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RECHAB

RECHABITES

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    1. RÉCHAB##

RÉCHAB (hébreu : Rêkâb ; Septante *P » )-/16), nom de trois personnages de l’Ancien Testament. On interprète ce nom par « cavalier », c’est-à-dire nomade voyageant à chameau.

1. RÉCHAB, fils de Remmon, de la tribu de Benjamin, îl s’était attaché à la fortune d’Isboseth après la mort de Saûl, avec son frère Baana.Tous les deux avaient été -à la tête d’une bande de pillards et ils devinrent les meurtriers du fils de Saül qu’ils firent périr traîtreusement. Ayant apporté sa tête à David, celui-ci les fit mettre à mort. II Reg., iv, 2. Voir Baana 1, t. iii, col. 1343.

2. RÉCHAB, père ou aïeul de Jonadab. Voir Jonadab 2, t. iii, col. 1604. C’est de lui que tirèrent leur nom les Réchabites. IV Reg., x, 15, 23 ; I Par., ii, 55 ; Jer., xxxv, 6-19. Voir Réchabites. Il appartenait à la tribu des Cinéens et était descendant de Hammath, nom que la Vulgate, I Par., ii, 55, a traduit par Chaleur. Nous ne savons rien de son histoire personnelle.

3. RÉCHAB, père de Melchias. Ce dernier refit sous Néhémie la porte du Fumier à Jérusalem. II Esd-, iii, di. Beaucoup d’interprètes croient que Réchab était son ancêtre, non son père, et qu’il n’est pas différent -de Réchab 2. Melchias était, dans ce cas, un Réchabite.

Voir RÉCHABITES.

    1. RÉCHABITES##

RÉCHABITES (hébreu : Rêkâbîm ; Septante : Ap^a6eiv ; Alexandrinus : ’AXy_a.6s.iv ; Vulgate : Rechabitœ), descendants de Réchab 2. Jer., xxxv, 2, 3, 5, 18. Les Réchabites étaient une famille cinéenne. I Par., ir, 55. Quelques commentateurs ont supposé que Réchab était le même que Hobab, Num., x, 29 ; Jud., iv, 11 ; Calmet, Dissertation sur les Réchabites, dans Comment, litt., Jérémie, 1731, p. xlvii, mais cette hypothèse s’appuie seulement sur son origine cinéenne. Voir Cinéens, 4. ii, col. 768. — Les ancêtres des Réchabites habitèrent -au sud et aussi au nord de la Palestine, où le livre des Juges nous montre des Cinéens établis au temps de Débora. Jud., iv, 17 ; v, 24. C’était d’ailleurs une tribu nomade et, du temps de Jérémie, nous les rencontrons dans le royaume de Juda, Jer., xxxv, 11, comme nous les rencontrons dans celui d’Israël au temps de Jéhu. m Reg., x, 15-17.

I. Histoire. — L’Écriture parle trois ou quatre fois des Réchabites. — 1° Jonadab le Réchabite fit éclater son zèle pour le monothéisme en poursuivant avec le roi Jéhu les adorateurs de Baal. IV Reg. x, 15-17.

2° L’événement le plus célèbre de leur histoire est celui qui est raconté par Jérémie, xxxv. Lorsque NabuChodonosor envahit le royaume de Juda, sous le règne de Joakim, les Réchabites qui campaient, peut-être à la suite de la ruine du royaume du nord, dans le sud de la Palestine, se réfugièrent à Jérusalem pour se mettre A l’abri des Chaldéens. Le prophète Jérémie, connaissant’leurs coutumes, les invita avec leur chef Jézonias, Jer., xxxv, 1-11, à se réunir avec lui dans une chambre du Temple et là il leur offrit du vin. Ils refusèrent de l’ac" « cepter, pour obéir, dirent-ils, aux prescriptions de leur père Jonadab qui leur avait interdit de boire du viii, de bâtir des maisons, d’ensemencer des terres et de planter des vignes, et leur avait ordonné « de vivre sous la tente. » La nécessité les avait contraints de se retirer à Jérusalem, mais ils n’avaient jamais violé les ordonnances de leur ancêtre qui vivait du temps de -3éhu, près de trois cents ans auparavant ; ils voulaient toujours lui obéir. Ces prescriptions avaient sans doute pour but dans l’esprit de Jonadab de préserver ses descendants de la contagion des mœurs païennes et de les maintenir dans la pureté du culte de Jéhovah, auquel ils avaient toujours été fidèles, en les faisant vivre dans l’isolement, en nomades et en pasteurs. Les coutumes

