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PUTIPHAR


name of Joseph, dans Proceedings of the Society of Ihe Biblical Archseology, t. xxv, 1903, p. 160-161, déclare, qu’il ne ne peut être d’accord avec Steindorff et qu’il est prématuré de vouloir échafauder sur le nom de Putiphar une théorie concernant la date de la composition de l’histoire de Joseph. « La transcriplion

yt j, Heliodorus, pour Pôliphera’, semble

très naturelle à première vue, dit-il, et j’y ai moi-même fait appel. Mais on petit apporter contre elle que ce nom avec deux articles a une physionomie quelque peu étrange. » Naville estime donc que la forme très semblable JÉL j, Pa-lfotep-rd, et qui se rencontre à

plusieurs reprises, nous fournirait une meilleure interprétation. « Nous savons, ajoute-t-il, parles transcriptions copte et grecque qu’il y avait un ô dans le mot

, Cet ô correspondrait au cholem du nom hébreu.

Sur la fameuse statue de Méidoum (Maspero, Guide au Musée du Caire, 1902, p. 33, n. 6) nous avons le nom

de (Rà-hotep), qui est celui d’un grand-prêtre

d’Héliopolis sous l’Ancien Empire. Il n’est pas impossible qu’il fût lu (ifotep-Bâ), le nom du dieu

étant toujours écrit le premier. Ou encore les deux formes du nom ont pu coexister, tout comme nous trouvons Hotep-Ptah et Ptah-hotep, Jfotep-Halhor et Uathor-lxotep. Pa-râ-fiotep existe (voir plus haut) et je pense qu’on peut avoir pareillement Pa-hotep-râ, Photep-râ, qui transcrirait exactement le nom du grand-prêtre de On, Pôtiphera’, et serait analogue à celui du grand prêtre de l’Ancien Empire. » — 2° A supposer même que Padou-pa-râ soit la vraie forme de Putiphar, est-il bien sûr que cette forme soit aussi récente que le veulent Brugsch et Steindorff ? On invoque ici le silence des monuments. Mais en Egypte silence des monuments ne dit pas absence des monuments. On ne sait jamais si les fouilles de demain ne viendront pas combler une lacune et renverser les théories de la veille, C’est donc peu scientifique d’admettre comme un fait acquis qu’où ne peut rencontrer de témoignages constatant l’ancienneté de la forme Padou-pa-râ et d’en déduire d’une façon absolue la nonexistence de cette forme avant telle ou telle date. Est-ce que Héliopolis, par exemple, a livré tous ses secrets — et les livrera-t-elle jamais ? Connait-ôn, en particulier, Ja nécropole de ses prêtres contemporains des Hyksos et du Nouvel-Empire, nécropole qui pourrait nous révéler la série des noms héliopolitains pour cette époque ? Sayce, The Egypt of the Hebrews, 3e édit., 1903, p. 24, a dit excellemment : « Il a été avancé par des égyptologues que le nom de Putiphar ne remonte pas au delà de la XXIIe dynastie, à laquelle appartenait Scheschankh (Sésac), le contemporain de Roboam’Mais de ce qu’aucun nom semblable n’a été trouvé jusqu’ici pour une date plus ancienne, il ne Suit pas qu’il n’ait pas pu exister. Aussi longtemps que nos matériaux seront imparfaits, nous ne pouvons pas tirer des conclusions positives simplement de l’absence de témoignage. » "W. M. Mûller, art. Pôtiphera II, dans Cheyne-Black, Encyclopedia biblica, 1899-1902, t. iv, col. 3814-3815, tout en admettant l’usage relativement récent des noms de la catégorie de Putiphar, écrit de son côté : « Nos matériaux ne spnt pas encore assez complets pour autoriser des affirmations si précises… La transcriplion (de Putiphar) avec teth et aln donne d’ailleurs une bonne impression d’archaïsme et s’oppose à toute tentative trop extravagante d’en abaisser la date. » Lieblein, Mots égyptiens de la Bible, dans proceedings, t. xx, 1898. p. 208-209, va plus loin encore : « ’^Pôtiphera’et Potiphar sont généralement regardés comme identiques. Or, Pôtiphera’a été rapproché de

