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RÊNES — REPAS


l'étang de Samarie les rênes ensanglantées duchard’Achab. Dans l’hébreu et les Septante, il est seulement dit que « les courtisanes se baignèrent » dans cet étang où l’on avait lavé le char royal. III Reg., xxii, 38. — Nahum, ii, 3, parlant de l’armée qui s’avance contre Ninive, dit que « l’acier des chars étincelle. » D’après les Septante, « les rênes de leurs chars seront en désordre, » et d’après la Vulgate, « les rênes de son char sont de feu. » — "Voir Harnais, t. iii, col. 431..

H. Lesêtre.

RENONCEMENT (hébreu : 'dzab, « laisser » ; Septante : x «  « Xe ! ic<i), occupa, Vulgate : relinquo), abandon volontaire, pour un motif supérieur, des personnes ou des choses auxquelles on tient le plus. — Parfois, le motif est purement humain. Ainsi l’homme abandonne son père et sa mère pour s’attacher à son épouse. Gen., ii, 24 ; Marc, x, 7 ; Eph., v, 31. Ruth renonce à son peuple pour suivre Noémi. Ruth, i, 16. Elisée quitte tout poursuivre Élie. III Reg., xix, 20-21. —Mais le renoncement le plus parfait est celui que l’on s’impose pour obéir à Dieu et le servir. Abraham renonce à son pays, à sa famille et à la maison de son père pour obéira l’ordre divin. Gen., xii, 1. Moïse renonce au titre de (ils de la fille du pharaon, préférant l’opprobre du Christ à tous les trésors de l’Egypte. Heb., xi, 24-26 ; Exod., Il, 15. Il est dit du Lévite qu’il n’a pas vu son père et sa mère, qu’il n’a pas reconnu ses frères et qu’il ne sait rien de ses enfants, Deut., xxxiii, 9, parce que, pour venger l’honneur du Seigneur après l’adoration du veau d’or, la tribu de Lévi n’a pas craint de frapper les coupables, sans égard pour les liens de parenté ou d’amitié. Exod., xxxil, 27-29. — Dans le Nouveau Testament, le renoncement devient une des conditions nécessaires à la perfection. Luc, xiv, 33 (oraotàaaw, renuntio). Pour suivre Notre-Seigneur, les Apôtres renoncent à tout : Pierre et André quittent leurs filets, Matth., iv, 20 ; Marc, i, 18, Jacques et Jean abandonnent leurs filets et leur père, Matth., iv, 22 ; Marc, i, 20 ; Luc, v, 11, le publicain Matthieu laisse là son comptoir. Matth., îx, 9 ; Marc, ii, 14 ; Luc, v, 28. Plus tard, saint Pierre rappelle, au nom de tous, qu’ils ont tout quitté, et il demande quelle sera leur récompense. Le Sauveur répond que ceux qui, par amour pour lui et à cause de l'Évangile, ont tout quitté, maison, frères, sœurs, père, mère, épouse, enfants, champs, auront le centuple en ce monde même et ensuite la vie éternelle. Matth., xix, 27-29 ; Marc, x, 28-30 ; Luc, xviii, 28-30. Pour aller avec le divin Maître, il faut renoncer à soi-même, prendre sa croix et le suivre. La première conséquence de ce renoncement {àTiapvifaaaOai, àpvTJaaaSat, abnegare), consiste à ne pas tenir à sa vie plus qu'à tout, car la sacrifier pour Dieu et pour l'Évangile, c’est la sauver, tandis que vouloir la sauvera tout prix serait la perdre. Matth., xvi, 24-25 ; Marc, viii, 34-35 ; Luc, ix, 23-24 ; Joa., xii, 25. Il faut encore être prêt à abandonner tout ce qui peut être une occasion de péché, fût-ce l'œil, le pied ou la main, c’est-à-dire ce à quoi on tient le plus intimement. Matth., v, 29-30 ; xviii, 8 ; Marc, ix, 46-48. De plus, chez celui qui se renonce pour suivre Jésus, l’amour du divin Maître doit surpasser l’amour du père, de la mère, de l'épouse, des frères et des sœurs. Luc, xiv, 26-27. Enfin, on ne peut à la fois servir Dieu et l’argent. Matth., VI, 24 ; Luc, xvi, 13. Sous la loi nouvelle, bien plus encore que sous l’ancienne, il est nécessaire de ne pas attacher son coeur aux richesses Ps. lxii (lxi ; , 11. Le renoncement aux biens de ce monde doit devenir effectif pour quiconque veut atteindre la perfection évangélique. Matth., viii, 19-20 ; xix, 21 ; Marc, x, 21 ; Luc, ix, 57-62 ; xviii, 22. — Saint Paul prêche le renoncement à ses fidèles et veut qu’ils usent de toutes les choses de ce monde comme n’en usant pas, c’est-à-dire avec un complet

détachement. I Cor., vii, 29-31. Lui-même a renoncé à tous les avantages temporels qui résultent de son passé, pour se donner totalement au Christ. Phil.,

m, 4-9.

