ils ne le disent pas d’une manière positive, de sorte qu’on ne peut savoir si l’action dont ils étaient l’objet allait au delà de la simple vision. Les écrivains du Nouveau Testament sont plus explicites. À la montagne de la transfiguration, les trois apôtres Pierre, Jacques et Jean sont abstraits du monde extérieur par le spectacle qui se déroule à leurs regards, si bien que Pierre, saisi de crainte et ne sachant pas ce qu’il disait, Marc, [X, 5, par conséquent hors de lui, propose de dresser des tentes, sans se douter qu’il est transporté hors du monde naturel. Matth., xviii, 4 ; Marc, ix, 4, 5 ; Luc, IX, 32, 33. À Joppé, saint Pierre aune extase, exrrracriî, mentis excessus, Act., x, 10, qui se répète deux autres fois, et dans laquelle une vision lui signifie ce que Dieu attend de lui. Lui-même distingue très bien deux phénomènes différents : « J’ai vii, dans une extase, une vision. » Act., xi, 5. — Saint Paul a été violemment enlevé, ïpniyr, , raptus esf, jusqu’au troisième ciel, jusque dans le paradis, et il y a vu des choses que l’homme ne saurait exprimer. Mais il ne peut pas savoiv se ravissement a porté sur le corps et l’âme ou bien sur l’âme seule. Il Cor., xii, 2, 4. Il affirme deux fois de suite le même fait, dont l’objectivité est pour lui indubitable, bien qu’il n’ait pas eu pleine conscience des conditions dans lesquelles il se produisait. Mais l’ignorance de ces conditions - importe peu, puisque le ravissement n’est qu’un moyen qui a pour fin la révélation que Dieu veut faire à une âme. Le « troisième ciel », le « paradis » sont ici des expressions mal définies pour nous, par lesquelles saint Paul indique que son ravissement l’a mis en rapport immédiat et surnaturel avec Dieu. Le livre des Secrets d’Hénoçh compte sept cieux, dont le troisième est celui des bienheureux. Ce troisième ciel est au-dessus du ciel atmosphérique et du ciel sidéral. Rien ne prouvé que saint Paul admette sept cieux ; il ne fait qu’identifier le troisième ciel avec le paradis, séjour dans lequel il est entré en relation surnaturelle avec Dieu. Voir Ciel, t. ii, col. 755 ; Cornély, Altéra Epist. ad Corinthios, Paris, 1892, p, 317, 318. Le ravissement dont parle saint Paul remonte à quatorze ans en arrière. II Cor., xir, 2. Peu de temps après son baptême, il avait eu, dans le Temple même de Jérusalem, une extase au cours de laquelle le Seigneur lui commanda de quitter cette ville, qui ne recevrait pas sa prédication. Act., xxir, 17. — À Patmos, un dimanche, saint Jean fut âv nii.ii.azi, in spiritu, c’est-à-dire ravi en esprit, pour recevoir les révélations divines. Apoc, i, 10. — Les Pères expliquent que, dans l’extase et le ravissement, l’âme est soustraite à l’influence des sens et du monde extérieur, mais qu’elle ne cesse point d’être pleinement consciente et libre. Cf. Origène, In Ezech., hom. ix, 1, t. xiii, col. 739 ; S. Basile, In ls., Proœm., xiii, 1, t. xxx, col. 125, 565 ; S. Jean Chrysostome, In Ps. sliv, t. i, v, col. 184 ; In I ad Cor., hom. xxix, 2, t. lxi, col. 242 ; S. Jérôme, In ls. Prol-, t. xxiv, col. 19 ; In Nah., Prol., t. xxv, col. 1292 ; In Eph., iii, 2, t. xxvi, col. 510, etc. Cette abstraction des sens a pour but et pour effet de rendre l’âme plus apte à saisir les communications divines. Cf. S. Augustin, Ad Sirnplic, ii, q. I, 1, t. xl, col. 130 ; In Ps. lsvii, 36, t. xxxvi, col. 834, etc. Elle ne produit aucun désordre dans les facultés naturelles de l’homme et n’a par conséquent rien de commun avec l’aliénation mentale et la divagation intellectuelle. Cf. S. Thomas, Sitm. theol-, II a II*, q. clxxui, a. 3 ; Sainte Thérèse, Vie écrite par elle-même, trad. M. Bouix, Paris, 1880,
p. 151, 227, 326.
