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RAPHAÏM (VALLÉE DES) — RAPHIDIM


(Gazer)’; » ils confondaient ainsi là plaine des Râphaïm avec la plaine prés de Gabaon danslsaïe, xxvw, 21. — S’l’on excepte Titus Tobler qui cherche, Wanderung, iii, p. 202, la vallée des Raphaïm dans Vouâdi courant sous Deir-Yasin, à l’ouest nord-ouest de Jérusalem, et un ou deux modernes croyant la trouver dans la vallée de Liflati, au nord de la précédente, l’universalité des commentateurs et des géographes s’accordent à la voir au sud à Jérusalem et dans là Béq’ah. La défaite des Philistins à Gabaon, non plus que la citation simultanée, par Isaïe, loc. cit., de la vallée de Gabaon et du mont des Pharasim ou Baalpharasin, n’impliquent pas, comme nous le verrons, la nécessité de chercher près de cette ville la plaine ofi ils posèrent leur camp. Gf. Reland, Palœslina, Utrecht, 1714. p. 355 ; Gesenius, Thésaurus, p. 1302 ; E. Robinson, Biblical researches in Palestine, Boston, 1841, t. i, p. 323-324 ; R. v. Riess, /J1611scveGfeo5frapftie, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p.80 ; V. Guérin, Judée, 1. 1, p. 244-248 ; Armstrong, Wilson et Conder, Names and places in the Old Testament, Londres, 1887, p, 147, etc.

3° Description. — Du pied de la montagne à l’ouest de Jérusalem où commence au nord la Béq’ah jusqu’à la base des collines se prolongeant vers Betléhem où elle se termine au sud, son étendue est de quatre kilomètres ; sa largeur d’est à ouest, depuis la ligne de partage des eaux qui la sépare des ravins courant vers le Cédron jusqu’au pied de Qatamôn et au point où elle rejoint la « vallée des Roses », ouâd’él-Ouard, est de trois kilomètres. Elle incline d’est en ouest et appartient toute entière au versant méditerranéen. La terre qui recouvre le calcaire du fond, a de deux à trois mètres de profondeur. Elle était mêlée de nombreuses pierres de silex qui en partie ont été amoncelées, ou rangées en murs le long de ses chemins. Elle est brune et fertile (fig. 220) La culture du blé, froment, orge, doura, a dû toujours en être la principale. Le prophète Isaïe, xviii, 5, compare le peuple d’Israël en décadence au glaneur recueillant, après la moisson, les épis oubliés dans la plaine des Raphaïm.

Les lentilles, le kersenné, les fèves, les pois-chiches les haricots y prospèrent également. Les oliviers plantés sur ses confins y ont pris les plus belles proportions. Les nombreux pressoirs antiques et les restes de vieilles tours qui se voient sur les collines environnantes, montrent qu’autrefois comme aujourd’hui la "Béq’ah était entourée de vignobles. Plusieurs voies antiques, partant toutes de Jérusalem, la traversaient dans toute sa longueur. Deux d’entre elles se dirigeaient vers Bethléhem et Hébron.

4° Histoire. — La limite tracée par Josué laissait la plaine des Raphaïm à la tribu de Juda. Elle fut envahie par les Philistins, sous le règne du roi Saûl, tandis que celui-ci poursuivait David de refuge en refuge. Le futur roi d’Israël était en ce temps cache dans la grotte d’Odollam. Ayant manifesté le désir de boire de l’eau de la citerne qui était prés de la porte de Bethléhem, trois de ses compagnons ne craignirent pas de traverser le camp ennemi établi dans la plaine, pour aller chercher l’eau désirée. II Reg., xxiii, 13*17 ; I Par. xi, 15-19. Deux autres fois les adversaires du peuple de Dieu revinrent y dresser leurs tentes ; la première fois quand ils apprirent que tout Israël avait reconnu David pour son roi, que celui-ci s’était emparé de la forteresse de Sion et avait fait de Jérusalem sa capitale ; la seconde fois, quelque temps plus tard, dans le dessein sans doute de prendre leur revanche. La première fois David les battit à l’endroit qu’il appela Baal-Pharasim, situé sans doute sur les confins de la plaine, mais dont le nom n’a pas été retrouvé. Voir t. i, col. 1341. Les Philistins abandonnèrent là leurs idoles. Les Israélites les brûlèrent. II Reg., v, 17-21 ; I Par., xiv, 8-12. La seconde fois, le roi reçut de Dieu l’ordre

de ne pas attaquer l’ennemi’de front, mais de le surprendre par derrière. David contourna la plaine, dissimulé, selon toute probabilité, par la. colline de Qatamôn, pour tomber sur les Philistins du côté des Békâ’im. Voir Mûrier, t. iv, col. 1344.

