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bran et fut inhumé dans la caverne de Makpélah. « C’est là qu’on a enterré Abraham et Sara, sa femme, C’est là qu’on a enterré Isaac et Rébecca, sa femme. » Gen., xlix, 31. Sara était morte avant Abraham ; la place que ce texte assigne à Rébecca ne prouve donc nullement qu’elle ait survécu à Isaac.

H. Lesêtre.

RÉBLA, nom d’une ou deux villes de Syrie.

1. RÉBLA (hébreu : hâ-Biblâh, avec l’article, « la fertilité » ; Vaticanus : ., . ap BrjXà ; Alexandrinus : ’ApêiXi. Le traducteur syriaque a lu T pour net transcrit Diblat), ville de la frontière orientale de la Terre Promise. — Moïse, après avoir décrit la frontière septentrionale décrit ainsi, Num., xxxiv, 10-12, la frontière orientale : « Et vous tracerez votre frontière à l’orient depuis IIô.sar’Ênàn à Sefâmâh ; et la frontière descendra de Sefâmâh à hà-Riblâh, à l’orient de’Ain, et la frontière descendra et s’étendra jusqu’au côté de la mer de KinnéreJ, à l’orient. » La Vulgate, dans un certain nombre de manuscrits et dans les éditions officielles, porte : descendent termini in Rebla contra fontem Daphnim. Dans le targum de Jérusalem et la version arabe de Sa’adiah, Rébla est remplacée par Daphni. Plusieurs interprètes modernes croient la Rébla ici nommée différente de « Rébla du pays d’Émath », plusieurs fois mentionnée ailleurs. Voir Rébla 2. La frontière décrite par Moïse doit, suivant eux, désigner la frontière du pays dont Josué allait bientôt les mettre en possession, et ne peut remonter jusqu’au pays d’Émath. L’appellation de Rébla d’Émath suppose, selon le rabbin Schwarz, une autre ville du même nom dans la terre d’Israël ; celle-ci serait la Daphni de Sa’adiah, identique à laDaphné deJosèphe voisine du lac Mérom, aujourd’hui Dafnéh, ruine sur le bord du nahar el-Léddân, à deux kilomètres au sud-ouest du tell. el-Qddi. febuoth ha-Arei, Jérusalem, 1900, p. 33-34 et 507-508 ; cf. Daphnis, t. ii, col. 1293. — Pour Furrer, le vrai nom de cette Rébla est Harbêl, comme l’indique la transcription des Septante, el il l’identifie avec’Arbîn, village situé à cinq kilomètres au nord-est de Damas. Antike Stàdte in Libanongebiete, dans Zeitschrift des Palâstina-Vereins, t. vin (1885), p. 29. Cf. R. von Riess, Bibel-Atlas, 1887, p. 25. — Le P. Van Kasteren ne croit pas nécessaire de porter la frontière septentrionale de Moïse auidelà du nahar Qasmiêh et de la ruine appelée Serâdâ, dont le nom pourrait représenter la Sédâd ou Sedadâh de la Massore, écrite dans le texte samaritain, Num., xxxiv, 8, SeradâheX Espace*, dans les Septante. Rébla ou harbêl devrait ainsi se chercher plus au sud. On pourrait le reconnaître soit dans le Zôr Ramliéh ou dans tell Abîl, la célèbre Abila, situés tous deux à l’est de’Ayiûn, en face de l’extrémité sud-est du lac de Tibériade ; ou encore dans VHalibna de la carte historique d’Armstrong. Cf. Van Kasteren, La frontière septentrionale de la Terre Promise, dans la Revue biblique, 1895, p. 31-33 ; Chanaan (Pays de), t. ii, col. 534-535.

L. Heidet.

2. RÉBLA, RÉBLATHA (hébreu, IV Reg., xxiii, 33 : Ribldh ; partout ailleurs avec le hé locatif : Riblâfâh ; Septante, IV Reg., xxiii, 33, Vaticanus : ’PeêXaotii ; Alexandrinus : AeëXai ; partout ailleurs le premier transcrit’PeêXaUi, le second AeëXaSâ ; les traducteurs syriaque et arabe ont également lu i au lieu de —i), ville de Syrie dont le nom se retrouve dans celui d’er-Ribléh.