Jt ? comme appartenant au groupe de noms composés de. Cependant je veux faire observer que ? Potiphar pourrait très bien être assimilé à’I.

pt-bar, nom d’un homme qui vivait sous les Hyksos et qui était chef des constructions du dieu Amon. » Louvre, stèle C 50. Cf. Pierret, Recueil d’inscriptions inédites du Louvre, t. i, 1874, p. 50-55. Lieblein ajoute que la dernière partie du nom nous donne probablement le nom de Baal, que la première partie

joue le même rôle que et que, par conséquent, les

noms composés de remontent au temps des Hyksos.

Toutefois, pour le moment, il n’ose l’affirmer sans réserve, par suite de doutes qu’il ne peut lever. « En tout cas, conclut-il, il est bien certain que les noms

composés de ne peuvent être employés comme

argument chronologique quant à la rédaction du texte biblique. » Ailleurs, L’Exode des Hébreux, loc. cit., t. xxi, 1899, p. 58-59, Lieblein revient sur le même sujet de façon plus explicite : « Le nom de Potiphar… pour- » rait très bien être identique au nom Pt-bar qui figure en tête d’une généalogie dont j’ai donné la table dans mon Dictionnaire des noms, n° 553. Potibar est visiblement une composition hybride de égyptien, probablement identique à, et de I, nom du dieu

sémitique Baal… Je ne veux pas dire que Potiphar et Potibar soient le même individu… ; mais je crois que les deux sont identiques et qu’ils remontent au même temps. » Il y a bien le changement du b en p avec le son /, Potibar, Potiphar. Mais ce changement se produisait souvent d’une langue à l’autre. De plus le b égyptien se rapprochait dans le parler courant du son f comme le prouvent certains mots coptes sortis du fonds égyptien où b est devenu q. Cf. Loret, Manuel de la langue égyptienne, 1889, p. 91 ; Sethe, Dos àgyptische Verbum) t. i, 1899, p. 121. C’est d’après ce parler courant que Moïse aura transcrit le mot Potibar, Potiphar. j II y a bien aussi qu’au nom de Potibar manque le déter minatif divin Td, Sel, mais ce déterminatif était écrit

ou omis à volonté, comme en témoigne toute une sérié de noms propres dont (a dernière composante est Baal. Pour de pareils noms avec le déterminatif, voir Spiegelberg, Zeitschrift fur Assyriologie, t. xiii, 1898, p ; 51 ; Papyrus Golenischeff, pi. i, lig. 16-17, pi, iii, lig. 7 ; — sans le déterminatif, Spiebelberg, Studien und Materialien zum Rechlswesen des Pharaonenreickes der Dyn. 18-21, 1892, p. 36, 37, 51 ; Papyrus Anaslasi III, 6, 3, et verso.6, 1, 7. Pour toute la question de Potibar, cf. Heyes, loc. cil., p. 110-111. — Potiphar peut donc venir ou de Pa-dou-pa-râ ou de Pa-hotep-râ ou de Pet-bar. Il n’est point certain que le premier n’ait pas existé avant la XXIIe dynastie. Nous en avons apporté des exemples de la XXe. Les deux autres datent de l’Ancien-Empire et des Hyksos. Cela suffit à démontrer que la conclusion chronologique de Brugsch et de^Steindorff, dans ce qu’elle a d’absolu, est entièrement-gratuite. Nous ajouterons : en admettant même un instant que les noms propres eussent subi des retouches de la part des copistes qui les auraient adaptés aux noms à la mode de leur temps, il ne s’ensuivrait pas encore que, pour le reste, le texte de l’histoire de Joseph ne soit pas de Moïse.

C. Lagier.

1. PUTIPHAR (hébreu : Pôtifar ; Septante : IIs-csçpTjç), grand officier égyptien à qui les Madianites vendirent Joseph, fils de Jacob. N

I. Ses titres. — Le récit biblique note que Putiphar