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REMI — REMMON

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de Saint-Germain. Plus tard, vers 893, il fut, avec Hacbald, moine de Saint-Amand, appelé par Foulques, archevêque de Reims, à enseigner dans les écoles de cette ville. Rémi y demeura jusqu’à la mort de Foulques, en 900. Il passa de là à Paris, où il ouvrit la première école publique que l’on sait avoir été établie dans cette ville. Rémi a laissé plusieurs écrits, qui relèvent surtout de l’exégèse. Bien qu’on ait attribué quelques-unes de ses œuvres à Haimon d’Halberstadt, la critique moderne est parvenue à lui restituer l’ensemble des productions sorties de sa plume. Ce sont, au point de vue biblique : .— 1° Commentarius in Genesim, P. L., t. cxxxi, col. 51-134. L’auteur s’attache surtout au sens allégorique du texte, comme plus propre, dit-il, à nourrir l’âme. Le fond du commentaire est emprunté aux Pères, il cite pourtant aussi en quelques endroits les traditions juives. — 2° Enarrationum in Psalmos liber unus, t. cxxxi, eol. 134’844. C’est l’œuvre la plus considérable de Rémi et celle qui fonda surtout sa réputation d’exégète. Le Maître des Sentences en faisait tant de cas qu’avec le commentaire de saint Jérôme, de saint Augustin et d’autres Pères, il reprit les Enarrationes de Rémi pour en composer une chaîne sur les Psaumes. — 3° Conimentarius in Cantica canticorum, t. cxvir, col. 295-358. Ce traité fut longtemps attribué à Haimon d’Halberstadt, mais il est certainement de Rémi. — 4° Commentarius in XII prophetas minores, t. cxvil, col. 9-294, qui dans les quatre éditions de 1519, 1529, 1533 et 1573, porte le nom d’Haimon. Ce fut Jean Henten de Malines qui restitua le traité à Rémi d’Auxerre, son véritable auteur. L’ouvrage sur les petites prophéties est particulièrement estimé ; bien qu’il s’attache avant tout au sens spirituel, il ne néglige toutefois pas la siguiflcation littérale. — 5° Explanaliones Epistolarum B. Pauli aposloli, t. cxvii, col. 361-938. Encore une fois, après de longues controverses sur la paternité de ce commentaire, on finit par l’imprimer en 1618, dans la BibliothecaPatrum sous le nom du véritable auteur.

— 6° Commentarius in Apocalypsin, t. cxvii, eol. 937-1220. Cette explication de l’Apocalypse, divisée en sept livres, est toute allégorique et morale. L’objet principal de l’auteur est de rapporter toutes ses interprétations aux deux cités spirituelles, celle des élus et celle des réprouvés. Divers auteurs citent encore d’autres traités d’exégèse de Rémi d’Auxerre, restés en manuscrit, ce sont des commentaires sur les quatre Évangélistes et une glose sur les livres de l’Ancien Testament. Il demeure douteux que les douze Homélies publiées sous le nom de Rémi, t. cxxxi, col. 865932, soient réellement de lui. En tout cas, ces homélies relèvent plus de l’herméneutique que de la parénétique. Rémi est encore l’auteur de plusieurs ouvrages sur la liturgie, la musique, la grammaire et la littérature profane, dont on n’a point à s’occuper ici. Voir Histoire littéraire de la France, t. iv, p. 99-122 ; Fabricius-Mansi, Bibliotheca latina, 1859, p. 367 ; Duru, Bibliothèque historique de l’Yonne, t. vr ; Ebert, Allgemeine Geschichte der Litteratur des Mittelalters, Leipzig, 1887, t, iii, p. 234, U. Chevalier, Répertoire des sources hist. Bio-bibliogr., 2e édit., t. ii, 1907, col. 3926 ; Kaulen, Kirchenlexikon, t. x, 1897, col. 1044-1045.

J. VAN DEN GliEYN.

    1. REMMON##

REMMON (hébreu : Rimmôn), nom d’un Israélite, d’un dieu syrien, et de trois villes ou localités d’Israël, remarquables sans doute’par leurs plantations de grenadiers, car rimmôn désigne cet arbre et son fruit. Remmon entre en outre dans la composition de plusieurs noms de localités comme Remmonpharès, Ada. dremmon, Gethremmon, etc.

1. REMMON (Septante : ’Peu.[jt.a>v), Benjamite, originaire de Béroth (voir Béroth 2, t. i, col. 1621), père

de Baana et de Réchab, les meurtriers d’Isboseth, fils de Saùl. II Reg., iv, 2, 5, 9.

