Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/496

Cette page n’a pas encore été corrigée
973
914
RAMSÈS II — RAPHA


i, 56. Mais avec la fin’de la guerre finirent les razzias d’hommes et la lièvre croissante des travaux publics réclamait des bras. D’autre part, la forte cohésion de l’empire héthéen, ses intrigues toujours à craindre en Palestine, l’obligation de traiter avec lui sur le pied d’égalité avaient appris à Ramsès la nécessité de se tenir en garde contre la Syrie du Nord. En persécutant les Hébreux, par une politique à double fin, il suppléait donc au manque de bras pour ses entreprises, il leur enlevait la possibilité de trop se multiplier et d’aller renforcer ses ennemis en cas de conflit. « Et il dit à son peuple : Vous voyez que le peuple des enfants d’Israël est devenu très nombreux, et qu’il est plus fort que nous. Venez, opprimons-les avec sagesse, de peur qu’ils ne se multiplient encore davantage, et que si nous nous trouvons surpris de quelque guerre, ils ne se joignent à nos ennemis, et qu’après nous avoir vaincus, ils ne sortent d’Egypte. » Exod., i, 9-10. Et aussitôt les Hébreux sont accablés de corvées par les intendants des travaux et les chefs de brigade, sous l’insulte et le mépris des Égyptiens. On leur demande toutes sortes de travaux agricoles, du mortier, des briques, et ils bâtissent les villes fortifiées et contenant des magasins, Phithom et Ramsès. Exod., i, 11-14. Voir Briques, t.i, col., 1931-1934 ; Phithom, col. 323-324. Ces vexations exténuantes n’empêchant pas leur multiplication, les sages-femmes reçoivent l’ordre de tuer tous les mâles, puis il est enjoint à tout le peuple de les noyer dans le fleuve. Exod., i, 15-22. C’est au cours de cette violente persécution que Moïse sauvé des eaux quarante ans plus tôt, Act., vii, 23, et élevé à la cour, tua un égyptien qui frappait un hébreu et s’enfuit dans la terre de Madian, Exod., ii, 15, pour échapper à la vengeance royale. Quarante autres années s’étaient écoulées pour lui chez le prêtre de Madian, Exod., vu, 7, Act., vil, 30, quand il reçut de Dieu la mission de sauver le peuple d’Israël. Exod., iii, iv, 1-19. Il avait donc quatre-vingts ans. Cela nous fait sans aucun doute remonter à Séti I° r ; mais Ramsès II était son bras droit en qualité de corégent « dès le temps qu’il était dans l’œuf, » Grande Inscription d’Abydos, lig. 44. On peut donc en déduire, sans grand risque de se tromper, que Ramsès II vit éclore la persécution, que, sûrement, il en fut le principal, sinon l’unique agent, et qu’avec ses soixante-sept ans de règne personnel c’est lui que l’Écriture désigne par ces mots : « Après beaucoup de temps mourut le roi d’Egypte. » Exod., ii, 23. D’autant mieux que, Exod., i, 11, une des villes bâties par les Hébreux s’appelle Ramsès et ne peut tirer son nom que de son fondateur, tout comme Alexandrie d’Alexandre, Constantinople de Constantin, et tant d’autres. Et ce Ramsès ne peut être l’éphémère Ramsès I er, ni Ramsès III, d’une date tardive, 1198-1167. Reste donc Ramsès II que la Bible nomme indirectement en nommant une des villes qu’il fonda. Chabas, Mélanges égyptologiques, IIe série, 1864, p. 109 ; E. de Rougé, Moïse et les Hébreux d’après les monuments égyptiens, loc cit., p. 169. Nous savons par ailleurs que l’ouadi Toumilat, où s’élevèrent Phithom et Ramsès, ne fut colonisé qu’à partir de Seti I er. « Dans les plus anciennes listes de nomes, qui sont du temps de Seti I er, Dùmiçhen, Geographische lnschriften, t. i, 1865, pi. lxxxxii, le nome d’Arabie (Gessen) ne se rencontre pas [et à plus forte raison le nome héroopolite]. Nous avons seulement quinze nomes pour la BasseEgypte, au lieu de vingt-deux, comme sous les Ptolémées. La liste de Séti I er finit avec le nome d’Héliopolis, et ne mentionne ni le Bubasiite (Zagazig) ni l’Athribite (Benha), circonstance qui montre que cette partie du royaume n’était pas encore alors organisée en provinces régulièrement administrées, chaque nome ayant sa capitale et son gouvernement. Au lieu de nomes, nous ne trouvons que des noms de marécages ou de branches

