prémices de ceux qui se sont endormis, » c’est-à-dire le premier à passer par une condition qui sera celle des autres après lui. Il sera pour la résurrection ce qu’Adam a été pour la mort ; le sort du premier entraîne le sort de tous ceux qui lui sont unis. I Cor., xv, 2Q-28. Cf. Rom., VI, 5. S’il n’y avait pas de résurrection, il n’y aurait plus de raison d’être dans tout ce qu’on fait pour les morts, ni dans les graves périls auxquels l’Apôtre s’expose pour ses fidèles. La seule règle de vie se résumerait en deux mots : « Mangeons et buvcns. » I Cor., xv, 29-34. Cf. Sap., ii, 1-9. Cette argumentation ne prouve la résurrection qu’en faveur des chrétiens ; mais saint Paul n’avait pas besoin de prouver davantage à ses fidèles .de Corinthe. La dernière raison ne vaudrait qu’en faveur de l’immortalité de l’âme. La thèse générale n’en est pas moins bien démontrée, parce que l’idée de résurrection était liée intimementà celle d’immortalité, et que précédemment l’Àpôtre a présenté Jésus-Christ ressuscité en corps et en âme comme le typé auquel seront conformés les fidèles. — Dans sa seconde lettre aux Corinthiens, saint Paul affirme encore la résurrection, « sachant que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi avec Jésus, et nous présentera à lui avec vous. » II Cor., iv, 14. Il dit aux Philippiens, iii, 10, 11, qu’il s’efforce d’acquérir la justice par la foi dans le Christ, « afin de le connaître, lui et la vertu de sa résurrection, et d’être admis à la communion de ses souffrances, en lui devenant conforme dans sa mort, pour parvenir, si je le puis, à la résurrection des morts. » À Timothée, il signale « Hyménée et Philète, qui se sont éloignés de la vérité en disant que la résurrection a déjà eu lieu, et qui renversent la foi de plusieurs. » II Tim., Il, 18. Ces hérétiques préludaient à l’erreur des sectaires qui prétendirent plus tard qu’il n’y aurait pas de résurrection corporelle, la seule vraie résurrection consistant à passer de l’erreur à la vérité. Cf. S. Irénée, Adv. hmres., Il, 31, t, vii, col. 825 ; Tertullien, De resur. carn., 19, t. ii, col. 820. — L’Épitre aux Hébreux, vi, 2, range la résurrection des morts au nombre des premiers éléments de la doctrine chrétienne. — Saint Jean appelle « première résurrection » la première phase de la vie éternelle, celle qui va de la mort du juste à la résurrection des corps. Apoc, xx, 5, 6. Il parle ensuite

de la résurrection des morts en se servant des termesdu Livre d’Hcnock, Ll, 1, 2 : « La mer rendit ses morts, la mort et l’enfer rendirent les leurs, et ils furent jugéschacun selon ses œuvres. » Apoc, xx, 13. — Dès l’origine, tous les symboles chrétiens professent la foi en la « résurrection de la chair. » Cf. Denzinger, Enchiridion, p. 2-11. Les artistes chrétiens ont aimé à reproduire ce sujet dans leurs représentations des événements de la fin du monde.

4° Mode de la résurrection. — Saint Paul traite cette question pour la première fois dans sa première Epître aux Thessaloniciens, IV, 13 ; v, 3. Les fidèles de Thessalonique croyaient à la résurrection future ; mais, se figurant que cette résurrection allait se produire dans un avenir très prochain, ils se demandaient avec anxiété de quelle manière elle s’accomplirait, pour leurs mortset pour enx-mêmes. Saint Paul leur répond, mais il ne traite que de la résurrection des justes, les seuls qui soient ici en question. On n’a pas le droit d’en tirer cette conséquence que l’Apôtre adoptait la théorie juive qui n’admettait à la résurrection que les justes seuls-Lui-même a déclaré formellement « qu’il y aura unerésurrection des justes et des pécheurs. i> Act., xxiv, 15. II se préoccupe ici d’établir la parfaite égalité des morts et des vivants devant le Christ, quand il apparaîtra pour juger les hommes et établir son règne triomphant. Tousensemble, vivants et morts, seront introduits par lui dans la vie bienheureuse. Ceux qui c se sont endormis » ne seront donc pas laissés de côté ou ne verront pas différer indéfiniment le temps de leur bonheur. Par conséquent, les Thessaloniciens doivent se consoler, au lieu de s’affliger comme ceux qui n’ont pas d’espérance et pensent que la mort les sépare à tout jamais les uns. des autres. La résurrection du Sauveur est le gage que les fidèles qui ne sont plus lui seront réunis un jour.1 Thés-, iv, 13-14. Voici d’ailleurs comment les choses se passeront ; saint Paul l’enseigne « d’après la parole du Seigneur, » c’est-à-dire d’après la doctrine du divin Maître, telle qu’il l’avait reçue lui-même. Cf. I Cor., xi, 23. « Nous, les vivants, laissés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. » Saint Paul parle ici comme s’il devait être au nombre de ceux qui verront la résurrection de leur vivant même. S’exprime-t-il ainsi pour entrer dans l’hypothèse des Thessaloniciens qui croyaient la parousie prochaine, ou pour rendre son explication plus topique en se mettant lui-même en scène avec ses lecteurs ? Plusieurs admettent cette seconde explication, en alléguant que saint Paul use souvent de ce procédé de langage . I Cor., vi, 14, etc. Cf. Cornely, 1 Epist. ad Cor., Paris, 1890, p. 510. Voir Fin du monde, t. ii, col. 22752276.

Mais, quel que soit le point de vue auquel se placel’Apôtre, son enseignement sur les conditions de la résurrection ne s’en impose pas moins. « Au signal donné, , à la voix de Farchange, au son de la trompette divine, I Thess., iv, 16, le Seigneur lui-même descendra du ciel, » Matth., xxiv, 30 ; xxvi, 64 ; Marc, xiii, 26 ; xiv, . 62 ; Luc, xxi, 27 ; Act., i, 11, c’est-à-dire apparaîtra pour procéder au jugement des hommes. Alors, « ceux qui sont morts dans le Christ, » c’est-à-dire dans sa grâce, « ressusciteront d’abord, » tcoùtov, leçon préférée à TcotûTot, « les premiers », qui se lit dans un bon nombre de manuscrits. « Puis nous, qui vivons, qui sommes restés, nous serons emportés avec eux sur les. nuées à là rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons pour toujours avec le Seigneur. » I Thess., , iv, 16-17. Pour être ainsi transportés, les corps des vivants devront subir #u préalable la transformation que saint Paul décrit ailleurs. I Cor., xv, 35-57. L’Apôtre n’ajoute rien sur le jugement et l’entrée au ciel, parce que les Thessaloniciens n’avaient pas besoin d’être renseignés sur ces questions. « Quant aux temps et aux.