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RÉDEMPTION


Heb., it, 14, 17--18. « Nous avons en Jésus, le Fils de Dieu, un grand-prêtre excellent, qui a pénétré les cieux… Nous n’avons pas un grand-prêtre impuissant à compatir à nos infirmités ; pour nous’ressembler, il les a toutes éprouvées, hormis le péché. » Heb., iv, 14, 15. « Il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, puisqu’il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur… Il n’a pas besoin, comme les grands-prêtres, d’offrir chaque jour des sacrifices d’abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, car ceci, il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même. » Heb., vii, 25, 27. « Ce n’est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang qu’il est entré une fois pour toutes dans le Saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle. » Si le sang des victimes purifiait la chair, « combien plus le sang du Christ qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour servir le Dieu vivant’? … Sa mort a eu lieu pour le pardon des transgressions commises sous la première alliance… Sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission. » Le Christ est entré « dans le ciel même afin de se tenir désormais pour nous présent devant la face de Dieu… Il s’est montré une seule fois, dans les derniers âges, pour abolir le péché par son sacrifice. » Heb., ix, 12, 15, 22, 24, 26. En entrant dans le monde, il a dit : « Vous n’avez voulu ni sacrifice, ni oblation, mais vous m’avez formé un corps ; vous n’avez agréé ni holocaustes, ni sacrifices pour le péché. Alors j’ai dit : Me voici… C’est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, parl’oblation que Jésus-Christ a faite, une fois pour toutes, de son propre corps… Par une oblation unique, il a procuré la perfection pour toujours à ceux qui sont sanctifiés. » Heb, , x, 5, 10, 14. « Le Dieu de paix a ramené d’entre les morts celui qui, par le sang d’une alliance éternelle, est le grand Pasteur des brebis, Notre-Seigneur Jésus. » Heb., xiii, 20. Ainsi donc le Seigneur Jésus a pris un corps pour substituer volontairement sa propre immolation à celle des anciennes victimes, impuissantes à obtenir la rémission du péché. Il a versé son sang une fois pour assurer cette rémission et la sanctification des hommes, et maintenant, dans le sanctuaire du ciel, il est toujours vivant afin d’intercéder en leur faveur.

5° Dans saint Pierre. — Aux anciens prophètes, l’Esprit du Christ attestait d’avance les souffrances qui lui étaient réservées, et les fidèles ont été affranchis « par un sang précieux, celui de l’Agneau sans défaut et sans tache, le sang du Christ. » I Pet., i, 11, 19. « Le Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces… Lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin que, morts au péché, nous vivions pour la justice ; c’est par ses meurtrissures que nous avons été guéris. » I Pet., ii, 21, 24. « Le Christ a souffert une fois la mort pour nos péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous ramener à Dieu. » I Pet., iii, 18. « Puis donc que le Christ a souffert (pour nous) en la chair, armez-vous, vous aussi, de la même pensée… Dans la mesure où vous avez part aux souffrances du Christ, réjouissez-vous. » IPet., iv, 1, 13. C’est le Seigneur qui nous a rachetés ; il est à la fois Seigneur et Sauveur. II Pet., ii, 1, 20.

6° Dans saint Jean. — « Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché. » I Joa., i, 7. « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le juste. Il est lui-même une victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pourles nôtres, mais pour ceux du monde entier. » I Joa., ii, 1, 2. « Jésus a paru pour ôter nos péchés…, pour détruire les œuvres du diable. » I Joa., iii, 5, 8. Dieu « nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime de propitiation pour nos péchés…, comme Sauveur du monde. »

I Joa., iv, 10, 14. « À celui qui nous a aimés, qui nous a lavés de nos péchés par son sang, et qui nous a faits rois et prêtres de Dieu, son Père, à lui la gloire et la puissance. » Apoc, i, 5, 6. s Vous avez été immolé, et vous avez racheté pour Dieu, par votre sang, ceux de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation, et vous les avez faits rois et prêtres. j> Apoc, v, 9, 10. Dans l’Apocalypse, Jésus-Christ est acclamé comme « l’Agneau qui a été immolé. » Apoc, y, 12, 13 ; vii, 14, etc.

