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RASIN — RAT

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inscriptions cunéiformes, son nom aurait dû être écrit psi, Ra ?ôn, au lieu de’f, car l’assyrien est Ra-sun-nu. Ce prince, qui ne nous était connu que par la Bible, l’est aussi maintenant par des documents assyriens, qui rapportent pour le fond les mêmes événements. Le nom de Rasin se lit quatre fois dans les fragments de l’inscription des Annales de Théglathphalasar III, roi de Ninive, lig. 83, 150, 205, 236. P. Rost, Die Keiîschriftteocte Tiglat-Pilesers IU, in-12, Leipzig, 1893, p. 14, 26, 34, 38. Le conquérant assyrien le nomme comme roi de Damas (lig. 83, 150, 205) ; il nous dit (lig. 205) qu’il s’empara de la ville de Jjladara, résidence du père de Rasin de Damas, où il était né ; il l’énumère parmi ses tributaires (lig. 83-84, 150) et, dans ce dernier passage, il le place entre Kustaspi de Qummuf, i, Mi-ni-fyi-im-mi Sa-mi-ri-na-ai, « Manahem de Samarie », et Hirom de Tyr. Il raconte, lig. 191, 210, sa campagne contre Rasin. Ces lignes sont très mutilées, mais ce qui en reste nous montre que, en 733-732 (xiie, xiiie et xive campagnes), Théglathphalasar voulut en finir avec le plus puissant de ses ennemis ; il le battit, malgré une résistance longue et opiniâtre ; il l’enferma et l’assiégea dans Damas, dont il ravagea tous les alentours, rasa 591 villes de son territoire et en fit prisonniers les habitants ; il termina la guerre par la prise de Damas. Rost, ibid., p. xxx, xxxiv.

Ces inscriptions confirment pleinement ce que l’Écriture nous apprend de Rasin, roi de Damas. D’après IV Reg., xvi, 3, et Isaïe, vii, 1-9, Rasin de Damas 1 et Phacée d’Israël déjà ennemis de Juda sous Joatharn, IV Reg., xv, 37, marchèrent contre Achaz, son fils, roi de Juda, qui avait refusé de s’unir à eux pour secouer le joug de Théglathphalasar auquel ils étaient obligés de payer tribut. La nouvelle de cette coalition remplit d’effroi les habitants de Jérusalem et ils devinrent tremblants comme les feuilles des arbres agitées par le vent, Is., vii, 2, lorsque les deux alliés vinrent assiéger la capitale. Isaïe tenta en vain de les rassurer, au nom du Seigneur, contre les menaces de « ces deux bouts de tisons fumants ». Is., vii, 4. Rasin et Phacée ne purent s’emparer de Jérusalem, mais le roi de Damas, descendant au sud du pays, alla prendre Élath sur le golfe Élanitique, fit de nombreux captifs dans le royaume de Juda et les déporta à Damas, pendant que Phacée, de son côté, infligeait à l’armée de Juda une sanglante défaite. IV Reg., xvi, 5-6 ; II Par., xxviii, 5-8. Abattu par tous ses désastres, Achaz, jeune roi de vingt ans, compta plus sur son habileté politique que sur le secours de Dieu, que lui promettait Isaïe. Il résolut de réclamer l’aide du roi de Ninive ; prenant l’or et l’argent qui étaient dans les trésors du Temple, il l’envoya en tribut à Théglathphalasar, afin d’obtenir de lui son intervention immédiate. jt. 8-9. L’occasion était trop belle pour le roi d’Assyrie, jl ne se fit pas prier ; il porta aussitôt la guerre dans le royaume d’Israël. À son approche, Phacée fut mis à mort par ses propres sujets et Théglathphalasar, dans ses inscriptions, s’attribua à tort ou à raison d’avoir donné le trône à Osée. Voir Osée 2, t. iv, col. 1905. — Il ne devait pas triompher aussi facilement de son second ennemi, Rasin, comme on l’a vu plus haut. Il ne lui fallut pas moins de deux ans pour l’abattre, mais la destruction fut complète. Le roi Théglathphalasar III « prit Damas, lisons-nous IV Reg., xvi, 9, il emmena les habitants en captivité à Kir et il fit mourir Rasin. » Ce dernier détail ne se trouve point dans les fragments des inscriptions de Théglathphalasar qui ont été publiées, mais Henry Rawlinson eut entre les mains une tablette assyrienne, malheureusement égarée depuis en Asie, qui confirme le fait rapporté par l’historien sacré. G. Smith, The Armais of Tiglath Pileser II, dans la Zeitsckrift fur âgyptische Sprache, 1869, p. 14. Voir

F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 519-526.

