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REPUDIATION — RESEN


motifs suffisants. D’autre part, l’acte de répudiation n’énonçait pas les causes delà répudiation, ce qui aurait pu nuire à la femme en mettant obstacle à un mariage ultérieur ; mais il établissait officiellement son état libre, de telle sorte qu’aucun reproche ne pouvait lui être adressé au cas où elle se remariait. On a un spécimen de cet acte, au moins pour l’époque talmudique, t. ii, col. 1449. Au temps de Notre-Seigneur, il était en usage, conformément à la loi. Matth., v, 31 ; xix, 7 ; Marc, s, 4. Les prophètes le mentionnent. Isaïe, l, 1, dit que Dieu n’a point donné d’acte de répudiation à Sion, ce qui signifie qu’il ne s’est pas séparé de Juda sans retour. Jérémie, ii, 8, dit au contraire qu’il a donné cet acte à Israël. — À Babylone, la répudiation était prévue par le code d’Hammourabi. Quand un mari répudiaitsa femme ou sa concubine, il devait luirendre sa dot, son trousseau, une part d’usufruit, si elle avait des enfants, ou lui donner une certaine somme d’argent. Art. 137-140. Mais si sa femme s’était mise dans son tort par sa mauvaise conduite, il suffisait à son mari de dire : « Je la répudie, » et il la renvoyait sans aucun « prix de répudiation, » Art. 141. Cette formule : « Je la répudie » suppose que l’affaire se traitait devant des témoins ou des juges. Du reste, le mariage célébré sans contrat n’était pas regardé comme valide. Art. 128. La logique demandait donc que la rupture du mariage fût aussi attestée par une pièce quelconque. L’époux renvoyait la femme à son père avec un acte constatant que l’union était dissoute. Aux époques anciennes, la répudiation était même accompagnée d’un certain cérémonial. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 736, 737.

H. Lesêtre.
    1. RÉPUTATION##

RÉPUTATION (hébreu : i&m, « nom » ; Septante : ovo[ia xaXôv ; "Vulgate : nomem bonum), jugement qu’inspire la conduite d’un homme. — Ce jugement n’est pas indifférent, dans l’intérêt même de l’humanité au milieu de laquelle la vertu aura d’autant plus d’influence qu’elle sera plus estimée. Aussi osl-il dit :

(Bonne) renommée vaut mieux que grandes richesses, L’estime a plus de prix que l’argent et l’or. Prov. ; xxii, i.

L’Ecclésiaste, vii, 2, met la bonne réputation au dessus d’un bon parfum. De là, l’opportunité du conseil suivant

Prends soin de ta réputation,

Bien plus durable pour toi que mille grands trésors ;

On compte les jours d’une bonne vie,

Mais un beau nom demeure à jamais. Eccli.. XLI, 15-16.

Pour s’acquérir un nom, on entreprend parfois des actions difficiles. I Mach., iii, 14 ; v, 57 ; vi, 44. — La réputation est mise en danger par les mauvais propos, Voir JuGMENT téméba.yrï, , t. iii, col. 1845’, Médisance. t. iv, col. 926. On est alors en droit de la défendre. Jos., xxii, 22 ; I Reg., i, 15 ; III Reg., xviii, 18 ; Jer., xxxvii, 12 ; etc. — Saint Paul veut qu’on se préoccupe de faire le bien, non seulement devant Dieu, mais aussi devant les hommes. Rom., xii, 17 ; II Cor., viii, 21. Il s’agit en effet, en pareil cas, de l’honneur de Dieu et de celui du nom chrétien. Cette recommandation n’est pas opposée à celle de Notre-Seigneur, qui ne veut pas qu’on imite l’ostentation des pharisiens, Matth., vi, 1-5 ; elle est, au contraire, conforme à l’ordre qu’il donne à ses disciples : « Que votre lumière brille devant lësf hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » Matth., v, 16. Saint Pierre insiste énergiquement sur cet enseignement : « Ayez une conduite honnête au milieu des gentils, afin que, sur le point même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ils arrivent, en y regardant bien, à glorifier Dieu pour vos bonnes œuvres au jour de sa visite… Que nul d’entre vous ne souffre comme meurtrier, comme voleur ou malfaiteur, ou comme avide du bien d’autrui. Mais s’il souffre comme chrétien, qu’il n’en ait pas honte, qu’il glorifie

plutôt Dieu pour ce nom même. » I Pet., ii, 12 ; iv, 1516. Ce n’est donc pas pour sa propre gloire, c’est pour la gloire de Dieu et de sa foi que le chrétien doit

veiller sur sa réputation.

