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RELIGION — REMI


relie fut complétée dès l’origine par une révélation directe de Dieu. Après avoir créé l’homme, Dieu lui parla pour lui imposer un précepte tout positif, celui de ne pas toucher au fruit d’un arbre. Gen., ii, 17. À la suite de la chute, il parla encore à Adam. Gen., iii, 14-19. Plus tard, il parla à Noé, père de la race nouvelle. Gen., IX, 2-17. Les éléments ainsi ajoutés à la religion naturelle ont été dogmatiques et moraux. Dieu était connu désormais non plus seulement par le témoignage des créatures matérielles, mais encore par celui des hommes qui avaient été en rapport direct avec lui. L'état premier de l’homme avait comporté une dignité qui s'était perdue au moment de la désobéissance d’Adam. Mais après cette chute, une rédemption était promise et devait venir de la race de la femme. En même temps, l’homme apprenait l’existence de purs esprits, les uns mauvais, les autres bons. Gen., iii, 15, 24. Des préceptes particuliers étaient ajoutés à ceux de la loi naturelle, celui du sacrifice, Gen., iv, 3, 4 ; viii, 20 ; celui de la sanctification du septième jour, Exod., xvi, 23 ; xx, 8 ; celui de la distinction des animaux purs et impurs et la défense de manger du sang. Gen., viii, 20 ; ix, 4. Pour conserver ces traditions et ces préceptes, aucun sacerdoce spécial ne fut institué ; les chefs de famille présidèrent naturellement à l’exercice du culte de Dieu et à l’observation de ses lois. Pour pratiquer la religion naturelle, l’homme était assuré de l’assistance providentielle que Dieu accorde à toutes ses créatures, suivant les besoins de leur nature. Mais Dieu, en élevant Adam à un état supérieur à sa nature, mit à sa disposition un secours proportionné à sa dignité surnaturelle, la grâce. Cette grâce ne fut pas totalement supprimée par la chute ; elle fut continuée à l’homme, en considération du futur sacrifice rédempteur. Adam en profita le premier, puisque la Sagesse, par conséquent l’assistance venue du ciel pour diriger l’esprit et le cœur de l’homme, « le tira de son péché. » Sap., x, 2.

3° Polythéisme. — En s'éloignant du berceau de l’humanité primitive, les hommes ne surent pas conserver intactes les données de la première révélation, ni même toutes celles de la religion naturelle. Les récits de la Genèse ont pour but d’enseigner que les aberrations religieuses de l’homme sont, par rapport à l'état initial de l’humanité, une déchéance et une perversion, et nullement une progression du plus grossier au plus parfait. L’auteur de la Sagesse décrit trois phases successives de l’erreur polythéiste. Tout d’abord, les hommes commencent par diviniser les forces de la nature : le feu, le vent, l’air, l’eau, les astres deviennent pour eux « comme des dieux gouvernant l’univers. » Ce polythéisme est inexcusable, parce que l’admiration des créatures devrait conduire l’homme à « connaître par analogie Celui qui en est le Créateur. » Toutefois, cette forme de l’erreur mérite moins de reproches que d’autres, car enfin, ce sont de véritables créatures de Dieu que les hommes honorent ainsi « en cherchant Dieu et en voulant le trouver. » Sap., xiii, 1-9. Plus grossiers et plus coupables sont ceux qui rendent leur culte aux idoles. Celles-ci n’ont pas toujours existé ; c’est la folie des hommes qui les a introduites dans le monde. L’idole, œuvre de la main des hommes, est maudite ainsi que son auteur, parce qu'étant une chose périssable et même sans vie, elle porte le nom de Dieu. Sap., xiii, 10-xiv, 14. Voir Idolâtrie, t. iii, col. 809. Une troisième forme de polythéisme est le culte des ancêtres. On vit représentés par de belles statues ceux qu’on avait aimés et admirés de leur vivant, et on « regarda comme un dieu celui qui naguère était honoré comme un homme. » Sap., xiv, 15-21. Ces trois formes du polythéisme, animisme ou culte des choses de la nature, fétichisme ou culte des idoles fabriquées, et évhémérisme ou culte des grands hommes, sont encore

