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RAMESSÈS


prend très bien de Tanis. C’est de Tanis, porte orientale de l’Egypte, que partit Ramsès II pour la campagne de l’an V contre les Hélhéens. Poème de Pantaour, lig. 9. Setil er avait fait de même dans sa première campagne. Lepsius, Denkmàler, iii, pi. 126. L’inscription d’un certain Za/io, dont la statue a été retrouvée à Tanis, établirait que la Ramsès en question conserva longtemps son nom. Zaho était à l’époque ptolémaïque ou romaine nomarque du xiv « nome et « prêtre d’Amon Ramsès dans Per-Ramsès » "j { j| ^ (jj ^ *— i ^ (|j P ^

neter-l}en-anien ramsès en per-ramessès, à moins que Per-Ramessès ne désigne simplement Je temple élevé par ce pharaon à Tanis. Cf. de Rougé, loc. cit., p. 9394. C’est à l’appui de ces textes et en y pliant d’autres textesque Brugsch, loc. cit., et La sortie des Hébreux de V Egypte et les monuments égyptiens, 1874, en vint à placer la Ramsès biblique à Tanis et à imaginer un Exode par le lac Sirbon.

2° Brugsch allait trop loin. Tout au plus pouvait-il conclure que Tanis ou une ville de son voisinage immédiat avait porté le nom de Ramsès. Mais d’autres Ramsès avaient pu exister. Une stèle découverte à Tell Rotab, Pétrie, Hyksosand Israélites cities, 1906, pl.xxxii et p. 31, glorifie en effet Ramsès II « d’élever des cités

à son nom pour l’éternité : » fnJ <> — i ^k _w u " T

£=} ~" Y ked m dmiou lier ran-f r zêta. L’in dication d’une de ces cités, bien différente de celle de la région de Tanis, nous est fournie par le texte du Traité avec les Hittites, lig. 2 : « En ce jour (le 21 de Tybi, an XXI), Sa Majesté se trouvait dans la ville de Ramsès-Miamon, accomplissant les ordres de son père Amon-Rà-Armachis-Atum, seigneur des deux terres d’Héliopolis, l’Amon-de-Rarnsès-Miamon, le Ptah de Ramsès-Miamon et Set. » C’est là que le messager de Khétasar lui remit la tablette d’argent contenant le traité. On voit qu’ici les dieux officiels de la ville sont les dieux de l’ouadi Toumilat, où Tum d’Héliopolis était le dieu principal, et que, par suite, cette ville, qui n’est pas la « Grande-de-laVictoire », doit être cherchée dans cette dernière région. Est-ce à la Ramsès de l’ouadi Toumilat ou à celle de Tanis que fait allusion un texte d’Ibsamboul, Naville, Le décret de Ptah Totunen en faveur de Ramsès II et de Ramsès III, lig. 16, dans Transactions of the’Sociely of biblical Archæology, t. vii, 1882, p. 124, on ne saurait le décider, Tanis et l’ouadi Toumilat, l’une au nord, l’autre au sud, étant également situés sur la ligne de la frontière orientale de l’Egypte. « Tu as construit, dit Ptah à Ramsès II, une augusle résidence pour affermir les frontières des deux terres : Demeure de Ramsès-Miamon donnant la vie ; elle est solide sur la terre comme les quatre piliers du ciel… » Au Papyiiis Harris, pi. lx, lig. 2, Lxiia, lig. 3, où Ramsès III parle de la résidence qu’il a élevée dans « la ville de Ramsès (II)-Miàmon, » il est plus probable qu’il s’agit de la Ramsès de l’ouadi Toumilat. Il nomme en effet Ramsès entre Baïlos et Athribis qui appartiennent à ce district. Naville, Goshen and the shrine of Saft el-Henneh, p. 20. Si maintenant nous consultons la Bible, nous voyons que les Israélites furent fixés dans la terre de Ramsès. Gen., xlvii, ’, 11. Moïse donnant à cette région le nom qu’elle portait de son temps. Or, la terre de Ramsès est identique à la terre de Gessen, ou du moins approximativement la même chose. Voir Gesses, t. iii, col. 218 ; Naville, loc. cit., p. 11-20, surtout p. 20 où l’auteur se résume. C’est là que les Hébreux bâtirent Phithom. Voir Phithom, col. 323-327. C’est là aussi qu’ils durent bâtir la Ramsès biblique", et non à Tanis située à cinquante kilomètres environ de l’ouadi Toumilat, bien au delà de la branche pélusiaque. Le récit de Moïse est donc d’accord avec la seconde catégorie des textes

égyptiens pour situer une Ramsès dans l’ouadi Toumilat.

