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RAFRAICHISSEMENT — RAGES


nombre se refroidira. Matth., xxiv, 12. Ici le rafraîchissement devient excessif en une chose qui ne le comporte pas ; en conséquence, il constitue un malheur.

— 3° La Vulgate emploie plusieurs fois les mots refrigerium, réfrigéra, là où il est question de repos, Exod., xxiii, 12 ; Ps. xxxix(xxxviii), 14 ; Prov., xxix, 17 ; Sap., iv, ’7 ; , 1er., xlvii, 6 ; Rom., xvi, 32 ; de soulagement, Eccli., xxxi, 25 ; Is., xxviii, 12 ; de remède, Sap., il, 1 ; de consolation, Eccli., iii, 7 ; de réconfort, II Tim., i, 16, ou d’abondance. Ps. lxvi (lxv), 12. — 4° L’figlise a retenu le mot de refrigerium, c< rafraîchissement », comme désignant l’état qu’elle désire voir succéder à l’expiation douloureuse pour les âmes

de ses défunts. Canon Missse.

H. Lesêtre.
    1. RAGAU##

RAGAU, nom d’un des ancêtres de Notre-Seigneur et d’une localité de Médée.

1. RAGAU (grec : ’Payai), fils de Phaleg, un des ancêtres de Notre-Seigneur en saint Luc, iii, 35. Son nom est écrit Reù dans la Genèse, xi, 18, etc. La différence d’orthographe provient de ce qu’il y a un>, ai « , dans la forme hébraïque du nom. La Vulgate n’a pas rendu celle lettre dans la Genèse, tandis que le texte grec de saint Luc l’a transcrit par un y, d’où est venu le g dans la forme latine du nom Ragaù.

2, RAGAU (Seplante : ’Paya-j), grande plaine (Iv tô> neStto Tiâ uxyàXw), où Nabuchodonosor vainquit Arphaxad le Mède. Elle est mentionnée seulement dans le livre de Judith, i, 5 (texte grec), comme étant située sur les confins de Ragaû (dans la Vulgate, 1, 6, incampo magnn qui appellatur Ragau circa Euphraten et Tigrim). Au y. 15 du texte grec, il est dit que Nabuchodonosor prit Arphaxad’et le perça de traits èv toï ? opest’Payaû, in montibus Ragau, ce qui peut s’entendre des plateaux élevés de la Médie où est situé Rages. « La campagne de Ragaû, dit Calmet, est apparemment celle qui est aux environs de la ville de Ragse ou Rages. Ce fut dans ces plaines, au pays de Médie, qu’Arphaxad fut entièrement défait. Il avait déjà souffert divers échecs sur le Tigre et surl’Eupbrate. » Comment, iilt. sur Judith, 1722, p. 371. — Au lieu de Ragau, le syriaque porte Dura, nom connu par Daniel, iii, 1. Les noms propres sont tellement altérés dans le livre de Judith et le passage relatif à Ragaù est si différent dans le texte grec et le texte latin qu’il est bien difficile dé résoudre le problème soulevé par Judith, i, 6 (latin), 5-6, 13-16 (grec).

. La Vulgate, i, 6, dit que Ragaû est « près de l’Euphrate, du Tigre et du Jadason, dans la plaine d’Érioch, roi des Éliciens. » Éliciens doit se lireÉlyméens ou Mèdes, comme le porte le texte grec. Voir Eliciens, l. ii, col. 1670. Le Jadason est l’Ulaï, d’après le syriaque. Voir Jadason, t. iii, col. 1103. Si Ragaû est Rages, les indications géographiques données par la Vulgate sont très vagues et imprécises. Le texte paraît ici visiblement altéré dans les noms propres.

RAGE, maladie virulente qui atteint surtout le chien, et, à sa dernière période, le rend furieux et le porte à mordre l’homme ou d’autres animaux, auxquels se communique le funeste virus. Les chiens de Palestine ne sont pas exempts de cette maladie, bien qu’elle les atteigne moins fréquemment qu’ailleurs. — Gesenius, Thésaurus, p. 774, pense que le participe miflahelêah vient du verbe Idhah, « avoir grand soif », et signifie « enragé », Prov., xxvi, 18 : « Comme un enragé qui lance des traits enflammés, des flèches et la mort, ainsi celui qui trompe son prochain » pour plaisanter. Septante : « i|j.evoi, tiré peut-être de 16ç, « trait » et « venin a ; Vulgate : noxius, « funeste s. L’idée d’enragé pourrait être appelée par le verset précédent, où il est parlé de chien pris par les oreilles. Rosenmùller,


Proverlia, Leipzig, 1829, p. 637, et d’autres préfèrent rattacher le mot à l’arabe là’âh, « . jouer » : « Celui qui joue à lancer des traits, eic. » Ce sens fournirait, semble-t-il, une pensée plus en harmonie avec le parallélisme. Cependant on s’en tient plus généralement à l’étymologie hébraïque. Buhl, Gesenius’Handw., p. 403, traduit Je mot par « stupide, imprévoyant ». — D’aprèsla Mischna, ïoma, ꝟ. 84. 29, quand un homme avait été mordu par un chien enragé, on lui donnait à

manger le foie de ce chien.

