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RÉCHABITES — RÉCOMPENSE


les Esséniens, mais leur genre de vie est trop dissemblable. Les Esséniens vivaient à la campagne, occupés à cultiver la terre, etc. » Josèphe Ant. jud., XVIII, ii, 5 ; Bell, jud., II, viii, 2-13. Sur les Esséniens, voir E. Schùrer, Geschichte des jûdischen Volkes itn Zeit. Christi, t. ii, 3e édit., 1898, p. 556-584.

Les Réchabites ne sont plus nommés dans les Écritures depuis le retour de la captivité (excepté l’allusion II Esd., ii, 14). Héségippe, dans Eusèbe, H. E., ii, 23, t. xx, col. 201, raconte qu’un prêtre réchabite essaya d’empêcher le martyre de l’apôtre saint Jacques Je Majeur, mais le titre de prêtre qu’il donne à un Réchabite rend son récit suspect — Benjamin de Tudèle raconte que de son temps vivaient dans le pays de Théma, Is., xxi, 14 ; Jer., xxv, 23, les Benê Rekhab ou Réchabites, qui y possédaient un territoire de seize jours de marche en longueur et vivaient de razzias. Ce qu’il en dit ne mérite pas confiance, The Itinerary ofR. Benjamin of Tudela, translatée and edited by A. Asher, 2 in-12, Londres, 1840-1841, t. i, p. 112-114 - Sur les Réchabites, voir *H. Witsius, Exercitatio ix de Rechabitis, dans ses Miscellanea sacra, 2 in-4°, Amsterdam, 1695-1700, t. ii, p. 223-237 ; Calmet, Dissertation sur les Réchabites, dans le Commentaire littéral, Jérémie, 1731, p. xlhi-lih. F. Vigouroux.

    1. RECHUTE##

RECHUTE, retour volontaire au péché déjà commis.

— De fréquentes rechutes sont signalées dans l’histoire du peuple d’Israël. Au désert, après avoir murmuré sur le manque d’eau potable, Exod., xv, 24, et de viande, Exod., xvt, 3, et avoir obtenu leur pardon â la suile de’leurs hommages au veau d’or, Exod., xxxill, 1-17, les Hébreux recommencent à manifester leur mécontentement au sujet de la nourriture, Num., xi, 4-6, et de l’eau, Num., xx, 2-5, et ils retombent dans l’idolâtrie, Num., xxv, 1-6. Sous les Juges, l’abandon de Jéhovah se reproduit à plusieurs reprises, Jud., iii, 12 ; iv, 1 ; vi, 1 ; x, 6 ; etc., et les mêmes rechutes dans l’idolâtrie se renouvellent durant la période des rois. Isaïe, xxx, 1, reproche à ses contemporains d’accumuler péché sur péché. — L’Ecclésiastique, xix, 13-14, recommande d’interroger l’ami qui a mal agi ou mal parlé, afin qu’il ne recommence plus. Il observe qu’il ne sert de rien de se purifier, si l’on touche ensuite une chose impure, ni de jeûner pour ses péchés, si l’on va les commettre encore. Eccli., xxxiv, 30, 31 (25, 26). L’insensé qui retourne à sa folie, c’est-à-dire à son péché, est comparé au chien qui retourne à son vomissement, Prov., xxvi, 11. — Notre-Seigneur représente l’âme en péché comme habitée par le démon. Celui-ci parti, l’âme se purifie et s’orne de vertus. Mais le démon revient, il amène avec lui sept autres démons plus méchants, et, si tous rentrent dans cette âme, l’état de cette dernière devient pire qu’auparavant. Matth., xii, 43-45 ; Luc, xi, 24-26. Le Sauveur applique ce qu’il vient de dire à la génération qui lui est contemporaine ; elle renouvelle, en les aggravant, les fautes des générations qui ont précédé : elle en subira les conséquences. Il en est de même pour chaque âme en particulier, ainsi que l’explique saint Pierre : « Si ceux qui, par la connaissance de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, s’étaient retirés de la corruption du monde, se laissent vaincre en s’y engageant de nouveau, leur dernier état devient pire que le premier… Il leur est arrivé ce que dit un proverbe avec beaucoup de vérité : Le chien est retourné à son propre vomissement. » II Pet., ii, 2022. — Sur le texte de l’Épître aux Hébreux, vi, 4-6, concernant l’impossibilité du renouvellement après la

rechute, voir Pénitence, col. 43.

H. Lesêtre.
    1. RÉCOMPENSE##

RÉCOMPENSE (hébreu : sâkâr ou sékér ; Septante : sii<jfl<$ ; , àvraxôSo » t « ; Vulgate : merces, retribu tio), avantage ou jouissance que l’on accorde à celui qui a bien agi. Sur la récompense matérielle payée à celui qui a travaillé pour un autre, voir SalmRE.