- RAYON##
RAYON (hébreu : qerén ; Septante : àxi : : ; Vulgate : radius), lumière émise par un foyer et se propageant en ligne droite. L’hébreu n’a pas de mot particulier pour désigner le rayon lumineux ; il se sert pour cela du mot qérén, « corne », employé seulement au
duel, qarnayîm, Hab., iii, 4, parce que les rayons lumineux
partent de leur foyer comme les cornes de la
tête de l’animal. — Les rayons du soleil chassent le
brouillard, Sap., ii, 3, et éblouissent les yeux. Eccli.,
xliii, i. Les premiers rayons faisaient fondre la manne-Sap.
, xvi, 27, — Habacuc, iii, 4, décrivant une théophanie,
dit de Dieu : « C’est un éclat comme la lu.
mière, des rayons partent de ses mains, là se cache sa
puissance. » Dieu est comparé à un soleil éclatant ; de
ses mains et de toute sa. personne s’échappent des
rayons de lumière éblouissante. Comme il s’agit ici et
dans les versets suivants de la puissance de Dieu, il se
pourrait que les rayons dont parle le prophète soient
ceux de la foudre. — Quand Moïse descendit du Sinaï,
à la suite de ses communications avec Jéhovah, « la
peau de sa face rayonnait, » qâran, et il la voilait
pour parler aux enfants d’Israël. Exod., xxxiv, 29-35.
Les Septante traduisent par Zziomma’., « était glorifiée ».
La Vulgate rend trop servilement le verbe qâran, cornuta
eral, « avait des cornes ». Il s’agit ici de rayons
et non de cornes, et ces rayons ne jaillissaient pas
seulement du front, mais de « la peau de la face »,
c’est-à-dire de toute la partie du visage que ne recouvraient
pas les cheveux ou la barbe. — Dans la description
du crocodile, l’auteur de Job, xli, 21, dit que le
dessous de son corps ressemble à des pointes de tessons,
haddûdê hàrés. Les écailles qui recouvrent le
ventre de la bête sont en effet comme des tessons tranchants
et aigus, imbriqués les uns sur les autres. Les
Septante traduisent par àêtliav.oi ô£sîç, « des pointes
aiguës ». Dans la Vulgate, ces pointes de tessons deviennent
des « rayons de soleil ». Il faut qu’au lieu de
w-in, « tesson », le traducteur ait lu uraur, Semés, « soleil ». Des pointes de soleil peuvent être les traits du
soleil, ses rayons ; mais alors le texte n’a plus de sens,
si on l’applique au crocodile. — Par similitude, on
donne le nom de raies ou rayons aux pièces rectilignës
qui rayonnent autour du moyeu d’une roue et s’ajustent
dans les jantes qu’elles maintiennent. Ces rayons
s’appellent en hébreu hiSsuqîm, de hasaq, « joindre » ;
Vulgate : radii. Il en est parlé à’propos des bassins
roulants fabriqués en airain pour le service du Temple.
III Reg., vii, 33. Voir Mer d’airain, t. iv, col. 987.
- RAZIAS##
RAZIAS (grec : ’PaÇeîî), un des anciens de Jérusalem qui, pendant les guerres de Judas Machabée, se donna lui-même la mort pour ne pas être livré à Kicanor. Cet ennemi des Juifs envoya cinq cents hommes pour le prendre, à cause de l’influence qu’il exerçait sur ses coreligionnaires, et lorsque Razias vit qu’ils mettaient le feu à la tour (texte grec) où il était renfermé et qu’il ne pouvait leur échapper, il se frappa de son glaive, « aimant mieux mourir noblement, dit l’auteur sacré, que de tomber entre les mains des pécheurs et de subir des outrages indignes de sa naissance. » II Mach., xiv, 42. Mais le coup qu’il s’était porté précipitamment n’était pas mortel. Avec un courage héroïque, il courut sur le mur et se précipita dans le vide ; il se releva du sol couvert de sang et de plaies, traversa la foule en courant et, se tenant debout sur une pierre escarpée, il saisit ses entrailles des deux mains et les jeta sur la multitude, en invoquant le maître de la vie, afin qu’il les lui rendît de nouveau. C’est en faisant cet acte de foi à la résurrection qu’il expira. II Mach., xiv, 37-48. Un tel acte de courage devait remplir d’admiration ceux qui en furent les témoins. On ne peut néanmoins approuver sa conduite en elle-même et l’on ne peut l’excuser que par la droiture de ses intentions ou.par une inspiration divine particulière, comme celle des martyrs qui se sont précipités eux-mêmes dans les bûchers. « Sa mort, dit saint Augustin, Cont. Gaudent., i, xxxi, 57, t. xiiii, col. 729, fut plus admirable que sage, et l’Écriture, en racontant sa mort
V. — 32