2. REMMON (hébreu : Rimmôn ; Septante : ’Piu-tiav), divinité païenne, d’origine chananéenne ou araméenne selon les uns, babylonienne ou assyrienne selon les autres, qui, d’après IV Reg., v, 18, le seul passage de la Bible où elle est mentionnée directement, avait un temple à Damas du vivant d’Elisée. Naaman, chef de l’armée de Bénadad II, roi de Syrie, demanda au prophète, après avoir été miraculeusement guéri de la lèpre par son intermédiaire, s’il lui était permis de se prosterner dans le temple de Remmon, lorsqu’il y accompagnait son maître, qui s’appuyait sur son bras. Elisée répondit simplement : « Va en paix ! » Il est très probable, d’après ce texte, que Remmon était le dieu principal et spécial de Damas. Cf. aussi IIIReg., xv, 18, où nous apprenons qu’un habitant notable de cette ville portait le nom de Tab-Rimmôn (Vulgate, Tabremon), c’est-à-dire, « Rimmôn est bon ». Voir Tabremon. On ne doute pas non plus, actuellement, que le nom du dieu Remmon n’entre dans le mot composé Uadadrimmôn, Zach., xii, 11. Voir Adadremmon, t. i, col. 167-170. Peut-être en est-il de même pour les localités palestiniennes nommées Remmon.

Avant les découvertes faites récemment en Babylonie et en Assyrie, on rattachait volontiers le nom du dieu Remmon au substantif hébreu rimmôn, « grenade », et on regardait cette divinité comme l’emblème du principe fécondant de la nature. Cf. C. Movers, Die Phônizier, 4 in-8°, Bonn, 1841-1856, t. î, p. 196-198 ; Bæhr, Symbolik des mosaischen Cultes, 2 vol. in-8°, Heidelberg, 1837-1839, t. îr, p. 122 ; Fr. Lenormant, Lettres assyriologiques, in-4°, Paris, 1874, t. ri, p. 215. Mais on est d’accord aujourd’hui pour reconnaître que cette étymologie est fausse ; que la vocalisation rimmôn provient des Hébreux, qui avaient modifié légèrement le nom pour l’adapter à leur langue ; enfin, que la vraie prononciation était Rammân, comme on le voit par les monuments babyloniens et assyriens. Les Septante ont donc assez exactement indiqué le nom du dieu. Ce nom étant très vraisemblablement d’origine babylonienne, on a eu tort aussi de le faire dériver de l’hébreu rûm ou rdmâm, « être élevé », de sorte qu’il aurait signifié : haut, majestueux. Cf. Selden, De Dis Syris, t. ii, p. 10 ; W. Baudissin, Studien zur semit. Religionsgeschichte, 1. 1, p. 307 ; Gesenius, Thésaurus, p. 1292. Telle était déjà l’interprétation d’Hésychius, Lexicon, édit. M. Schmidt, t. iii, 1861. p. 421 : ’Pa^aç, i ûijvtTro ; Séoç. La véritable racine est le mot assyrien ramâmu qui désigne un bruit violent, en particulier celui du tonnerre. Cf. Frd. Delitzsch, Assyrisches Handwôrterbuch, p. 624 ; W. Jastrow, Die Religion Babyloniens und Assyriens, p. 156-164. À Babylone et en Assyrie Rammân était, en effet, le dieu de l’air, des nuages, du vent, delà pluie, des orages, des éclairs et du tonnerre, en un mot, le dieu de l’atmosphère et de ses phénomènes multiples, bienfaisants ou malfaisants. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Aile Test., 3e édit., p. 447. Les inscriptions cunéiformes

le désignent par l’idéogramme ^J^|| -, c’est-à-dire, « dieu des régions célestes ». Elles le louent comme un bienfaiteur des hommes, lorsqu’il envoie la pluie ; elles regardent au contraire comme un malheur que Rammân ait empêché les eaux du ciel de tomber. Cf. Schrader, ibid. Voir dans J. Menant, Collection de Clercq, t. i, Cylindres orientaux, in-f°, Paris, 1888, Planches, les n<* 124, 153, 169, ’188, 204, 207, 211, 217, 233, 249. Sur les bas-reliefs, les cylindres (fig. 227), etc., on le représente armé d’un faisceau d’éclairs et d’une hache. Les orages, avec les éclairs, la foudre et les déluges d’eau qui emportent tout sur leur passage, caracté-