7° On le voit donc, les écrivains du Nouveau Testament ont sur la rédemption une doctrine concordante, et cette doctrine est en parfaite harmonie avec celle qu’a formulée le prophète Isale. L’affirmation capitale de la mission rédemptrice du Sauveur se trouve dans les paroles de la dernière Cène, préparées par celles qui précèdent dans Isaïe et dans l’Évangile, reproduites et expliquées ensuite par la prédication et les écrits des Apôtres. Attribuer à saint Paul la première idée d’une doctrine si importante, c’est méconnaître la signification de la prophétie d’Isaïe, le caractère spirituel de l’œuvre du Messie, la cause finale de l’incarnation et le sens des paroles attribuées au Sauveur lui-même sous la garantie des témoins de sa vie publique. Ce serait d’ailleurs supposer très gratuitement et contrairement à toutes les probabilités qu’il a suffi que saint Paul imaginât une théorie de la rédemption pour que les Evangélistes et saint Pierre lui-même en fissent la base de leur exposition doctrinale. Car ce ne sont pas de rares et vagues allusions, ce sont des affirmations répétées et concordantes qui se rencontrent dans tous les auteurs sacrés du Nouveau Testament. À s’en tenir à tous ces textes, et indépendamment même de l’interprétation unanime des Pères, on est donc en droit de conclure que le fait de la rédemption est une réalité prévue plusieurs siècles à l’avance, voulue formellement par Dieu, acceptée volontairement par Jésus-Christ avec toutes les conséquences qui devaient en résulter pour sa personne divine, et effectuée par lui au jour de sa passion et de sa mort sur la croix. Cf. Rivière, Le dogme de la rédemption, Paris, 1905, p. 38-99 ; Rose, Études sur les Évangiles, Paris, 1902, p. 218-270.

II. Ses effets. — La rédemption ne doit pas être isolée de l’incarnation. La valeur de la rédemption se tire, en effet, de la qualité personnelle du Rédempteur, par conséquent de la divinité qui s’est unie à l’humanité dans l’incarnation. D’autre part, le mérite rédempteur a été acquis à tous les actes du Sauveur ; presque tout ce qui est affirmé de la rédemption peut donc s’étendre à toute la vie de Jésus-Christ. Néanmoins sa mort sur la croix constitue l’acte rédempteur par excellence, celui qui couronne tous les autres et en vue duquel ils sont ordonnés. Les effets qui résultent de cet acte sont les suivants :

1° Satisfaction pour le péché. — Le péché constitue une dette vis-à-vis de Dieu ; c’est le nom que lui donne Notrc-Seigneur. Matth., vi, 12. Cette dette représente une jouissance que le pécheur s’est procurée contrairement à la volonté de Dieu. Pour s’acquitter, le pécheur doit donc offrir à Dieu une souffrance en compensation de la jouissance illégitime, et, à raison de la majesté de l’offensé, « sans effusion de sang, il n’y-4 pas de rémission. » Heb., IX, 22. Mais tout le sang des animaux et des hommes étant incapable de donner satisfaction à la justice divine, Jésus-Christ est venu, et en mourant pour les hommes, il s’est constitué leur rançon. Matth., xx, 28 ; Marc, x, 45 ; ITim., ii, 6 ; Tit., ii, 14 ; I Pet., i, 18, 19. En conséquence, le péché a été remis. Joa., i, 29, 36 ; Act., x, 43 ; xiii, 38, 39 ; xxvi, 18. La victime étant divine, la satisfaction offerte par son sacrifice a été surabondante, de sorte que non seulement la justice de Dieu a été pleinement satisfaite, Rom., iii, 25 ; viii, 3,