qu’ils suivaient étaient dans le fond une conséquence de la vie nomade (cf. Diodore de Sicile, xix, 94), sur les Nabuthéens, mais Jonadab, pour conserver sa tribu dans l’intégrité de ses croyances, rendit ces pratiques comme sacrées et inviolables, de sorte que, sans se mêler avec les Juifs et probablement sans être astreints à l’observance des rites mosaïques qui n’avaient été imposés qu’aux Israélites, ils menaient une vie presque ascétique et adoraient fidèlement le vrai Dieu. Jérémie loue au nom du Seigneur leur obéissance, qu’il met en contraste avec la conduite des Juifs, et leur promet de la part du Dieu d’Israël qu’il subsistera toujours « en présence de Jéhovah un homme de la race de Jonadab, fils de Réchab. » Cette locution, qui est appliquée aussi à la tribu de Lévi, Deut., x, 8 ; xviii, 5, 7 ; cf. Gen., xviii, 22 ; Jud., xx, 28 ; Ps. cxxxui, 1 ; cxxxiv, 1 (Vulgate, 2) ; Jer., xv, 19, signifie « servir Dieu » dans son sanctuaire. Voir Gèsenius, Thésaurus, p. 1039. On croit assez communément, d’après ces paroles de Jérémie, qu’il y eut des Réchabites attachés au service du Temple, comme les Nathinéens ; leurs filles, dit-on, furent données en mariage aux Lévites.

3° La troisième circonstance où les Réchabites sont nommés dans l’Écriture, c’est dans le titre du Psaume lxx (hébreu, lxxi). Les Réchabites étaient sans doute encore enfermés dans Jérusalem quand Nabuchodonosor se rendit maître de cette ville, et plusieurs d’entre eux purent être emmenés en captivité en Cbaldée. Les Septante et la Vulgate portent au titre du Psanme lxx : « Psaume de David, des fils de Jonadab et des premiers captifs. » Le texte hébreu ne contient pas cette indication, mais, quelle que soit la valeur qu’on y attache, il en résulte du moins qu’à l’époque de la traduction grecque des Psaumes, au deuxième siècle avant notre ère, sinon auparavant, on croyait dans les milieux juifs, que les Réchabites avaient été captifs à Rabylone.

4° Un chef appelé Réchab, probablement parce qu’il était Réchabite, II Esd., iii, 14, travailla avec les principaux du peuple, du temps de Néhémie, au rétablissement de l’enceinte de Jérusalem. Voir Réchab 3, col. 1001.

II. Opinions diverses sur les Réchabites. — Les savants anciens et surtout modernes ont fait toutes sortes d’hypothèses sur les Réchabites, mais elles s’appuient généralement sur des arguments peu sérieux, sur des subtilités d’étymologie, sur des identifications forcées de personnages divers, etc. Plusieurs, Cheyne, Encyclopedia biblica, t. iv, 1903, col. 4019, voient dans les Réchabites « une sorte d’ordre religieux, analogue aux Nazaréens ». Il ne faut rien outrer, malgré quelques points de ressemblance : les Nazaréens, Samson, Samuel, etc., n’appartenaient pas à un ordre religieux, si l’on attache un sens précis à ce dernier mot, et nous ne voyons nulle part que les » Réchabites aient suivi les pratiques caractéristiques des Nazaréens, si ce n’est en tant qu’elles étaient communes aux nomades, comm l’abstention de viii, etc. Saint Jérôme, Epist. Lix, ad Paulin., t. xxii, col. 583, voit sans doute dans les Réchabites, comme dans Élie, Elisée et les fils des prophètes, des précurseurs des moines, mais leur genre de vie ressemblait beaucoup plus à celle des Bédouins de nos jours qu’à celle des solitaires et des^ânæhorètes. — On a fait aussi des Réchabites une secte religieuse ; nous savons seulement qu’ils adoraient Jéhovah, comme Jéthro et leurs ancêtres les Cinéens. — On les a assimilés aux Assidéens, Râsîdîm, dont parlent les livres des Machabées. IMach., ii, 42 ; vii, 17. « Le nom d’Assidéens, dit avec raison Calmet, Dissert, sur les Réchabites, p. li, se donnait à toutes les personnes qui faisaient une profession particulière de dévotion et de piété… Qui oserait soutenir que tous ceux qui consacraient leur vie aux exercices de la religion suivaient l’institut des Réchabites ? » Et il ajoute : « D’autres les confondent avec