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RABSACÈS — RACHAT


pour masqêh, « échanson », comme l’expliquaient jusqu’à maintenant les exègètes modernes (échanson, masqêh, et prince des éehansons, sar ham-maiqîm se trouvent dans Genèse, XL, 1 et 9) : c’est un titre assyrien d’officier de rang supérieur, bien que placé au-dessous du tartan ou tur-ta-nu, dans les textes cunéiformes comme dans la Bible, IV Reg., xviii, 17 ; Is. xxxvi, 12. Ce titre paraît ainsi soit dans la liste des officiers assyriens, The’tCuneiform Inscriptions of Western Asia, t. ii, pi. xxxi, col. i, n. 5, 1. 34, soit dans les listes chronologiques des éponymes (12° éponymie de Rammannirar, roi d’Assyrie, en 799), soit dansles annales relatant les guerres des monarques assyriens : c’est ainsi que Théglathphalasar, The Cun. Inscrip. of West. Asia, -t. ii, pi. lxvii, 1. 66, mentionne l’envoi d’un rab-sak comme ambassadeur chargé de recevoir le tribut de Metenna ou Mathon, roi de Tyr. Le premier élément du mot signifié « grand, chef », et le second sak-(u), synonyme.de rie-su signifie « tête, chef, officier ». Dans la sommation envoyée à Ézéchias par Sennachérib retenu au siège de Lachis, c’est le. rab-sak qui prend la parole, bien qu’il n’occupe dans la liste des officiers que le troisième rang ; outre l’assyrien, il est représenté comme parlant l’araméen et l’hébreu : le3 envoyés d’Ezéchias le prient d’employer l’araméen pour ne pas décourager la population hiérosolymitaine qui l’écoute, mais il persiste à employer l’hébreu, et redouble d’insolence : il paraît même renseigné sur les réformes religieuses d’Ezéchias qui a fait partout supprimer les hauts-lieux et les autels érigés à Jéhovah pour ne laisser subsister que l’autel de Jérusalem : il semble avoir aussi connaissance des oracles d’isaïe, viii, 7, 8 ; x, 5, 6, lorsqu’il affirme que c’est sur l’ordre de Jéhovah que Sennachérib’marche contre Jérusalem, IV (II) Reg., xviii, 25. À la "vérité il a pu dire ces choses de lui-même pour effrayer davantage les sujets d’Ezéchias. Les Juifs du temps de saint Jérôme, In ls., xxxvi, t. xxrv ; col. 380, prétendaient sur ces légers indices que c’était un fils d’isaïe, transfuge et apostat. Voir Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the OU iTest., t. ii, 1888, p. 34 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 23-24, 50 ; G. (Rawlinson, The five great Monarchies, 1879, t. ii,

p. 165.

E. Pannier.
    1. RAB-SARIS##

RAB-SARIS (hébreu ono-ai, rab-sâris), dans

Jer., Septante : ’Paëuapi ; (Na60uoapt « ) ; Vulgate : Rabsaris, dans Jer., xxxix, 3, 13 ; Rabsares, dans IV Reg., xviii, 17, dans Daniel, i, ; 3, 7, 8 [avec le second élément au plurfel rab-sarisim ; Septante : àp^isuvoûxoç ; Vulgate : prœpositus eunuchorum, voir Asphenez, 1. 1, col. 1124]), titre analogue à rab-saces, indiquant un emploi élevé à la cour des rois d’Assyrie ou de Babylone : l’hébreu le traite comme signifiant « grand eunuque » ou « chef des eunuques », et c’est le sens donné à ce mot par tous les anciens interprètes : mais on constate en différents passages que le terme d’eunuque perd souvent le sens étymologique pour garder la signification plus large d' a officier de la cour >>. Voir Eunuque, t. ii, col. 2044.

— Les textes cunéiformes transcrivent ce titre en trois éléments rubu sa riesuj riêsu ou rêsu ayant le sens de « tête, chef prince », l’appellation complète signifie « chef des princes », ce qui cadre avec le récit de Daniel où il a la garde des enfants « de race royale », Dan., i, 3, resu étant synonyme de sak, saku. Rab-saris est donc analogue au terme rab-sacés ; mais la vocalisation est différente et, semble-t-il aussi, la fonction. Le titre se trouve dans une inscription du Musée Britannique 82-714, 3570, publiée par Pinches, The Academy, 25 juin 1892. On le trouve également dans une inscription bilingue, babylonienne et araméenne, attribuée à un Nabusar-ussur, limu ou éponyme en 683 ; mais le titre ne se

