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RA.BBATH-AMMON

RABBI

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jvd., i, xix, 5. Suivant la parole de Jérémie, xlix, 2, ceux qui avaient été possédés possédaient à leur tour. Les Romains continuèrent à tenir Philadelphie pour une ville arabe. Pline, loc. cit. Saint Épiphane appelle la contrée environnante 1’  « Arabie de Philadelphie ». Rabbath-Philadelphie peut être comprise parmi les villes de la Décapole où se répandit le bruit de la délivrance du possédé de Gérasa et qui envoyèrent des leurs entendre la parole du Sauveur. Matth., iv, 25 ; Marc, v, 20 ; vii, 10. Il est probable aussi que parmi les Arabes qui écoutèrent le discours de Pierre, le jour de la Pentecôte, Act., ii, 11, se trouvaient des habitants de cette ville. Elle peut être encore un des lieux de l’Arabie où s’arrêta l’apôtre Paul, pendant les trois ans qu’il y resta après sa fuite de Damas, avant de se rendre à Jérusalem. Gal., i, 17. Quoiqu’il en soit, il n’est pas douteux que Rabbath-Ammon ne fût une des premières cités évangélisées par les disciples mêmes du Christ. Les anciennes listes ecclésiastiques mentionnent Philadelphie la septième ville parmi les 33 sièges épiscopaux de la province d’Arabie dont Bosra était la métropole. Reland, Palsestina, p. 217, 219, 223, 226, 228.

Il semblerait que’Amman était ruinée et abandonnée, quand y arrivèrent les Arabes musulmans (635). « Saluez les ruines désertes de’Amman, dit un ancien poète cité par Ibn Khordâdbêh (c. 860), et demandez le campement de Rab’a, s’il reviendra. » Les routes et les royaumes, édit. Goeje, Leyde, 1866, p. 56. « La ville a été détruite et le château et il n’y reste qu’un village de fellahin, » dit el-Yaqûby (c. 874), Géographie, édit. Juynboll, Leyde, 1851, p. 113. Les nouveaux conquérants n’avaient cependant pas tardé à l’occuper. Dès le principe, en effet, ’Amman est indiquée comme la capitale de la Belqd, c’est-à-dire de la province comprenant, avec l’ancien territoire de l’Ammonitide, toute la région au sud de la Zerqà ou le Jaboc qui avait appartenu à la tribu de Gad et à Ruben et parfois à Moab. Abandonnée de nouveau, après les Croisades, elle n’était plus qu’un parc où venaient parfois camper, avec leurs chameaux, les Bédouins du désert de l’est. C’était l’accomplissement parfait de.la prophétie d’Ézéchielj xxv, 5. Eu 1878, le sultan de Constantinople a livré les ruines de’Amman et la contrée des alentours aux Circassiens fanatiques qui refusaient de demeurer dans leur pays conquis parles Russes. Ils ont établi leurs huttes informes au milieu des temples et des palais de l’antique Philadelphie. La présence de ces sauvages habitants est loin-de rélever l’aspect des ruines et d’être une protection pour elles. Une gare portant le nom de’Amman vient d’être construite non loin de la ville, sur la ligne du chemin dé fer de Damas à la Mecque.

V. Bibliographie. — N..T. Seetzen, Reisen dure h Syrien, Palâstina, etc., édit. Kruse et Fleischer, 4 in-8°, Berlin, 1854-1859, t. i, p. 396-397 ; t. iv, 212216 ; J. Z. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, in-4°, Londres, 1822, p. 356-360 ; V. de Saulcy, Voyage en Terre-Sainte, 2 in-8°, Paris, 1865, t. i, p. 241-270 ; Cl. R. Conder, The Survey of Èastem Palestine, Menwirs, 2 in-4°, Londres, 1889, t. i, 19-64 ; Id., Heth and Moab., in-12, Londres, 1885, p. 157-161, 167 ; Guy le Strange, Palestine under the Moslems, in-8°, Londres, 1890, p. 391-395 ; 274-286 ; Id., À ride through’Ajlûn and the Belkd during the autumn Of 1884, dans G. Schumackcr, Across the Jordan, in-8° Londres, 1886, p. 308-311. L. Heidet.

