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RAPHIDIM — RAPHON


qui veut dire « fertile ». Diodore de Sicile, iii, 42, semble déjà mentionner la palmeraie de l’oasis 60 ans avant J.-C ; et des auteurs du n= siècle parlent du « bourg de Pharan ». Mais, seulement plus tard, la localité, devenue chrétienne, prit de l’importance. Elle fut habitée par un grand nombre de moines et d’anachorètes, et devint le siège d’un évêché, vers l’an 400. Ce siège était vacant à l’époque ou les musulmans, après la conquête de l’Egypte et de la Syrie par Omar, s’établirent en grand nombre dans la fertile oasis, en usurpèrent les propriétés et chassèrent les moines et Ja plupart des chrétiens. La ville, ainsi abandonnée, tomba bientôt en ruinés ; au xip siècle, sous la domination des rois latins, elle se releva un peu ; mais après leur départ déchut rapidement jusqu’à l’état de complète ruine où elle se trouve à présent.

III. Histoire. — Raphidim est resté célèbre à cause de l’eau que Moïse y fit jaillir, de la victoire sur Amalec, et, d’après quelques interprètes, de la visite de Jéthro à Moïse. — Les Israélites vinrent à Raphidim par l’itinéraire dont nous avons parlé. L’eau manque aujourd’hui complètement le long de ces routes. S’il en était de même au temps de l’exode, la marche dut être précipitée ; cependant nous ne savons pas combien de temps elle dura, parce qu’Alus, la dernière station que les Hébreux quittèrent pour venir à Raphidim est inconnue. Cf. Alds, t. i, col. 434. Ils eurent à emporter dans des outres une provision d’eau pour le trajet ; mais il semble que le peuple s’attendait à trouver des sources à Raphidim. Quand on y fut arrivé, l’eau sur laquelle on avait compté manqua. Les Israélites, qui, depuis Elim ou au moins depuis la station dans le désert de Sin, prés des sources de VAïn-Dhafary et de VAïn-Markha, n’avaient eu que la quantité indispensable pour étancher leur soif, éclatèrent en murmures contre Moïse : Exod., xvii, 2-4. Dieu alors ordonna à Moïse de frapper le rocher d’Horeb, et il en jaillit de l’eau en abondance. Moïse donna à ce lieu le nom de Massah et Méribah, que la Yulgate, Exod, , xvii, 7, traduit « Tentation », parce que les enfants d’Israël avaient contesté et tenté le Seigneur. Cf. Num., xx, 2, 13. Voir Massah, t. iv, col. 853.

Très probablement les Israélites, après la halte de Raphidim, lorsqu’ils se remettaient en route pour le Sinaï, rencontrèrent les Amalécites, qui venaient leur barrer le passage à travers l’pasis Feiran, au point où cet ouadi reçoit l’ouadi Aleyât et est dominé par le Djebel el-Tahunéh. Les Amalécites, tribu belliqueuse du désert, capable de lutter contre des forces considérables, se partageaient la péninsule sinaïtique avec les Madianites amis de Moïse, qui était, gendre de l’un d’entre eux, c’est-à-dire de Jéthro. Ils descendaient d’Abraham par un de ses arrière-petits-fils, Àmalec, qui leur avait donné son nom, Gen., xxxvi, 12, 16, et occupaient le déserl de Pharan, c’est-à-dire une partie du désert ûeliVi. Voir X » kLÉcsTï.s, t. i, col. 428-430 ; Pharan, t. v, col. 187-189. Ils avaient entendu parler de l’approche de la nombreuse armée des Israélites, et ils crurent sans doute qu’elle avait des projets de conquête ; ils s’assemblèrent donc au premier endroit qui leur parut propice pour arrêter l’ennemi dans sa marche et l’empêcher de s’établir solidement dans la péninsule. L’endroit comme désigné à l’avance c’était le défilé étroit, sinueux de Feiran, bien approvisionné d’eau de leur côté, sans eau du côté d’Israël, entouré de rochers escarpés, couvert de végétation, à l’abri d’une attaque de flanc, offrant tous les avantages désirables pour battre en retraite, dans le cas d’une défaite. D’autres raisons sans doute déterminèrent les Amalécites dans leur choix. Cette belle oasis, avec ses bosquets fertiles et ses eaux courantes devait être leur possession la plus chère de la péninsule. Probablement aussi on n’oublia pas que les Israélites, après un voyage telle ment long par une route sans eau, devaient être affaiblis, fatigués et mourant de soif, Deut., xxv, 18 ; on avait donc lieu de penser qu’une attaque contre eux. avant qu’ils pussent atteindre les eaux de Feiran serait couronnée de succès. Enfin, la configuration des vallées latérales qui entouraient la position occupée par les Israélites favorisait ce genre de guerre, qui consistait à harceler l’ennemi par le flanc et par derrière, et auquel fait allusion le Deutéronome, xxv, 17-18. H. S. Palmer, Sinaï, p. 199-200. Josué, à la tête des Hébreux, soutint l’assaut des Amalécites. Dieu donna la victoire à son peuple, grâce aux prières de son serviteur Moïse, qui pendant la bataille se tint, les mains levées et soutenu par Aaron et Hur, sur le sommet du Djebel el-Tahunéh, le gibe’âh de l’Exode, xvii, 9. Ici, à l’abri des traits et des flèches de l’ennemi, il pouvait aisément suivre toutes les péripéties du combat et intercéder pour les siens. Quand la défaite d’Amalec fut complète, Moïse éleva, en actions de grâces, un autel auquel il donna le nom de Jéhovah-Nessi, « le Seigneur est ma bannière », peut-être sur la colline voisine, appelée’aujourd’hui Djebel Meharret. Cf. Yigouroux, La Bible et les découvertes, t. ii, p. 489.