1° Récompense temporelle. — Le Seigneur dit à Abraham : « Ne crains point, Abram ; je suis ton bouclier ; ta récompense (sera) très grande. x> Septante : « Je te protège, ta récompense sera très grande. » Vulgate : « Je suis ton protecteur et ta récompense (sera) très grande. » Les Septante ont bien rendu le sens de la phrase, dans laquelle il faut nécessairement suppléer le verbe en hébreu et dans la Vulgate. Le Seigneur ne dit pas à Abraham qu’il sera lui-même sa récompense très grande ; autrement l’on ne comprendrait plus la question qu’Abraham adresse ensuite à Jéhovah : « Seigneur Jéhovah, que me donnerezvous ? » La récompense promise sera la postérité, nombreuse comme les étoiles, que Dieu assurera à_ son serviteur. Gen., xv, 1, 2, 5. — Booz souhaite à Ruth que Dieu lui accorde la récompense que mérite son dévouement. Ruth, ii, 12. Tobie le fils, xii, 2, demande quelle récompense pourra être offerte à celui qui l’a conduit et protégé. Mardochée n’avait reçu aucune récompense après avoir dénoncé le complot tramé contre la vie du roi ; celui-ci la lui fit décerner. Esth., vi, 3-11. — Certains avantages temporels peuvent avoir le caractère de récompenses, comme, par exemple, la famille nombreuse, Ps. cxxvii (cxxvi), 3 ; le don de la parole. Eccli., li, 30. Mais souvent cette récompense est vaine. Eccli., xi, 18 ; Matth., vi, 2, 5, 16. — En général, Dieu traite ici-bas les hommes suivant leur conduite. II Reg., xxii, 21 ; III Reg., viii, 32 ; H Par., vt, 23 ; Ps. xviii (xvii), 21, 25. La récompense est assurée au juste, Prov., xiii, 21 ; à l’observateur de la loi de Jéhovah, Ps. xix (xviii), 12 ; à celui qui a foi dans le Seigneur, Eccli., ii, 8 ; à l’homme pieux, Eccli., xi, 24 ; à celui qui fait l’œuvre de Dieu, Eccli., li, 38 ; à celui qui sème la justice, Prov., xi, 18 ; au bienfaiteur de l’homme pieux. Eccli., xii, 2. Dieu récompense celui qui donne, en lui rendant sept fois autant. Eccli., xxxv, 13. — D’après les Septante et la Vulgate, le juste incline son coeur à l’observation des lois divines « à cause de la récompense. » Ps. cxix (cxvffl), 112. Dans l’hébreu, il y a : « jusqu’à la fin. » Le mot hébreu’êqéb veut dire « fin » et se prend adverbialement avec le sens de « jusqu’à la fin, perpétuellement i>. Ps. cxxi (cxvra), 33, 112. Par extension, cette fin peut être une récompense, le prix d’un travail ; mais alors « pour la récompense » se dit en hébreu’al-êqéb, Ps. xl (xxxix), 16 ; lxx (lxix), 4, quoiqu’on lise simplement’êqéb dans Isaïe, v, 23, ÉWev Siipov, pro muneribus, « pour des présents ». L’idée de remplir son devoir à cause de la récompense n’est pas étrangère à la Sainte Écriture, puisqu’il est dit qu’Abraham « avait les yeux fixés sur la récompense, s eîc ttjv [ii<j9a7roSo<rt’av, m reniunerationem. Heb., xi, 26. Le concile de Trente, visant le t. 112 du Ps, cxviii, sess. vi, De juslificat., 11, a déclaré parfaitement légitime, « tout en cherchant avant tout la gloire de Dieu, d’envisager aussi la récompense éternelle. » Il ne suit pas de là cependant que le motif intéressé de la récompense soit le seul qui détermine le juste à faire le bien. Le motif désintéressé de l’amour et de la gloire de Dieu a aussi sa part plus ou moins large et prépondérante dans ses déterminations. Le Sauveur ressuscité dit de lui-même : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrit toutes ces choses pour entrer dans sa gloire ? » Luc, xxiv, 26. Or personne ne contestera qu’il a mis l’amour et la gloire de son Père bien au-dessus du triomphe de sa sainte humanité., Il en est de même, à proportion, de tous les vrais serviteurs de Dieu.

2° Récompense éternelle. — Sans exclure formellement les récompenses de l’autre vie, les écrivains de l’Ancien Testament s’en tiennent surtout à celles de la