Par ce mouvement, l’armée israélite coupait la retraite à l’ennemi. Mis en. déroute les Philistins durent s’enfuir par le côté oriental de la plaine pour gagner le Cédron et remonter au nord de Jérusalem, puisque nous les retrouvons près de Gabaon où David achève leur défaite en les poursuivant de là jusqu’à Gézer. II Reg., v, 22-25 ; I Par., xiv, 13-17. — La plaine des Raphaïm a vu passer les plus illustres personnages de la Bible : Ahraham se rendant à Hébron et revenant avec son fils Isaac pour le conduire à la montagne Moria ; Éliézer ramenant Rébecca ; Jacob fuyant son frère Ésaû et retournant de Mésopotamie avec ses épouses et ses fils ; la Vierge Marie et saint Joseph allant se faire inscrire à Bethléhem et apportant le Sauveur au Temple ; les Mages s’avançant pour aller adorer le Roi des Juifs ; le trésorier de la reine Candace lisant Isaïe sur son char, et que devait bientôt rejoindre le diacre Philippe ; puis toute la multitude des pèlerins montant du sud pour aller, en son Sanctuaire, adorer Jéhovah.

5° Etat actuel. — Depuis quelques années, l’ancienne plaine de Raphaïm a subi plusieurs modifications. Une route carrossable, construite en 1883, entre Jérusalem, Hébron et Bethléhem, voit rouler des voitures de forme européenne. Sur la voie ferrée de Jaffa à Jérusalem, ouverte en 1892, la locomotive entraîne, à travers la plaine, des wagons qui déposent les pèlerins à une gare bâtie vers l’extrémité septentrionale de la Béq’ah* Une colonie wurtembergeoise appartenant à une secte protestante millénariste, s’est établie, en 1871, dans le même quartier, donnant naissance à un faubourg formé d’une vingtaine d’habitations couvertes de toits à tuiles rouges, environnées de jardins, de caractère tout européen. De nombreuses autres constructions se sont élevées depuis jusque vers le milieu delà plaine, menaçant de l’envahir tout entière. L. Heidet.

    1. RAPHIDIM##

RAPHIDIM (hébreu : Refîdim ; Septante : ’Paçtêefv), une des stations des Hébreux à travers la presqu’île sinaïtique, entre le désert de Sin et le désert du Sinaî, Exod., xvii, 1 ; xix, 2 ; ou plus précisément entre Alus et le Sinaï. Num., xxxiii, 14, 15.

I. Identification. — De l’étymologie du mot « Raphidim » on ne peut pas tirer d’argument pour son identification. Assez probablement ce mot provient de la racine hébraïque râfad, « préparer le lieu du repos », d’où sa signification de « halte, lieu de repos ». Saint Jérôme, De situ et nominibus hebraicis, t. xxiii, col. 789, semble bien donner ses préférences à cette explication. Raphidim est spécialement « un lieu de repos », la station de Raphidim était située, entre Alus, dans le désert de Sin et le désert du Sinaï. Le désert de Sin est aujourd’hui assez généralement identifié avec la plaine d’el-Markha. Cf. Bartlett, From Egypt to Palestine, p. 213 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, & édit., t. ii, p. 459-460 ; voir Désert, II, i, 3, t. ii, col. 1390. Voir Sin. Le Sinaï désigne dans l’Exode le noyau central du massif de montagnes granitiques dont le Djebel Mouça, ou mont de Moïse, forme aujourd’hui le point le plus célèbre. Cf. Vigouroux, La Bible, t. ii, p. 490-491 ; Désert, IL, i, 4, t. ii, col. 1391. Voir Sinaï. On peut aller par diverses routes principales, voir Alus, t. ij col. 424, du désert de Sin au Sinaï. Une d’elles, la route du nord, quitte assez vite la plaine d’el-Markha, et parcourant i’ouadi Bâbah, le Debbetvr-Ramléh, I’ouadi Kamilêh et I’ouadi esch-Scheikh, aboutit tout droit au Sinaï. Les partisans de cet itinéraire ont mis Raphidim un peu partout ; et quelques-uns d’entre eux signalent l’ouâdi