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REISCHL — RELIGION


dont il avait été l'élevé. En 1845, il fut nommé professeur de dogme et d’exégèse biblique au lycée d’Amberg ; il passa, ett 1851, au lycée de Ratisbonne, où il occupa jusqu’au printemps de 1867, avec un grand succès, la chaire d’histoire ecclésiastique et de droit canonique. Il fut alors appelé à l’Université de Munich, avec le titre de professeur ordinaire de théologie morale. Il venait de refuser la chaire d’exégèse de l’Université de Prague, lorsqu’il fut emporté par le choléra, en pleine maturité. — C’est à Amberg qu’il entreprit, avec son collègue Valentin Loch (voir Loch, t. iv, col. 321), une traduction allemande et un commentaire de la Bible, surtout à l’usage des fidèles : Die heiligen Schriften dés Altenund Neuen Testamentes nach der Vulgata, unter steter Vergleichung des Grundtextes ùbersetzt und erklârt, 4 Th., in-8°, Ratisbonne, 1851-1867 ; 4e édit., 1899 ; édition illustrée en 5 volumes, 1884-1885, 2e édit., 1905. La part du D' Reîschl consista à traduire et à annoter plusieurs livres de l’Ancien Testament, spécialement celui des Psaumes (édition à part, sous ce titre : Das Buch der Psalmen (tus der Vulgata, unter steter Vergleichung des Grundtextes ùberset&t und nach Wort und Geist erklârt, 2 in-8°, Ratisbonne, 1873), et le Nouveau Testament tout entier. — Voir le Schematismus der Geistlichkeit des Erzbisthums Mûnchen und Freïsing fur das Jahr 181b, Munich, 1874, p. 293-296 ; F. Kaulen, dans Wetzer et Welte, Kirchenlexikon, 2e édit., t. x, col. 991992 ; Hûlskamp, dans le Literatischer Handweiser, Mûnster-en-Wesphalie, 1873, col. 494 ; P. tturter, Nomenclator literarius recentioris theologim catholicse, 2e édit., t. iii, Inspruck, 1895, col. 1293-1294.

L. Fillion. REITHMAYR François-Xavier, exégète catholique allemand, né le 16 mars 1809, dans le village d’Illkofen, près de Ratisbonne, mort à Munich, le 26 février 1872. — 11 étudia la philosophie et la théologie au lycée de Ratisbonne, 1826-1830 ; puis encore la théologie à l’Université de Munich, en 1831 et les années suivantes, pour se préparer directement au professorat, dont il voulait faire sa carrière. Il-doit à l’un de ses professeurs, le célèbre Môhler, son attrait spécial pour l'étude des saints Pères, desquels il a tiré un excellent parti dans ses compositions exégétiques, sans parler des ouvrages spéciaux qu’il leur a consacrés. Il fut ordonné prêtre à Ratisbonne, le 20 août 1832, et conquit le grade de docteur en théologie en 1836. Il devint professeur extraordinaire de théologie à la Faculté de Munich en 1837, et professeur ordinaire d’exégèse du Nouveau Testament en 1839 ; il conserva cette dernière situation jusqu'à sa mort. — Ses publications seripturaires sont les suivantes : Conimentar zum Briefe an die Rimer, in-8°, Ratisbonne, 1845 ; Editio grœcolatinaNoviTestamenti, édition classique destinée aux étudiants, Munich, 1847 ; Einleitung in die canonischen Bûcher des Neuen Bundes, in-8°, Ratisbonne, 1852 ; Comtnentar zum Briefe an die Galater, in-8°, Munich, 1865 ; Lehrbuch der biblischen Hermeneutik, in-8°, Kempten, 1874, œuvre posthume publiée par Thalhofer. Dès l’année 1842, Reithmayr réfutait solidement les sophismes de Strauss, dans la savante revue de Munich Historisch-politische Blâtter. Tous ses ouvrages sont composés dans un esprit à la fois scientifique et traditionnel. — Voir l’esquisse que le D r Thalhofer donne de sa vie dans le Lehrbuch der bibl. Hermeneutik, p. vii-xv ; le Literarischer Eandweiser de Munster, 1871, col. 53 ; Hurter, Homendator literarius recentioris theologim catholicse, in-8°, Inspruck, 1895, t. iii, col. 1289-1290 ; Wetzer et Welte, Kirchenlexikon, 2e édit., t. x, col. 1001-1002. L. Fillion.

    1. RELIGION##

RELIGION, ensemble de croyances et de devoirs qui règlent les rapports de l’homme avec Dieu.