H. Lesêtre.
    1. RAGES##

RAGES, ville de Médie, appelée habituellement’Payai’, par les anciens auteurs classiques, et aussi Tob., ix, 2, 5, dans le Codex Sinailicus ; ’Payaéa par Plolémée ; Râghd dans l’ancien persan ; ’Pàyoi dans l’édition romaine des Septante. Tob., i, 14 ; iv, 1, 20 ; v, 5, etc. (fig. 212).

1° Situation géographique. — Rages était située dans la Médie orientale (voir Ja carte, t. iv, col. 916), du côté de la Parthie, au pied de la chaîne de l’Elbourz, à dix jours de marche d’Ecbatane, à une journée des célèbres Pylss Caspiss, cf. Arrien, De expedit. Alexandri, III, xx, 2, ce qui lui donnait une grande importance stratégique ; dans la province nommée d’après elle Rhagiana, Ptolémée, VI, ii, 6, ou Rhagee, Diodore de Sicile, xix, 44. D’après le livre de Tobie, où cette ville est mentionnée fréquemment, elle était le séjour d’un grand nombre de Juifs déportés par Salmanasar, en particulier de Gabélus (t. iii, col. 1129), auquel Tobie l’ancien avait prêté dix talents d’argent. Cf. Tob : , i, 16 ; iv, 21, v, 8, 14 ; ix, 3, 6. La Vulgate nomme Rages deux autres fois, iii, 7, et vi, 6, mais évidemment par une erreur des copistes, comme la demeure de Raguël. Tob., vi, 6. Elle fait partir l’ange Raphaël de Rages, où demeurait Raguël, pour aller à Rages, où il s’était chargé de réclamer à Gabélus l’argent dû par celui-ci à Tobie père. Il y a là une contradiction manifeste. Pour la faire disparaître, quelques auteurs ont supposé faussement qu’il existait en Médie deux villes distinctes, portant le nom de Rages. Cf. O. Fritzsche, Die Bûcher Tobi und Judith erklârt, Leipzig, 1853, p. 52. Le texte grec porte exactement dans ces deux passages « Ecbatane s an lieu de Rages. Voir Ecbatane, t. ii, col. 1530. Cf. H. Reusch, Das Buch Tobias ïtbersetzt und erklârt, Fribourg-en-Brisgau, 1857, p. 29 ; Gutberlet, Das Ruch Tobias, in-8°, Munster, 1877, p. 117-119, 210.

2° Histoire et description de Rages. — L’histoire de’la ville de Rages est peu connue, surtout dans ses débuts.’D’après la légende persane, la cité aurait été bâtie à une époque extrêmement reculée. En fait, le Zend-Avesta, Vendidad, ch. i, la mentionne comme une ville d’une haute antiquité. Il est certain qu’elle fut un des centres les plus anciens de la civilisation dans l’Iran. Darius fils d’Hystaspe (521-485 avant J.-G.) nomme deux fois dans son inscription de Béhistoûn, col. ii, par. 13, lignes 7172, le pays de Rdghd, qui ne diffère certainement pas de celui de Rages. Il dit y avoir battu et fait prisonnier le rebelle Mède Phraorte, qui s’y était réfugié. Voir J. Menant, Le syllabaire assyrien, in-4°, Paris, 1869, p. 125 ; J. Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, in-8°, Paris, 1879, p. 512-513^, Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le livre de Tobie place à Rages les Juifs déportés sous le règne de Salmanasar. En effet, IV Reg., xvii, 6 ; xrm, 11, ce roi avait exilé des Israélites dans les villes mèdes. Voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 561568. Arrien, De expedit. Alex., III, xx, 2, fait mention de Rages, à l’occasion d’Alexandre le Grand, qui y séjourna pendant cinq jours en 331, lorsqu’il poursuivait Darius Codoman. Tombée en ruines, peut-être à la suite d’un tremblement de terre, elle fut reconstruite par Séleucus I er Nicator (358-280 avant J.-C), qui lui

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