trouve que dane la partie araméenne, où il est transcrit exactement comme dans l’hébreu, Dicai, tablette 81-24, 147. Berger, Comptes rendus de l Académie des inscriptions et belles-lettres, 1886, p. 201 ; Corpus inscript, semiticarum, t. i, fasc. i/p. 43-44. Jusqu’à présent, il ne s’est rencontré que rarement dans les textes cunéiformes ; dans la Bible, il est mentionné plusieurs fois ; pour un officier assyrien de Sennachérib, entre le tartan et le rabsacés ; pour des officiers babyloniens, Sarsakim et Nabusezban, Jer., xxxix, 3, 13 ; pour Asphenez, Babylonien chargé de l’éducation des jeunes Hébreux à la cour, de Nabuchodonosôr, Dan., i, 3. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 23 ; T. G. Pinches, dans Hastings, Dictionary

of the Bible, t. iv, p. 191.

E. Pannier.

RACA, mot adressé au prochain pour l’insulter. — Ce mot se rattache à l’araméen rêqâ’et à l’hébreu rêq, qui signifient « vide, vain », et, d’après saint Jérôme, In Matth., i, 5, t. xxvi, col, 37, équivalent ici à l’injure habituelle : « sans cervelle ». Les rêqîm sont souvent des « gens de rien ». Jud., IX, 4 ; XI, 3 ; II Reg., VI, 20. Notre-Seignèur renvoie au tribunal local celui qui s’irrite contre son frère, au tribunal suprême ou sanhédrin celui qui lui dit : « raca ! » et à la géhenne du feu celui qui lui dit : « fou ! » Matth., v, 22. Le mot « raca », d’après la gradation des peines, constitue donc une injure intermédiaire entre la simple colère et l’appellation de « fou ». La tête vide est en effet moins responsable que la tête folle, c’est-à-dire celle qui se sert de sa raison pour faire le mal. Fou est pris dans le sens d’impie. Cf. Ps. xiii, 1. Voir Fou, t. ii, col. 2330.

H. Lesêtre.
    1. RACHAL##

RACHAL (hébreu : Râkâl ; Septante : Codex Alexandrinus : ’Pax^), ville de Juda, à laquelle David envoya de Siceleg une part du butin qu’il avait pris sur lés Amalécites. I Reg., xxx, 29. Elle n’est mentionnée qu’en ce seul endroit de l’Écriture et est complètement inconnue. Cependant les Septante, en ajoutant plusieurs noms, placent ici une ville de Carmel. On suppose donc que, au lieu de hzis, be-Râkdl, « à ceux qui étaient à

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Râkâl, » il faudrait lire : Sïnss, be-Karmél, toïç êv

Kap t"iX(p, « à ceux qui étaient à Carmel. » Il s’agirait alors de la ville de ce nom, dont il est question Jos. XII, 22 ; xv, 55, et qui est représentée aujourd’hui par les ruines appelées Khirbet Kermel, à environ quinze kilomètres au sud d’Hébron. Voir CarmélI, t. ii, col. 288. Cette hypothèse, acceptée par bon nombre d’exégètes est plausible, malgré les obscurités du texte grec dans ce

passage.

A. Legendre.
    1. RACHAT##

RACHAT (hébreu ; ge’ullâh ; Septante : Xûipov ; Vulgate : redemptio), compensation fournie en échange de ce que l’on veut garder ou recouvrer. Le prix du rachat s’appelle kofêr, Exod., xxi, 30, pedûyyîm, Num., iii, 46, ou pidyôn, Num., iii, 49, X^ipov, prétiurn. — Sur le rachat des esclaves, voir Esclave, t. ii, col. 1923. — Sur le rachat de certains délits, voir Amende, 1. 1, col. 476, — Le rachat pouvait porter sur les personnes, les animaux ou les choses.

1° Rachat des peysDmn.es. — Tout fils premier-né appartenait au Seigneur et devait être racheté. Exod., xiii, 13 ; Num., iii, 49, etc. Voir Premier-né, col. 602. En dehors du premier-né, un Israélite quelconque, homme ou femme, pouvait se consacrer ou être consacré par vœu au Seigneur. La consécration par immolation effective, comme la comprit Jephté, Jud., xi, 31-39, était contraire à la Loi. D’autre part, ceux qui étaient consacrés par vœu ne pouvaient être employés au service du Temple, puisque ce service était réservé aux Lévites. Quelques uns donnaient suite à leur consécration en professant le nazaréat. Voir Nazaréat, t. iv,