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REMORDS — RENAN

missant dans le serrement de leur cœur : À quoi nous a servi l’ogueil ? » Sap., v, 3, 8. Il est répété en plusieurs passages que le feu et le ver seront le châtiment de l’impie. Is., lxvi, 24 ; Judith, xvi, 21 ; Eccli., vu, 19 (17) ; Marc, ix, 43, 45, 47. Pour beaucoup d’interprètes, le ver désigne métaphoriquement le remords qui ronge l’âme du damné. Tout en admettant cette explication, saint Augustin, De civ. Dei, xxi, 9, t. ai, col. 723, croit que le ver peut aussi se rapporter au supplice corporel. H. Lesêire.

REMPART. "Voir Mur des villes, t. iv, col. 13401342.

    1. REMPHAM##

REMPHAM, nom difficile à interpréter, qui, dans notre version latine, apparaît seulement au livre des Actes, vii, 43. Le diacre Etienne, reprochant à ses coreligionnaires les perpétuelles infidélités de leurs ancêtres à l’égard du Seigneur, leur dit, faisant un emprunt à Amos, v, 26 : « Vous avez porté (durant vos pérégrinations à travers le désert de Pharan) le tabernacle de Moloch et l’astre de votre dieu Rempham, figures que vous avez faites. » — Comme d’autres noms propres, ce mot est écrit de bien des manières dans les anciens manuscrits grecs du Nouveau Testament : ’Pe(içà(i, d’après D et la Vulgate ; ’Pe^çcc, dans le manuscrit 61, l’arménien, Origène et divers manuscrits latins ; .’PEjiçpàv, dans le syriaque et d’autres manuscrits latins ; ’Poytçav, dans le Cad. Sinaitic, le minuscule 3, etc. ; ’Po[j.çï, dans B et d’autres documents ; ’Pacpiv, dans saint Justin, Dial. cum Tryph., 22, édit. Archambault, t. i, 1909, p. 98 ; ’Paiçiv ou "Peçiv dans C, E, les versions égyptiennes et éthiopiennes.’Pcuçàv paraît être la leçon la mieux accréditée. Voir Westcott et Hort, The New Testament in the original Greek, in12, t. ii, Cambridge, 1882, p. 92 des notes. — Si du texte grec des Actes nous passons à la traduction d’Amos par les Septante, nous rencontrons des variantes analogues : Complute : TPEfiçà ; Q, ’Pecpàv ; À et B ont’Pcaçotv. Or, ’Paupâv, dans Amos, v, 26, correspond au mot hébreu JV3, Kîyyûn, et il n’est guère douteux que, d’une part,

la leçon des Septante, et de l’autre, la vocalisation des Massorètes, ne soient fautives. On croit généralement aujourd’hui que’Pottcpâv est la corruption de Kaijpœv, et que l’hébreu doit se prononcer Kêvdn (p>3). —

D’après l’opinion la plus généralement admise aujourd’hui, Kévân serait le nom d’une divinité chananéenne et araméenne, vraisemblablement Saturne, que les Hébreux auraient autrefois adorée dans le désert, après leur sortie d’Egypte. VoirKiON, t, iii, col. 1892-1893.

L. Fillion.

    1. RENAN Ernest##

RENAN Ernest, orientaliste français, né à Tréguier, en Bretagne, le 27 février 1823, mort à Paris le 2 octobre 1892. Il termina ses études classiques à Paris, au petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. En 1842, il étudia la philosophie au séminaire d’Issy-sur-Seine, où la lecture des philosophes allemands, surtout celle de Hegel, commença à ébranler sa foi. Néanmoins, il entra au séminaire de Saint-Sulpice de Paris et il y passa deux ans, 1843-1845 : il y étudia l’Écriture Sainte, l’hébreu et le syriaque sous la direction du savant abbé Le Hir, auquel, disait-il volontiers, il devait toutes ses connaissances hébraïques. Il raconte lui-même que sa sœur Henriette exerça sur lui une influence désastreuse durant la crise religieuse qu’il traversait. En 1845, il renonça définitivement 4 la vocation ecclésiastique. Devenu professeur particulier, il se lia d’une étroite amitié avec Berthelot, qui contribua aussi pour beaucoup à faire tomber les derniers restes de sa foi chrétienne. En 1847, on le nomma professeur au lycée de Versailles. L’année suivante, il publia son premier omage, VH18toire des langues sémitiques,

