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RAMEAU — RAMESSÈS


figuier deviennent tout blancs. Joe., i, 7. — 2. La loi prescrivait aux Israélites, pour la fête des Tabernacles, de prendre des branches de palmiers et des rameaux d’arbres touffus ; puis, pendant sept jours, ils devaient habiter sous des huttes de feuillage. Lev., 40, 42. Sous Judas Machabée, les Juifs fidèles, après avoir passé une fête des Tabernacles dans les montagnes, suppléèrent ensuite à la solennité omise, en portant des rameaux verts et des palmes, et en chantant la gloire du Seigneur. Il Mach., x, 7. Sur le rameau qu’on portait à son nez dans certains cultes idolâtriques, Ezech., vin, 17, voir Nez, t. iv, col. 1612. — 3. Pour décerner le triomphe à quelqu’un, on prenait en mains des rameaux de palmiers en lui faisant cortège. Ainsi fit-on pour Simon Machabée, I Mach., xiii, 51, et plus tard pour Notre-Seigneur à son entrée dans Jérusalem. Matin., xxi, 8 ; Joa., xii, 13.

2° Au sens figuré. — 1. Jacob, dans sa prophétie sur ses douze fils, dit de Joseph, Gen., xlix, 22 :

Joseph est le rejeton d’un arbre fertile, Rejeton d’un arbre fertile au bord d’une source ; . Ses branches s’élancent au-dessus de la muraille.

Le rejeton, bien arrosé et abrité par une muraille, pousse si vigoureusement qu’il envoie ses branches par dessus cette muraille. C’est l’image de la tribu de Joseph, établie à Sichem et dans le pays fertile qui l’environne. Les branches sont ici appelées bânôt, « filles » du rejeton. Les Septante ont rendu autrement le dernier vers : « Mon jeune fils, reviens à moi. » La Vulgale l’a traduit servilement : « Les filles ont couru sur la muraille. » Celte traduction, étant donnée celle du vers précédent, prête à un sens fort différent de celui que présente l’hébreu. Ce dernier est d’ailleurs beaucoup plus naturel. — La sagesse étend aussi, comme un térébinthe, ses rameaux de gloire et de grâce, et heureux qui s’y abrite. Eccli., xiv, 26 ; xxiv, 22. — Israël est la vigne du Seigneur, dont les branches dépassent les cèdres et s’étendent jusqu’à la mer, Ps. lxxx (lxxix), 11, 12. — Les méchants semblent prospérer et pousser des rameaux ; mais ces rameaux ne verdissent pas, Job, xv, 32, ils sont brisés encore tendres, Sap., iv, 4, ils ne portent pas de fruits, Eccli., xxm, 35, et ne se multiplient pas. Eccli., xl, 15. — 2. Les prophètes empruntent de nombreuses comparaisons aux rameaux. Le Messie est un rameau qui sortira de Jessé. Is., xi, 1. Jéhovah abattra Assur comme on abat avec fracas la ramure des arbres. Is., x, 33. Babylone sera mise de côté comme un rameau méprisé. Is., xiv, 19. L’Ethiopie, sous la vengeance de Dieu, sera comme une vigne dont on coupe les pampres à coups de hache. Is., xviii, 5. Atteint lui-même, Israël deviendra comme un olivier qui n’a plus que quatre ou cinq olives à ses branches. Is., Xvii, 6. — Israël, la vigne du Seigneur, n’a donné que des rameaux bâtards. Jer., ii, 21. Juda était un olivier verdoyant ; à cause de son infidélité, Jéhovah y met le feu et ses rameaux sont brisés. Jer., xi, 16. — Dans Ézéchiel, les rameaux de cèdre, xvii, 6, 22 ; xxxi, 5-14, et de vigne, xvii, 8, 23 ; xix, 11, 14 ; xxxi, 3, figurent le peuple de Dieu et sa destinée. Après la restauration, les montagnes d’Israël pousseront leurs rameaux et porteront leur fruit, c’est à dire redeviendront fertiles comme auparavant. Ezech., xxvi, 8, 9. Le prophète accuse les hommes de Juda de se livrer à l’idolâtrie et de « porter le rameau à leur nez ». Ezech., IX, 17. Chez les Perses, quand on offrait un sacrifice, on dressait les morceaux de la victime sur de la verdure, comme pour les offrir aux dieux. « L’emplacement du sacrifice est orné d’une jonchée ou d’un coussin d’herbes qui est censé le siège de la divinité : en védique, c’est le barhis ; dans l’Avesta, le baresman. » Oldenberg, La religion du Véda, trad. Henry, Paris, 1903, p. 26. Plus tard, on remplaça la

