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RAMATHAIM-SOPHIM


sépulcrale » incorporée au mur de l’ancienne synagogue convertie plus tard en une église chrétienne. Dans le Pèlerinage de Daniel l’higoumène, Saint-Pétersbourg, in-4° 1864, p. 13 et 14, note. Cette identification est acceptée parquelques modernes. VoirBonar, Land of Promise, in-8°, Londres, 1856, p. 178, 554 ; P. B. Meistermann, 0. F. M., Nouveau guide’de Terre-Sainte, in-8°, Paris, 1907, p. 314-315. Cette identification, comme les précédentes, se base seulement sur l’identité ou la similitude onomastique. Le P. von Hunlmelauer, In lib. Samuel, I Reg., i, 1, 1886, jp. 29-31, reconnaît l’identité de Rama ou Ramatha avec Ramathaïm ; il la veut cependant, comme Gesenius, au sud de Bethléhem. Selon lui, l’expression de la montagne d’Éphraîm se rapporte, non à Ramathaïm, mais à Elcana et il faudrait lire : « Il était un homme de Ramathaïm-Sophim [et cet homme était civilement de la tribu ou] de la montagne d’Éphraîm. » Le docte commentateur parait n’avoir pas remarqué les autres passages indiquant comme nous le verrons, Ramathaïm en Éphraïm. 3° Deux autres identifications. — Deux localités, outre leur nom, se présentent avec d’autres titres : ce sont Nebi-Samûêl etRantis. — 1. Nébi-Samûîl, « le prophète Samuel », est un petit village de moins de cent habitants, bâti sur la montagne la plus élevée des alentours de Jérusalem, à sept kilomètres et demi de cette dernière. On y voit d’anciennes habitations et des piscines entièrement creusées dans le roc, des restes d’une enceinte restaurée à différentes époques ; S de belles pierres taillées dispersées çà et là et surtout une église ogiivale du XIIe siècle, dont le transept sert aujourd’hui de mosquée. À l’intérieur un cénotaphe en dos d’âne, semblable à tous ceux des personnages vénérés dans l’islam, est désigné comme celui du prophète Samuel. — Vers 530 déjà, le pèlerin Theodosius indiquait : « à cinq milles (7480 mètres) de Jérusalem Ramatha’où repose Samuel. » De Terra Sancla, Genève, 1877, p. 71. L’église et le monastère auxquels Justinien (527-565) apporta des améliorations portaient dès lors le nom de « Saint-Samuel ». Procope, De œdificiis, V, IX. Il resta célèbre et vénéré chez les Arabes musulmans. Cf. Et-Muqaddasi, 19881, Géographie, [édit. Goeje, Leyde, 1871, ip. 188. Pendant toute la période des croisades (xiie s. etxiir 3), les pèlerins francs et autres ne cessèrent d’aller vénérer le tombeau à Saint-Samuel de Montjoie ou Silo, souvent encore appelé de Rama et de Ramatha. À peu près toutes les relations en font mention. Les juifs ne l’eurent pas en moindre respect. R. Benjamin y mentionne, loc. cit., la présence des reliques. Le savant rabbin Estôri (xme siècle) désignant Nébi-Samûêl l’appelle hâ-Rdmâtâh et ajoute : « Là est Samuel, parce que là est sa maison. » Caftor va-Phérah, édit. Luncz, Jérusalem 1897-1999, p. 300. Les pèlerins juifs dont on connaît les récits, y vont tous vénérer le sépulcre. Cf. Carmoly, Pèlerinages de ta Terre Sainte traduits de l’hébreu, Bruxelles, 1847, p. 130, 186, 387. 443. Une tradition si universelle et si constante est un argument en faveur de la présence à Nébi-Samùêl des restes du prophète. Or, ajoutent les auteurs qui identifient cet endroit avec Ramathaïm, d’après I Reg., xxv, 1, Samuel fut enseveli « dans sa maison à Ramatha ». Si le tombeau de Nebi-Samûêl est authentique, il faut reconnaître que là est Ramathaïm. Les deux hauteurs terminant le sommet delà montagne justifient d’ailleurs ce nom. Voir |Maspha 4, t. iv, fig. 228, col. 843. Ramathaïm, il est vrai, est indiqué dans la montagne d’Éphraîm et Nébi-Samûêl appartient au territoire de Benjamin ; mais le palmier de Débpra qui s’élevait entre Rama de Benjamin et Béthel était déjà dans la montagne d’Éphraîm, Jud., iv, ’5, et Saül parcourant la terre de Jemini, synonyme de Benjamin (voir t.^iii, col. 1248), se trouvait dans la montagne d’Éphraim, Cf. I Reg., ix, 4. Ce sentiment, qui est celui de la plupart des inter prètes et géographes du xviie siècle et du xviii « , est défendu par plusieurs savants modernes, en particulier par F. de Saulcy, Dictionnaire topographique de la Terre Sainte, in-8°, Paris, 1877, p. 257, et par Victor Guérin, Judée, t. i, p. 362-384 ; d’autres palestinologues cependant croient plusjuste de s’en rapporter aux témoignages d’Eusèbe et de saint Jérôme indiquant Rantîs.