I. Noms donnés à la religion. — 1° La crainte de Dieu. — C’est la formule la plus usitée. Le verbe yârê' veut dire à la fois « craindre » et « respecter ». Il convenait parfaitement, surtout dans l’Ancien Testament, pour marquer l’attitude que l’homme doit s’imposer vis-à-vis de Dieu le Tout-Puissant, qui se révèle à lui par des œuvres éclatantes et parfois par des interventions effrayantes. Voir Crainte de Dieu, t. ii, col. 1099.

— 2° La Loi, tôrâh, et, en chaldéen, dd(, Dan., vi, 5 ; vu, 25, vojioç, lex. La Loi est l’expression de la volonté de Dieu, et, quand on la suppose acceptée et pratiquée par l’homme, la Loi désigne d’une manière générale la religion mosaïque. Les Machabées ont le « zèle de la Loi, » c’est-à-dire de la religion ancienne. I Mach., Il, 27. Saint Paul oppose constamment la Loi, c’est-àdire la religion mosaïque à la religion de grâce apportée par Jésus-Christ. Gal., v, 2, 4, etc. Voir Loi mosaïque, t. iv, col. 341-346. — 3° La voie, dérék, 686 ; , via. Cette expression se trouve déjà dans Amos, viii, 14, où « la voie de Rersabée » désigne la religion, et, d’après les Septante, le « dieu » de Rersabée. Mais elle est surtout fréquente dans le Nouveau Testament. Des pharisiens reconnaissent que Notre-Seigneur enseigne « la voie de Dieu dans la vérité, » c’est-à-dire une vraie religion. Matth., xxii, 16 ; Luc, xx, 21. Dans les Actes, « la voie » désigne couramment la religion nouvelle. Act., ix, 2 ; xviii, 25, 26 ; xix, 9, 23 ; xxii, 4 ; xxiv, 22. Cf. II Pet., il, 2, 15, 21. — 4° L'Évangile, eûaYyeXtov, mot qui désigne souvent la religion nouvelle, comme (ôrâh désigne la religion ancienne. Matth., iv, 23 ; Marc, i, 14, 15 ; Rom., 1, 16 ; x, 16 ; I Cor., ix, 23 ; II Tim., i, 8 ; etc.

— 5° Le culte, 9pt]<yv.Eia, religio, l’adoration et l’ensemble des devoirs rendus à Dieu. Saint Paul appelle de ce nom la religion juive. Act., xxvi, 5. Saint Jacques, i, 26, 27, indique des conditions essentielles au vrai culte de Dieu. — 6° La Vulgate emploie encore le mot de « religion », dans un sens plus restreint, pour désigner le rite de la Pâque, 'âbôdâh, XaTpeia, Exod., xii, 26, 43 ; certaines lois particulières, huqqâh, v<5[ioç, Exod., xxix, 9 ; Lev., vii, 36 ; xvi, 31 ; Num., xix, 2 ; le respect du sabbat, II Mach., VI, 11 ; le culte des anges ; 6p ; r ; <7xe ! 'a. Col., Il, 18. Par contre, les Juifs appellent la religion de Jésus-Christ aipéais, secta, « une secte ». Act., xxviii, 22.

II. Phases diverses de la religion. — La religion parfaite et définitive n’a pas été donnée à l’homme dès le principe. Aussi peut-on distinguer plusieurs phases dans le progrès de la religion. — 1° Religion naturelle. — C’est celle qui est inscrite par Dieu au cœur de l’homme, indépendamment de toute révélation extérieure. Cette religion comporte la connaissance de l’existence de Dieu, la notion de ses perfections et l’idée de devoirs à lui rendre. Rom., i, 20, 21. En méditant sur ces données fondamentales, l’homme peut, par les seules forces de sa raison, les développer et les approfondir. C’est ce qui a été fait, et les philosophes grecs, en particulier, ont poussé assez loin leurs connaissances sur Dieu et sur les rapports que l’homme doit entretenir avec lui. Les notions qui composent la religion naturelle demeurent toujours vraies ; elles constituent même le fonds sur lequel s’appuie toute religion révélée. Ce fonds se retrouve constamment dans la Sainte Écriture. Un très grand nombre des préceptes qui y sont rappelés appartiennent à la religion, naturelle, à cette loi que les gentils « accomplissent, naturellement », montrant par là que ce-' que. la : loi mosaïque ordonne de plus important s est écrit dans leurs cœurs, leur conscience rendant en même temps témoignage par des pensées qui les accusent ou les défendent. » Rom., ii, 14-15.. Le décalogue lui-même, à part la fixation du jour de repos, appartient tout entier à la loi naturelle.

2° Religion primitive. — En fait, la religion natu-