jonchée de verdure par un simple bouquet de tiges, en même temps qu’on se plaçait un voile devant la bouche. Il se pourrait que le prophète, qui écrivait en Babylonie, fit allusion à cet usage, et que le rameau porté au nez et devant la bouche dérivât du baresman. — Au temps de sa prospérité, Nabuchodonosor ressemblait à un arbre puissant, abritant les oiseaux sur ses branches. Dan., iv, 9, 11, 18, — Dans une de ses visions, Zacharie, iv, 11, 12, voit deux rameaux d’olivier symboliques. — 3. Noire-Seigneur compare son disciple fidèle au rameau de vigne qui ne porte du fruit que s’il est uni au cep ; le rameau qui ne porte pas de fruit doit être rejeté, puis mis au feu où il brûlera. Joa., xv, 2-6. Ce rameau est l’image de l’âme chrétienne, qui ne vit de la vie surnaturelle et ne porte des fruits de vertu que si elle est intimement unie à Jésus-Christ par la charité. En dehors dé cette union, il n’y a que stérilité, sécheresse et perte éternelle. — 4. D’après saint Paul, Israël a été planté par Dieu qui a fait de lui une racine sainte. Parmi les branches qui ont poussé sur cette racine, plusieurs ont été retranchées ; ce sont les Juifs incrédules à l’Évangile. À leur place, d’autres branches ont été greffées sur la racine et ont participé à sa sanctification : ce sont les gentils convertis

à la foi. Rom., xi, 16-21.

H. Lesêtre.
    1. RAMESSÈS##

RAMESSÈS (hébreu : Ra’msès ; Septante : ’Pocusaavj), nom, dans l’Écriture, d’un pharaon, d’une ville et d’un district. Pour le pharaon persécuteur des Hébreux et constructeur de la ville de Ramessès, voir Ramsès.

1. RAMESSÈS, ville d’Egypte. — P À plusieurs reprises les textes égyptiens mentionnent Ramsès comme nom de ville ou de résidence. C’est d’abord la Grande Inscription d’Abydos, lig. 29. Ramsès II vient de célébrer à Thèbes les fêtes de son père imon ; il redescend le fleuve vers « la demeure de Ramsès, la grande de la

victoire (ou de la force) » : ’-| Q ffl =i=, per

Ramessu aâ nekht, marquant par là le but extrême de son voyage, bien qu’en passant il doive visiter Abydos. A en juger par un autre passage du même texte, lig. 93 Ramsès II fît graver l’inscription d’Abydos quand déjà il avait mené plusieurs campagnes en Asie où l’avait suivi l’assistance de son père divinisé. « Ramsès-Grande-de-la- "Victoire » est donc antérieure à Van XXI. Elle est décrite au Papurus Anastosi 1 1 J, pl. iii, lig. 1-9 ; Bâtie « d’après les plans de Thèbes, » avec des greniers, des jardins, il y fait bon vivre. « Les riverains de la mer lui apportent en hommage des congres et des poissons, et lui paient le tribut de leurs marais. Les habitants se mettent en vêtement de fête chaque jour, de l’huile parfumée sur leurs têtes, et des perruques neuves ; ils se tiennent à leur porte, leurs mains chargées de bouquets, de rameaux verts du village de Pihâthor, de guirlandes de Pahor, le jour que le Pharaon fait son entrée. i> Maspero, Hist. ancienne, t. ii, p. 288-289. Et au Papyrus Anastasi II, pi. i, lig. 2-5, et iv, pi. VI, lig. 1-5 : « La résidence que ta Majesté a bâtie pour elle se nomme Grande-de-la-Victoire. Elle s’étend entre le Zahi (Phénicie) et l’Egypte… Amon y demeure au midi dans le temple de Soutek, Astarté au soleil couchant, Bouto au nord. » Cf. Papyrus de Leide, I, 348. Les dieux locaux sont ici Amon associé avec Set, Astarté et Ouadjit ou Bouto qui semblent désigner la région de Tanis. De même, le nom géographique de Pahor a son correspondant dans le « Canal d’Horus », she-Hor, qui appartenait au xiv nome dont Tanis était la capitale. Brugsch, Dictionnaire géographique de l’Egypte ancienne, 1879, p. 416. Cf. J. de Rougé, Géographie ancienne de la Basse-Egypte, 1891, p. 93. L’expression « entre le Zahi et l’Egypte » se com-