I. Identification et description. — Le plus grand nombre des interprètes modernes, avec tous les anciens, voir REbla 1, reconnaissent une seule Rébla bihlique. Suivant eux, l’indication, « dans le pays d’Émath », ajoutée à son nom, IV Reg., xxiii, 33 ; xxv. 21 ; Jer., xxxix, 5 ; lii, 9, 27, l’est simplement pour en faire connaître la situation géographique, sans aucune idée de distinction par rapport à une ville du même nom. — Les anciens ayant souvent confondu Émath avec Antioche, ont confondu de même Rébla avec elle, ou ont cherché celle-ci dans son voisinage. « Riblâh, c’est Antioche, » ditleTalmud deBabylone, Sanhédrin 96, 6. Il est suivi par Raschi et la plupart des commentateurs juifs. Cf. Estori ha-Parchi, Caftor va-Phérach, édit. Luncz, Jérusalem, 1899, p. 258 et 280. À Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 314. Adoptant la même opinion et corrrigeant Eusèbe faisant de Reblatha « le pays deBabylone », x^P « (ia8u).<>v(<ov, saint Jérôme ajoute : « …ou plutôt c’est la ville appelée aujourd’hui Antioche. » Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, p. 313. Le Talmud de Jérusalem, Schekalim, vi, 4, la Pesikta rabbathi, ch. 3, voient Rébla dans Daphné d’Antioche. Cf. Neubauer, loc. cit. ; Daphné, t. ii, col. 1295. Saint Jérôme considère Daphné comme un faubourg d’Antioche et l’identifie également avec Rébla, ïn Ez., xlvii, t, xxv, col. 478. Cette identification ne paraît avoir d’autre fondement que la confusion commise par les copistes qui, pour Rébla, ont lu Dëbla ou Devla, nom que les interprètes ont cru reconnaître dans Daphné. Celui-ci a, en effet, était transcrit Dijlâ ou Diflé, (_yl-i.>, par les Arabes, qui le donnent au laurier-rose. Quoi qu’il en soit, saint Jérôme semble être revenu de cette erreur et la réfute, In Amos, VI, 2, t. xxv, col, 1050. Distinguant deux « Émath, la grande appelée Antioche et la petite autrement dite Epiphanie, encore appelée Emmas », il ajoute : « Si son nom a été altéré, elle en conserve encore des vestiges et son territoire est appelé Reblatha. » Il semble ainsi identifier Émath-Épiphanie avec Rébla. Reblatha, selon Théodoret, appartient à la contrée d’Émèse, qui, pour lui, est l’Émath biblique. In Jer., xxxix, t, lxxxi, col. 691. Le découverte faite par Buckingham, entre Ba’albek et ffamah, à 32 kilomètres au sud-ouest de R-oms, et publiée par lui en 1825, Travels among the Arab tribes, in-4°, Londres, 1825, p. 481, d’une localité du nom Riblâ ou Ribléh, la fît généralement adopter pour la Rébla biblique de Syrie. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1258 ; voir Riess, Biblische Géographie, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 81 ; F.deSaulcy, Dict. topographique de la Terre Sainte, Paris, 1877, p. 259 ; Armstrong, Names and Places in the old Testament, Londres, 1887, p. 248. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, t. iii, p. 461 ; Id., Neuere biblische Forschungen in Palàstina, in-8°, Berlin, 1857, p. 710-711.

L’histoire n’a conservé aucun détail suç la topographie de l’ancienne Rébla et l’on n’y signale aucune ruine remarquable, le choix qu’en font les rois d’Egypte et de Chaldée poury établir leur quartier général, permet cependant de croire que cette ville n’était pas sans importance. Ribléh est aujourd’hui un tout petit village syrien, formé d’une douzaine de maisons. Sa situation est toutefois des plus avantageuse : bâtie sur la rive droite du Nahar el-’Asy, —l’Oronte des anciens, au milieu des plaines fertiles et riantes de la Béq’ah, sur la ligne du chemin de fer qui relie Alep et la haute Syrie, avec Hamâh, Homs (Èmèse), et Ba’albek à la ligne de Beyrouth-Damas, Ribléh semble^destiné à prendre un plus grand développement. ^

II. Histoire. — Néchao II, roi d’Egypte, vainqueur des Assyriens et maître de la Syrie jusqu’à l’Euphrate, s’était arrêté à Rébla. Apprenant que les Juifs, après la mort du roiJosias, avaient mis sur le trône, à sa place, son fils Joachaz, il se le fit amener à Rébla où il le chargea de chaînes et le retint prisonnier jusqu’à son départ pour Jérusalem. IV Reg., xxiii, 33 ; cf. II Par., xxxv, 20. — Tandis que Nabuzardan, général des troupes babyloniennes, poursuivait le siège de Jérusalem où le roi Sédécias, troisième fils de Josias, se défendait, le roi Nabuchodonosor était venu