3° Tournés vers la Terre Promise, les Hébreux partent de Ramessès. Leur première slalion est à Socoth dans la région de Phithom’. Exod., xii, 37 ; Num., xxxiii, 3-5. Voir Phithom, col. 325. Ramessès doit donc être cherchée à l’ouest et dans un rayon très rapproché de Phithom ou Tell el-Maskhouta. Or, dans cette direction, deux sites seulement portent des ruines anciennes : Schugafiéh et Tell Rotab, tous deux sur la rive droite du canal, comme Phithom. Le premier site, le plus éloigné de Phithom (vingt-cinq kilomètres environ), à la hauteur et au sud de Tell el-Kébir, ne présente sur une largeur d’un kilomètre et une longueur de deux que des débris d’époque romaine, M. Naville, The Storecity of Pithom, 4e édit., 1903, p. 36, est tenté d’y voir la station de Thou ou Thohu de V Itinéraire, édit. Wessling, p. 170. Le deuxième site, à huit kilomètres environ de Phithom, proche des traces du canal antique, présentaiten 18851e même aspect que la butte de Tell el-Maskhouta avant 1883. Dans l’espoir d’y trouver Ramessès, Naville se mit à l’œuvre. Mais un fragment de grès et un scarabée seulement lui fournirent le nom de Ramsès II. Sa conclusion fut que Tell Rotab n’avait dû être qu’une des stations militaires échelonnées à l’époque romaine le long du canal. Il inclina à chercher Ramessès du côté de Saft et Uennéh identifié par lui avec Phacusâ. Goshen, p. 24-25. En 1906, Pétrie reprit les fouilles au même point. Le résultat fut que, loin d’être un camp romain, le sile était le plus ancien de ceux connus à l’est de Zagazig. Poteries de l’Ancien Empire, scarabées de la IXe à la XIIe dynastie, plus de quatre mètres de ruines au-dessous des constructions de la XVIIIe et XIXe dynastie, tout dénotait avec évidence une ville très ancienne et très importante. Pétrie, Hyksos and Israélites Cities, p. 28. Dans la pensée que Ramsès II avait dû utiliser une place sacrée remontant si haut dans l’antiquité, M. Pétrie rechercha d’abord le temple. Il s’attaqua donc au côté est des ruines. La masse des débris s’y élevait moins haut que partout ailleurs, et l’on sait que d’ordinaire c’esf à cet endroit que se trouve le temple, tandis que le corps principal delà butte marque l’emplacement. de la ville. Après un long travail, une moitié de la façade du temple sortit au jour. Les blocs descellés, mais non brisés, en gisaient à terre prêts à être utilisés comme matériaux de construction. Pétrie, loc. cit., p. 29. Ramsès II y est représenté (fig. 215) brandissant la massue au-dessus de la tête d’un Sémite qu’il a saisi par les cheveux. Devant lui et lui offrant la harpe se tient le dieu « Tum d’Héliopolis, maître de Thukut. » Cette scène était à gauche du spectateur. À droite existait un tableau semblable, mais le sacrifice humain s’accomplissait devant Set, comme l’ont révélé les blocs retrouvés de la partie supérieure. Pétrie, loc. cit., pi. xxix, xxx et p. 31. Une stèle de granit rouge nous dit que Ramsès a pourchassé (es Bédouins jusque dans leurs montagnes, « pillant leurs forteresses, massacrant leurs faces » et « qu’il a bâti des villes à son nom pour l’éternité. » Pétrie, loc. cit., pi. xxviii, xxxii. Un groupe de granit rouge où toute écriture a disparu, rongé qu’il est dans sa partie supérieure et brisé à sa partie inférieure, représente certainement, selon Pétrie, pi. xxxil et p. 31, le dieu Tum et Ramsès II. Ramsès III aussi travailla au temple, comme le prouve un fragment, ’pl. xxxi, qui nous a conservé de lui un fin portrait. De plus, il enferma le sanctuaire dans un nouveau mur, plus fort, plus développé, dont la porte était flanquée de bastions en briques massives. PI. xxxv. Au coin sud-est de. cette enceinte se sont retrouvés les dépôts de fondation. De l’ensemble de ces découvertes, Pétrie, loc. cit., p. 2, 31, conclut que le site de Tell Rotab remplit toutes ; ies conditions pour qu’on puisse