2. RABBATH MOAB, nom donné au ive siècle par Eusèbe à la capitale des Moabites et probablement usité déjà à l’époque. biblique, quoiqu’on ne le rencontre pas dans les livres de l’Ancien Testament où elle est appelée kt, Xrl&oaV.’SsÂî ta., ., « ».Sflvu

    1. RABBI##

RABBI (>31, (Saêë ! ou pa6êet)> de la racine rab, « grand », avec le pronom suffixe de la première personne du singulier, î. Mot hébreu, qui signifie à la lettre « mon grand » ; puis, d’après un usage spécial : mon maître, mon professeur. C’était un titre d’honneur et de respect, analogue à Magister, Doctor. Cf. S. Jérôme, In Matth., xxiii, 7, t. xxvi, col. 165. On le donnait chez les Juifs aux docteurs de la loi, à l’époque de Notre-Seigneur, lorsqu’on les saluait ou qu’on leur adressait la parole. Cf. Matth., xxiii, 7. Le suffixe l perdît graduellement sa valeur pronominale, surtout lorsqu’on plaçait le mot rabbi devant un nom propre : Rabbi Akiba, Rabbi Samuel, etc. C’était, dans ce cas, une expression semblable à notre « Monsieur ». Peu à peu aussi ce titre se généralisa, et on l’appliqua non seulement aux docteurs officiels, mais à quiconque groupait autour de lui des élèves, pour les instruire dans la science religieuse d’Israël. Voilà pourquoi Jean-Baptiste était appelé rabbi par ses disciples, Joa., iii, 26, de même que Jésus recevait habituellement ce nom de la part soit de ses familiers, Matth., xxvi, 25, 49 ; Marc, ix, 5 ; xi, 21 ; Joa., i, 38 ; iv, 31 ; vi, 25 ; ix, 2, etc., soit aussi d’autres personnes, Marc, x, 51 ; Joa., xx, 16, etc.

Il est employé une douzaine de fois sous sa forme hébraïque dans les Évangiles selon saint Matthieu, selon saint Marc et selon saint Jean ; mais très souvent aussi, dans ces mêmes écrits, il est remplacé par son équivalent grec 1151ay.ale ; Vulgate : magister. Cf. Matth., vm, 19 ; xxii, 16, 24, etc. ; Marc, iv, 38 ; ix, 17 ; x, 35, etc. ; Joa., 1, 39 ; viii, 4 ; xx, 16. Saint Luc ne le cite jamais sous sa forme étrangère, conformément à un de ses principes littéraires. Cf. L. Cl. Fillion, Évangile selon saint Luc, Paris, 1882, p. 17. Il dit, lui aussi, SiÔâaxaXe (douze fois), ou bien, èiuaTâta (six fois : Luc, v, 5 ; viii, 24, 45 ; îx, 33, 49 ; xvii, 13 ; Vulgate prxceptor). Fréquemment aussi, par exemple Matth., viii, 21, 25, le mot rabbi est traduit en grec par x-jpie ; Vulgate : Domine.

On ne saurait déterminer l’époque exacte à laquelle ce titre honorifique commença à être employé avec cette signification spéciale. Les Talmudistes étaient déjà en désaccord sur ce point. Quelques-uns d’entre eux, avec l’exagération dont ils sont coutumiers, en faisaient remonter l’origine jusqu’à Élie. Leur principal argument consistait dans le texte IVReg., ii, 12, où Elisée, s’adressant au prophète son maître, s’écrie, d’après la traduction du Targum : Rabbi, rabbi (dans l’hébreu : ’Abî, ’âbi, « mon père, mon père » ). D’après l’opinion la plus vraisemblable, c’est dans le siècle qui précéda la naissance de Notre-Seigneur que cet usage fut introduit. Voir Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes, t. ii, 3e édit., p. 316. On le trouve très souvent dans la Mischna. Cf. Nedarim, IX, 5 ; Beræholh, II, 5-7 ; Pesachim, vi, 2 ; Baba kama, viii, 6, etc. Chez les Juifs de Babylone, on disait d’ordinaire Rab au lieu de Rabbi.

Nous savons par l’Évangile, Matth., xxiii, 7, que les docteurs de la loi tiraient beaucoup de vanité du titre de rabbi, auquel ils attachaient un grand prix. C’était d’ailleurs un principe^u’on ne devait jamais interpeller un de ces savantsypar son nom personnel. Voir Chr. Schœttgen, Horse hebr. et talmud., 1733, t. 1, p. 386. On employait aussi, à l’époque de Jésus-Christ, mais très rarement, les titres Rabbân ou Rabbôn, forme intensive de rab. On ne cite que sept grands docteurs de la loi auxquels ils aient été appliqués d’une manière officielle ; le premier de tous aurait été Gamaliel, le maître célèbre de saint Paul. On disait alors proverbialement, pour marquer les nuances des mots rabbân, rabbi et rab, usités comme titres de respect : Major est Rabbi guam Rab, et major est Rab kj », qvwMw Rfl&6v Voir Nathan ben Jechiel, Aruclt,