du Nil. » Naville, Goshen and the skrine of Saft el-Henneh, 1885, p. 18 (Mémoire IV de VEgypt Exploration Fund). On peut en déduire que c’est Ramsès qui organisa la région où partout se rencontre son nom. De cette terre inculte, mais suffisamment arrosée pour produire de bons pâturages, de cette terre libre qu’on avait abandonnée aux en Tants de Jacob et à leurs troupeaux sans frustrer aucun Égyptien, il fit une terre cultivable, répartie entre des colons, gouvernée à l’instar des anciens nomes. « Une conjecture très ancienne, dit Maspero, loc. cit., t. ii, p. 462, n. 2, identifie avec Ramsès II le pharaon qui n’avait pas connu Joseph. Les fouilles récentes, en montrant que les grands travaux ne commencèrent à l’orient du Délia que sous ce prince, ou sous Séti I er au plus tôt, confirment l’exactitude de cette tradition d’une manière générale. » On doit même en déduire que les deux villes nommées sont bien son œuvre, puisque l’une d’elles, reconnue par Naville, voir Phithom, col. 321328, n’a livré, avec ses magasins ou greniers et son enceinte de briques, aucun nom de roi ni aucun monument antérieurs à Ramsès II. Par contre les cartouches de ce pharaon l’ont révélé comme le fondateur de Pitum-Phithom. Voir ce mot, col. 327-328 ; cf. Bœdeker (Steindorff), Egypte, édit. française, 1908, p. 174. Nous n’ignorons pas que d’après une autre hypothèse, qu’on base sur la chronologie, Lieblein, The exodus of the Hebrews, dans Proceedings of the Society.of the Biblical archœology, t. xxtx, 1907, p. 214-218 ; Lindl, Cyrus, 1903, p. 11, 40, etc., Thothmès III serait l’oppresseur et Aménophis II ou lit le pharaon de l’Exode. On invoque à l’appui quelques faits : Stèle de Menephtah, cf. Pharaon, col. 196-197 ; Manéthon, dans Josèphe, Contra Apionem, i, 26 ; cf. Chabas, Mélanges égyptologiques, l re série, 1862, p. 43-44 ; les prétendus Hébreux (Khabiri) des Lettres de Tell el-Amarna. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amarna, n. 181, p. 303-313. Cf. Delattre, Les Pseudo-Hébreux dans les lettres de Tell el-Amarna, dans la Revue des questions historiques, t. xxxi, 1904, p. 353-382. Mais ces faits sont tous susceptibles de plusieurs explications et, par suite, de nulle valeur probante. Pour la chronologie, rien de plus sujet à caution. Cf. Lagrange, Le Livre des Juges, Introduction, p. xlii-xlih. Il reste donc préférable de s’en tenir à l’hypothèse traditionnelle plus conforme tout ensemble et au récit de la Bible et à ce que nous savons de l’histoire de l’Egypte.

C. Lagier.

    1. RAPHA##

RAPHA, nom, dans la Vulgale, de trois Israélites et d’un Géthéen. Dans le texte hébreu, cinq personnages portent le nom de Refâyâh, « celui que "ïâh guérit ». Notre version latine a transcrit sous la forme Rapha le nom de l’Ephraïmite, I Par., vii, 25, et celui du Benjamite, I Par., viii, 37. Le premier Rapha dont elle parle, I Par., vii, 25, s’appelle en hébreu Réfâh, le second, le troisième et le quatrième, I Par., viii, 2, 33, et xx, 7, Râfà’. Le Refâyâh hébreu de I Par., iii, 21, devient en latin Raphaïa, de même que celui de I Par., iv, 42 et ix, 43. Le cinquième Refâyâh de l’hébreu, II Esd., iii, 9, est aussi appelé Raphaïa dans notre version latine. Voir ces noms. — Le nom de Rapha se trouve peut-être aussi dans^Bethrapha, I Par., iv, 12. Voir Bethrapha, t. i, col. 1712. v

1. RAPHA (hébreu : Réfâh ; Septante : Tauçr, ), fils de Béria, de la tribu d’Éphraïm, un des ancêtres de Josué. I Par., va, 25.

2. RAPHA (hébreu : Râfâ’; Septante : 'Paq>â) ; le cinquième fils de Benjamin. I Par., viii, 2.

3. RAPHA (hébreu : Râfâ’; Septante : ’Parafa), fils de Baana, et père d’Élasa de la tribu de Benjamin.