qui établit sa réputation comme orientaliste. Vers la fin de 1849, il fut chargé d’une mission scientifique en Italie, où il passa huit mois. Un peu plus tard, en 1851, il fut attaché au département des manuscrits à la Bibliothèque nationale, et il conserva cette fonction environ dix ans. En 1860-1861, on lui confia une mission archéologique en Phénicie ; puis, à son retour, 1862, on le nomma professeur d’hébreu, de chaldéen, et de syriaque au Collège de France. Sa première leçon, , dans laquelle il osa dire que N.-S. Jésus-Christ, « lait seulement « un homme incomparable, » suscita de violentes manifestations ; le cours fut alors suspendu, et supprimé définitivement deux ans plus tard, le Il juin 1864. Un an auparavant, 23 juin 1863, E. Renan, avait publié sa Vie de Jésus, qui souleva dans toute l’Europe une si légitime indignation ; c’était le premier volume de l’ouvrage Histoire des origines du christianisme, dont il avait depuis longtemps conçu le plan. En 1864-1865, il fit un nouveau voyage en Orient, pour visiter les lieux où avait vécu saint Paul. En 1870, le gouvernement de la République le réintégra dans sa chaire d’hébreu. Il fut élu membre de l’Académie française en 1879 ; enfin, en 1884, il devint administrateur du Collège de France. — Ceux de ses ouvrages qui se rattachent à la Bible sont les suivants : Histoire des langues sémitiques, in-8°, Paris, 1848 ; Histoire générale et système comparé des langues sémitiques, in-8 Paris, 1855 (c’est au fond le même ouvrage, plus développé) ; Le livre de Job, traduit de l’hébreu avec une étude sur l’âge et le caractère du poème, in-8°, Paris, 1859, 3e édit., 1865 ; Le Cantique des cantiques, traduit de l’hébreu avec une étude sur le plan, l’âge et le caractère du poème, in-8°, Paris, 1860, 3e édit., 1870 ; Vie de Jésus, in-8°, Paris, 1863 ; Mission de Phénicie, în-4°, avec un atlas in-f°, Paris, 1864-1874 ; Les apôtres, in-8°, Paris, 1866 ; Saint Paul et sa mission, in-8°, Paris, 1869 ; L’Antéchrist, in-8°, Paris, 1871 ; Les Évangiles et la seconde génération chrétienne, in-8°, Paris, 1877 ; L’Église chrétienne, in-8°, . Paris, 1879 ; Marc-Aurèle et la fin du monde antique, in-8°, Paris, 1881 (cet ouvrage forme le septième et dernier volume des Origines du christianisme) ; L’Ecclésiaste, traduit de l’hébreu avec une étude sur l’âge et le caractère du livre, in-8°, Paris, 1882 ; Histoire du peuple d’Israël, 5 in-8°, Paris, 1894 (les deux derniers volumes ont été publiés après la mort de l’auteur). A signaler encore de nombreux articles publiés dans plusieurs recueils périodiques, surtout dans la Revue des-deux mondes et le Journal des débats, et réunis partiellement en volume sous le titre d’Études d’histoire religieuse, in-8°, Paris, 1857 ; 7<= édit., 1864. C’est E. Renan qui conçut, dès l’année 1868, l’idée et le plan du Corpus inscriptionum semiticarum, dont la publication commença en 1881, et auquel il collabora avec intérêt. — On s’est demandé si Renan n’était pas « un dilettante supérieur, se plaisant à jouer avec tout. » Ch. de Mazade, dans la Revue des deuxmondes, t. cxiii, 1892, p. 946. Il doit principalement sa réputation scandaleuse à la Vie de Jésus, et c’est d’après cet écrit blasphématoire qu’il a été surtout jugé. Voir dans A. Schweitzer, ’Von Reimarus zu Wrede, 1906, p. 404418, la liste de quatre-vingt-cinq ouvrages ou brochures, presque tous en français, provoqués par ce livre. Les critiques d’Allemagne, protestants ou rationalistes, n’ont pas été les moins sévères pour l’auteur, voyant dans sa Vie de Jésus, et aussi dans ses ouvrages subséquents, des œuvres en grande partie d’imagination. — Voir en particulier : Ch. E. Luthardt, Les historiens modernes de la Vie de Jésus, Conférences sur les écrits de Strauss, Renan „et Schenkel, trad. franc, Paris, broch. in-8°, s. d., p. 34-54 ; K. von Hase, Geschichte Jesu nach akademischen Vorlesungen, 2e édit., in-8°. Leipzig, 1891, n. 189-194 ; B. Labanca, Lavita di Gesù di Ernesto-