Selon ces palestinologues, 1° il n’esl aucunement certain que le nom de « mont Éphraïm » ait jamais été donné à la plus petite partie de la montagne de Benjamin. Le Palmier de Débora pouvait être dans la montagne d’Éphraim s’étendant au sud de Bethel, sans qu’il soit besoin de prolonger celle-ci jusqu’à Rama et à la montagne de Nébi-Samûêl. Le Jemini qui donna son nom à la région parcourue par Saül après avoir passé par les terres de Salisa et de Salim et avant d’entrer dans la terre de Suph, est distingué, et sans doute avec raison, par les Septante, au codex Vaticanus, du Jemini qui pouvait donner son nom au territoire de Benjamin. Ils appellent le premier, I Reg., ix, 4, ’laasv, nom de familles en diverses tribus (cf. Jamin, t. iii, col. 1115) et le second, verset 1, ïbid.’iEIxivatoç. La terre de Jemini, ou Jamin, dont il est ici question, était au-delà de « la terre des Chacals » (oibyiir y-iN, y*) £EYa)i[ji, terra Salim, de I Reg., ix, 4), identique selon toute probabilité à la terre des Chacals (byiïf ynN, collectif équivalant au pluriel, Y7jSo)Yâ), , terra Suai) de I Reg., xiii, 17, qui paraît être aux alentours d’Éphra, ville possession d’Éphraîm ; à plus forte raison lui appartenait cette terre de Jemini. — 2° La description du voyage de Saül à la recherche des ànesses de son père, tant à l’aller, I Reg., IX 3-6, qu’au retour, ibid., ix, 26-x, 74, indique une longue course, tandis que Nébi-Samûîl est à cinq kilomètres seulement du site où l’on doit placer Gabaa de Saûl. Le mot de Samuel, ibid., x, 2 : Vous trouverez deux hommes sur la frontière de Benjamin, indique bien que Ramatha était en dehors de cette frontière. — 3° La ville de Ramathem (Vulgate : Hamatka) de I Mach., xi, 34, est, selon toutes les probabilités, identique à Ramathaïm. Or, la Samarie, à laquelle elle appartenait, était tout entière formée du territoire d’Éphraîm. De ces indices ne faut-il pas conclure que Ramathaïm doit être cherchée ailleurs qu’à Nébi-Samûil et que le sépulcre qu’on y vénère est, non le tombeau primitif du prophète, mais un monument où ses restes furent transférés d’ailleurs ? C’est ce que l’on disait au xi ! e siècle. Selon le témoignage de Benjamin deTudèle, en 1173, les chrétiens avaient. trouvé à Ramatha, à côté de la synagogue des Juifs, le tombeau de Samuel et avaient trausporté les reliques du prophète à Silo, c’est-à-dire à Nebi-SamûU, où ils construisirent une grande église. Ce rabbin, il est vrai, attribue cette invention aux Francs, à leur arrivée en 1099, et la place à Ramléh, tenue par lui pour Ramatha ; mais elle doit être attribuée, sans doute, aux Byzantins et reportée au temps d’Arcadius (395-408), époque où, selon saint Jérôme, Cont. Vigilant., 5, t. xxiii, col. 343, une partie des ossements du prophète furent transportés en Thrace. — Ce Père etEusèbe attestent indirectement qu’il ne peut en être autrement, quand ils indiquent qu’Arimathie ou Armathem, patrie d’Elcana et de Samuel, est la localité appelée de leur temps Ramthis, certainement différente dû Nébi-Samuel actuel. D’après ces Pères, Remphis, Remphîtis dans le monument de Leyde, Remphtis dans d’autres manuscrits, était de leur temps généralement reconnue pour l’Arimathie évangélique et pour l’Armathem-Sophim des Septante, patrie de Samuel. Onomasticon, aux mots Ruma et Armathent-Sophim, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 60-61, 316, 317 ; éd. E. Klostermann, Leipzig, 1904, p. 32-33, 144. Elle est située « près » (jiXïioiov, juxta)