Dans le récit de la guerre de Rasin et de Phacée contre Juda, il est dit, Is., vii, 6, que leur projet était d’établir roi à Jérusalem le fils de Tabéel. Ce Tabéel est inconnu. Quelques savants ont supposé qu’il pouvait bien être le père de Rasin et que celui-ci était désigné par les mots « fils de Tabéel », comme Phacée est désigné par ceux de « fils de Romélie ». Is., vii, 4, 5, 9 ; viii, 6.

2. RASIN, un des chefs des Nathinéens qui retournèrent de la captivité de Babylone en Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 48 ; II Esd., vii, 50. Les Septante l’appellent’Pao-t&v dans le premier passage et’Poknkôv dans le second. Le nom de ce Nathinéen n’étant pas israélite indique sans doute une origine étrangère.

    1. RASOIR##

RASOIR (hébreu : môrâh, fa’ar ; Septante : lupôv, dt’Sïlpo ; , « fer » ; Vulgate : novacula, ferrum), lame effilée servant à couper au ras de la peau les cheveux, la barbe, les poils, etc. — Le rasoir ne devait pas toucher celui qui avait fait le vœu de nazaréat. Num., vi, 5. Ainsi en fut-il pour Samson, Jud., xiii, 5 ; xvi, 17, et pour Samuel. I Reg., i, 11. Par contre, au jour de leur purification, les lévites devaient passer le rasoir par tout leur corps. Num., viii, 7. — Le rasoir est l’image de ce qui ravage de fond en comble. La langue pernicieuse est comparée à une lame de rasoir, parce qu’elle détruit totalement la réputation du prochain. Ps. lu (m), 4. Pour raser la Syrie et la Judée, le Seigneur louera un rasoirau delà du fleuve, c’est-à-dire emploiera le roi d’Assyrie, qui n’est pas d’ordinaire à son service, et celui-ci rasera tout, de la tête aux pieds. Is., vii, 20. Ézéchiél, v, 1, se sert de la même figure pour annoncer la ruine de Jérusalem ; il reçoit l’ordre de prendre une lame tranchante, ftéréb, en guise de « rasoir de barbier », et de la faire passer sur sa tête et sur sa barbe, afin de tout enlever. Voir Barbier, t. i, col. 1456 et

fig. 450.

H. Lesêtre.
    1. RASSIS##

RASSIS (FILS DE) (grec : Tio Tacra( ; ), peuplade mentionnée seulement dans Judith, ii, 23. La Vulgate porte : Filii Tharsis, c’est-à-dire « fils de Tarse (en Cilicie ) », Judith, ii, 13. Holoferne ravagea leur pays dans sa campagne contre l’Asie occidentale. Voir Tarse.

RAT (hébreu : ’akbar ; Septante : (j.îç ; Vulgate : mus), petit mammifère de l’ordre des rongeurs, muni

223. — Le rat.

de deux dents incisives et tranchantes^ chaque mâchoire, omnivore, très vorace et d’une extraordinaire fécondité (fig. 223). — 1° Il y a de nombreuses espèces de rats ; on en trouve dans tous les pays. On rencontre en Syrie le rat proprement dit, la souris, la marmotte, la gerboise, voir t. lii, col. 209, le campagnol, voir t. ii, col. 103, le loir et le hamster. Vingt trois espèces au moins sont représentées en Palestine, dont trois espèces de loirs parmi lesquels le plus grand de tous, le myoxus glis ; quatre ou cinq espèces de rats à courte qneue, dont Yarvicola arvalis ou campagnol, qui ravagea les