H. Lesêtre.

RÉSA (grec : *Pri<rà), fils de Zorobabel, et père de Joanna, un des ancêtres de Notre-Seigneur, dans la généalogie de saint Luc, iii, 27. Son nom ne figure pas dans I Par., iii, 19-21, non plus que celui de Joanna (voir t. iii, col. 1155), parmi les descendants de Zorobabel. On a proposé d’identifier Résa avec Raphaïa 5. Voir col. 976.

    1. RESCH##

RESCH,-i, nom de la vingtième lettre de l’alphabet hébreu, exprimant la consonne r. Le P grec, d’origine phénicienne, est cette lettre retournée et de là vient

aussi le R latin. La forme phénicienne est a’Q, 4. Elle semble provenir de l’hiéroglyphe égyptien <= », ro, « bouche », qui, en hiératique, était devenu q, voir Alphabet, t. i, col. 405-412, mais la lettre phénicienne prit le nom de -àvn, qui a la même signification que tfrii, « tête », parce que les Phéniciens virent une certaine ressemblance entre la forme qu’ils donnèrent à ce caractère et la forme de la tête et du cou. Le resch est en hébreu une lettre gutturale, qu’on prononçait ordinairement du gosier, en même temps qu’une lettre liquide. Elle permute parfois avec le lamed (les lettres l et r se confondent en égyptien). Les Septante et la Vulgate rendent naturellement le resch par r dans les noms propres : Rama, etc.

    1. RÉSEN##

RÉSEN (hébreu : résên ; Septante : a<rï ; Codex Alexandrinus : Aidsji. ; Codex Bodleianus Geneseos : Aàsev), ville d’Assyrie, entre Ninive et Chalé. Elle est mentionnée seulement dans Genèse, x, 12, où elle est qualifiée de « la grande ville ». La Vulgate attribue sa fondation à Assur, le texte hébreu s’interprète naturellement dans le même sens, quoique plusieurs l’entendent de telle sorte que Résen est une ville de l’empire de Nemrod. — L’identification de Résen est jusqu’ici incertaine. C’est parmi les tells de ruines, qui s’échelonnent entre Koyoundjik et Nebi-Younous (Ninive) et Nimroud (Chalé), qu’il faut chercher l’emplacement de la grande Résen. Eb. Schradér, Die Keilinschriften und das alte Testament, 2e édit., 1883, p. 100 ; C. P. Tiele, Babylonisch-Assyrische Gesckichte, Gotha, 1886, p. 90 ; A. Jeremias, Das alte Testament im Lichte des alten Orients, Leipzig, 1906, p. 274. Ceux de Selâmîdje, au nord et à environ quatre heures de Nimroud, où se voient encore des vestiges d’une enceinte de plus de cinq kilomètres de pourtour, s’appuyant au Tigre, semblent avoir retenu les préférences des assyriologues. J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, 1874, p. 59 et pi. Il ; Lycklama a Nijeholt, Voyage en Russie, au Caucase et en Perse, Paris, 1875, t. IV, p. 172 ; Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? Leipzig, . 1881, p. 261. On a aussi proposé, dans les mêmes limites, , d’autres tells : ceux de Yàremdjéh, à trois milles anglais de Ninive, dont l’importance a été jugée insuffisante, H. Rassam, Biblical nationalises, dans les Transactions of the Soc. ofBibl. Arch., t. viii, 1885, p. 364-365 ; Frd. Delitzsch, dans Real-Encyklop., 2e édit., t. x, 1882, p. 598 ; et ceux de Keremlis, peut-être trop à l’est de Ninive, ainsi que ceux de Karakouch, qui sont dans le sud-est de la même ville. J. Oppert, Expédition en Mésopotamie, t. ii, p. 82. Une opinion récemment émise et qui s’écarte du cadre fixé par la Genèse, est celle qui veut établir l’équivalence : Résen=Nisin=Larissa. Elle propose de reconnaître Résen=Nisin, ville dénommée d’après la Nisin chaldéenne, à l’est du Tigre et dans les environs de Bagdad. F. Homme], Grundriss der Géographie des Alten Orients, 1904, 1. 1, p. 295, 297 ; A. Jeremias, loo.