H. Lesêtre.
    1. REPAS##

REPAS (grec : apt<rrov, Setnvov ; Vulgate : prandium, cœna), acte par lequel l’homme pourvoit à son alimentation.

1° Heure des repas. — L’hébreu n’a pas de substantif pour désigner le repas ; il emploie habituellement le verbe 'âkal, « manger », qui, par lui-même, ne donne aucune indication sur le temps ou sur la manière. Il' nomme un repas de fête qui consistait surtout à boire, mistéh, littéralement cowpotafio. Dans le Nouveau Testament, on trouve joints ensemble deux noms de repas, â'ptorov r, fotuvov, prandium aut cœnam. Luc, xiv, 12. Chez les Grecs, comme chez les Latins, le premier de ces deux termes se rapportait au repas qui se fait vers le milieu du jour ; le second désignait le repas de l’après-midi ou du soir. Le repas du milieu du jour est mentionné plusieurs fois, Gen., xviii, 1, 8 ; Ruth., ii, 14 ; III Reg., xx, 16 ; Matth., xxii, 4 ; Luc, xi, 38 ; xiv, 12, etc. CF. Josèphe, Vita, 54 ; il est également question de celui du soir, Gen., xix, 1, 3 ; Ruth, m, 7 ; Matth., xxrn, 6 ; Marc, vi, 21 ; Luc, xiv, 16 ; Joa., XII, 2 ; xiii, 2, 4 ; xxi, 20. Sous ce rapport, les Juifs suivaient à peu près l’usage du monde grec et prenaient deux repas principaux qui, selon les circonstances, avaient plus ou moins d’importance. On voit en effet qu’ils invitaient aussi bien à l’un qu'à l’autre. Luc, xiv, 12. Le repas que Notre-Seigneur ressuscité prépara à ses Apôtres au bord du lac, Luc, xxi, 9-13, n’est pas l’indice d’un déjeûner habituellement pris dès le matin. Il était très naturel que des hommes quiavaient travaillé toute la nuit prissent quelque chose dès la première heure. Il se trouva aussi nn jour que NotreSeigneur eut faim le matin et s’approcha d’un figuier pour y chercher un fruit. Matth., xxi, 18, 19. Mais, en général, « l’Oriental mange peu avant le milieu du jour ; les nomades, les travailleurs, ne prennent le matin qu’un morceau de galette, et s’en passent pour un rien. Dans les villes et ailleurs, l’usage est de ne prendre avant midi qu’une petite tasse de café noir sans pain, tasse si petite qu’elle peut servir de coquetier ; elle ne tient que 25 à 30 grammes. Même au collège les enfants sont assez indifférents au déjeûner du matin. Il semble qu’autrefois les Juifs étaient encore plus sobres avant midi. Ne lisons-nous pas dans l’Ecclésiaste, x, 16 : Malheur au pays dont les princes mangent le matin ! Du reste, chez les Juifs, ne rien prendre avant midi n'était pas jeûner. » Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 274. Voir Jeûne, t. iii, col. 1531. D’une remarque de saint Pierre, Act., ii, 15, il résulte même qu’un Juif ne se serait ïpas permis de se restaurer avant la troisième heure ou neuf heures, moment où l’on offrait le sacrifice perpétuel dans le Temple. — Sur les repas plus solennels, voir Festin, t. ii, col. 2212.

2° Manière de les prendre. — Avant le repas, on commençait par prendre toutes les précautions réclamées par les lois de pureté, et invariablement on se lavait les mains. Voir Laver (Se) les mains, t. iv, col. 136. — La prière précédait et terminait tous les repas. Elle était récitée par le chef de la famille, à condition qu’on fût au moins trois, autrement chacun la disait pour son compte. Tous y étaient obligés, même les femmes, les esclaves et les enfants. Berachoth, iii, 3, 4. Celte obligation découlait d’un texte de la Loi. Deut., viii, 10. Le Sauveur et les Apôtres ne manquaient pas de se conformer à un usage si justifié. Matth., xiv, 19 ; xv, 36 ; Luc, ix, 16 ; Joa., vi, 11 ; Act., xxvii, 35 ; Rom., xiv, 6 ; I Tim., iv, 3-5. Les docteurs, vers l'époque de Notre-Seigneur, avaientréglé minutieusement ce qui