en vigueur chez les peuples qui n’admettent pas le monothéisme. Cf. A. Bros, La religion des peuples non civilisés, Paris, 1907, p. 103-113. En dehors des Israélites, les anciens peuples ont tous versé dans le polythéisme et l’idolâtrie. Cf. P. de Broglie, Problèmes et conclusions de l’histoire des religions, Paris, 1885, p. 89-122 ; Id., Monothéisme, hénothéisme, polythéisme, Paris, 1905 ; Dëllinger, Paganisme et judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, t. i-m, p. 109 ; Lagrange, Etudes sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 70-466 ; La religion des Perses, Paris, 1904 ; H. Vincent, Canaan, Paris, 1907, " p. 90-204. — Les écrivains sacrés signalent et réprouvent l’affreuse corruption morale qui fut la conséquence du polythéisme. Sap., xiv, 2231 ; Rom., i, 24-32. Les prophètes reviennent constamment, pour la combattre, sur l’immoralité qu’entraîne la pratique de l’idolâtrie. — C’est un grave problème que Celui du triomphe de l’idolâtrie dans le monde parmi tant de peuples et durant tant de siècles. À Lystres, saint Paul disait à ce sujet : « Dieu, dans les siècles passés, a laissé toutes les nations suivre leurs voies, sans que toutefois il ait cessé de se rendre témoignage à lui-même, faisant du bien, dispensant du ciel les pluies et les saisons favorables, nous donnant la nourriture avec abondance et remplissant nos cœurs de joie. » Act., Xiv, 15, 16. À Athènes, il déclare que « Dieu ne tenant pas compte de ces temps d’ignorance, annonce maintenant aux hommes qu’ils aient tous, en tous lieux, à se repentir. » Act., xvii, 30. Mais aux Juifs, il montre que si les gentils ont péché sans la Loi, eux-mêmes ont tout autant péché avec la Loi, et que tous par conséquent, Juifs et Grecs, sont sous le péché et doivent au même titre attendre de Dieu la justification. Rom., ii, ll-iii, 20.

4° Religion mosaïque. — C’est la religion que Dieu a imposée au peuple israélite par l’entremise de Moïse. Cette religion n’ajoutait presque rien aux dogmes de la religion primitive ; mais elle développait beaucoup la morale positive, en imposant aux Israélites une multitude d’observances. Voir Loi mosaïque, t. iv, col. 329. La religion mosaïque n'était destinée qu’aux Israélites. Les étrangers pouvaient pourtant l’embrasser moyennant certaines conditions. Voir Prosélyte, col. 758. Dans ce qu’elle avait de particulier à Israël, elle ne devait durer que jusqu'à son remplacement par la religion du Messie.

5° Religion chrétienne. — Elle a été instituée par Jésus-Christ pour compléter et remplacer les précédentes, s'étendre à tous les peuples sans exception et se perpétuer jusqu'à la fin des temps. Voir JÉSuS-Christ, t. iii, col. 1480-1487 ; Loi nouvelle, t. iv, col. 347 ; Morale, t. iv, col. 1260. Par son dogme, sa morale, ses sacrements et son culte, elle réalise cet idéal de religion que Notre-Seigneur a lui-même tracé quand il a dit : « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; ce sont de tels adorateurs que le Père demande. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité, » Joa., iv, 23, 24. — Sur l’absence de religion, voir Impie,

t. iii, col. 845.

H. Lesêtre.
    1. RÉMÉIA##

RÉMÉIA (hébreu : Ramyâh, « Jéhovah est^élevé » ; Septante : 'Pa^iâ), un des fils de Pharos qui avait épousé une femme. étrangère et qui fut obligé de la répudier du temps d’Esdras. I Esd., x, 25.

REMI, moine bénédictin à Saint-Germain d’Auxerre, naquit en Bourgogne, vers 851. On perd sa trace en 908 et l’on sait seulement par un ancien nécrologe de la cathédrale d’Auxerre que le jour de sa mort fut le 2 mai, sans indication d’année. Disciple d’Heiric, qui lui-même fut élève du célèbre Haimon, évêque d’Halberstadt, il lui succéda dans sa chaire au monastère