D’après divers commentateurs, la visite de Jéthro à Moïse, après la défaite des Amalécites, voir Jéthro, t. iii, col. 1322, eut lieu à Raphidim. Fillion, La Sainte Bible commentée, Paris, 1899, t. i, p. 245 ; Crelier, Comment, de l’Exode, Paris, 1895, p. 148 ; De Hummelauer, Cpmm. in Exodum et Leviticum, Paris, 1897, p. 183. Il faut cependant observer que les Israélites ne se sont pas arrêtés longtemps dans leur campement de Raphidim. Ils étaient arrivés le 15e jour du second mois au désert de Sin, Exod., xvi, 1, et le l" ou le 3e jour du troisième mois ils avaient déjà atteint le désert de Sinaï, Exod., xix, 1. S’il est possible que le prêtre madianite ait eu le temps de rencontrer Moïse à Raphidim, après avoir appris sa victoire sur Amalec, il dut le suivre au désert de Sinaï. Cf. Calmet, Comment, in Exodum, Lucques, 1730, t. i, p. 467, suivi par un assez grand nombre de critiques modernes, entre autres Dillmann, Die Bûcher Exodus und Leviticus, Leipzig, 1880. A. Molini.

    1. RAPHON##

RAPHON (Tatptôv), ville de la Galaaditide ou Transjordane, près de laquelle Judas Machabée remporta une insigne victoire sur le général gréco-syrien Timothée. I Mach., v, 37. — 1° Judas et son frère Jonathas avaient passé le Jourdain pour aller assister les Juifs persécutés par les païens au milieu desquels ils habitaient. Déjà Judas s’était emparé d’un grand nombre de villes qu’il avait livrées aux flammes et avait exterminé ou dissipé les forces ennemies. Avec une nouvelle armée, formée de toutes les nations environnantes et forte de 120000 fantassins et de 2500 cavaliers, Timothée avait établi son camp en face de Raphon, près du torrent. Judas le cherchait, à la tête d’une armée de 6 (100 hommes seulement. À son approche, e général gréco-syrien dit à ses officiers : « Si Judas traverse la rivière et passe le premier de notre côté, nous ne pourrons soutenir son choc. S’il craint, au contraire de venir à nous et dresse son camp au delà du torrent, passons à lui et nous serons vainqueurs. » En arrivant Judas plaça les scribes près de la rivière avec l’ordre de faire passer tout le monde pour prendre part au combat. Il passa lui-même le premier et tous les soldats le suivirent. Les ennemis ne purent soutenir l’impétuosité de l’attaque : ijs s’enfuirent vers Carnaïm tombant sur leurs propres armes ou s’écrasant les uns les autres. Sans compter ceux qui périrent de cette manière, Judas en extermina encore trente mille. Timothée tomba entre les mains de ûosithée et de Sosipater, généraux de Judas. Sur ses supplications et sa promesse de reudre tous les Juifs détenus par lui, il fut