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PUSTULES — PUTIPHAR


le mal ne se répandit pas par contagion, ce qui eût réclamé un délai trop considérable ; tous les êtres visés furent atteints à peu près en même temps d’un mal qui déterminait en eux des éruptions cutanées analogues à celles des hommes, et plus ou moins assimilables à celles que certaines pestes occasionnent chez les animaux. Le texte sacré ne mentionne pas de morts parmi les animaux. Il ne dit pas non plus que les pustules ne sévirent pas parmi les Hébreux, dans la terre de Gessen ; mais il faut l’inférer de ce qui est remarqué à propos des autres plaies. Exod., viii, 22 ; ix, 4, 26 ; xii, 23. H.Lesètre.

    1. PUTIPHAR##

PUTIPHAR, nom de deux Égyptiens, l’un, le maître, et l’autre, le beau-père de Joseph. Leur nom est écrit différemment en hébreu, Pôlifar et Pôtifera’, cependant on s’accorde généralement à regardercomme identique^ Jes deux noms Putiphar = Pôtiphar, Gen., xxxvii, 36, xxxix, 1, et Putiphare = Pôtiphera’, xli, 45, 50 ; XL vi, 20. Toutefois Brugsch, Egypt under the Pharaohs, t. i, 2e édit, Londres, 1881, p. 308, fut d’abord pour leur non-identité, mais plus tard, Steininschrift und Bibelwort, 2e édit., 1891, p. 83, il se rallia à l’opinion commune. Les versions grecque et copte sont unanimes de leur côté à transcrire d’une façon unique les noms de deux personnages : OsTEcppîjç et rUT, q>pfj) iiCTetÇpH et neTt^pH. Cf. Champollion, Précis du système hiéroglyphique, 1827-1828, p. 177 ; 0. von Lemm, Kleine koptische Studien § x-xx, 1900, § xiv, p. 61-62 ; A.Dillmann, Die Genesis, 6e édit., 1892, p. 397. Leur identité une fois admise, il est permis de discuter du même coup la formation de Pôtiphar et de Pôtiphera’. Le plu9 grand nombre y voit ou accepte d’y voir

la forme égyptienne t " lit 9, P(a)-dy(dou)-pa-Râ. « celui que Râ (le soleil) a donné, le don de Rà », en grec’HXiô5° po ; . Cf. Sethe, De Aleph prosthetico in lingua xgyptiacâ verbi formis prseposito, 1892, p. 31.

Nous aurions donc ici l’article p, ou jfZn pa, le verbe

dou, .=— i ou A, et le nom du dieu Râ | précédé d’un

second article. Les noms déformation semblable, P-dou plus un nom de dieu ou de déesse, ne sont pas rares sur les monuments. Au British Muséum, deux stèles en bois, n. 8482 et 8484, nous donnent pour la XX* dynastie un certain Auserhaàroua fils de I ^, Pa-dou

Ast, « le don d’Isis », et ("""> Pa-dou-Amew « le dond’Amon ».Cf. Budge, À Guide to the thirdand fourth Egyptian Rooms, 1904. p. 78 et 75. Une inscription de la XXIe dynastie fournit "Jt À >, Pa-dou Hor, « le don d’Horus ». Maspero, Les momies de Deif el-Bahari, dans Mémoires de la Mission archéologique française au Caire, t. i. 1889, p. 522. Avec la]XXIIe dynastie se multiplient les ~ =L, P-dou-Khonsou, « le don de Khonsou », les ii, P-dou-Ptah, « le

don de Ptah », etc. Cf. Lieblein, Dictionnaire des noms hiéroglyphiques, 1871-1891, n. 1051, 1280, 1305. On ne les compte plus sous les dynasties suivantes,

par exemple, jÉL.= » — i ?, Pa-dou-Bast, & le don de Bast », transcrit Pou(oubasti par Assurbanipal, Cylindre A, col. 1, lig. 98 ; I"**", P-dou-Asar, « le don

d’Osiris ». Cf. Champollion, Grammaire égyptienne, 1836, p. 310. Les Grecs reçurent ces noms et nous remarquons qu’ils en transcrivent ordinairement les deux premières syllables par rUre comme dans IIeTeçp91e, avec des exceptions pourtant : m-tsîitjiç, Ilexexôvutç, IIstooïpiç, Ile-roëàcrTiç. Cf. entre autres, Grenfell etHunt, The Hibeh Papyri, Part, i, 1906, n. 35, . 53, 112 ; Parthey,

Aegyptische Personennamen, 1864, p. 79-81 ; Spîegelberg, Aegyptische und griechische Eigennamen aus Mumienetiketten der rômischen Kaiserzeit, 1901, n. 198 sq. Un observera toutefois que l’article est supprimé devant le nom du dieu ou de la déesse et qu’au lieu de P-dou-pa-Khonsou et ïï.twitey&-vaiï, par exemple, nous avons P-dou-Khonsou et Ùzïexùriaiç. Mais il y a des noms égyptiens où le nom du dien

se préfixe de l’article, ^^"J^^Î^-Pa-Amen-bouf-nefer, « la beauté d’Amon », du temps de Ramsès II. Virey, Etude d’un parchemin rapporté de Thèbes, dans Mémoires de la Mission, t. i, 1889, p. 509, Le nom de Râ, en particulier, n’échappe pas à

cet usage. On rencontre plusieurs yt ^r, Parà m-heb, « le soleil en fête », à la XVIIIe dynastie.’. Virey, loc. cit., p. 498. 500 ; Spiegelberg, The Viziers of the New-Empire, dans Proceedings of the Society of Bibiical Archseology, t. xv, 1892-1893, p. 525, 526 ; Daressy, Notes et Remarques, dans Recueil des Travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et

assyriennes, t. xvi, 1894, p. 124. À côté de r "^^

Râ-holep se trouve la forme Jt ? ^^ Pa-râ holep, « la paix, l’union de Râ, celui que Rà s’unit. » Lieblein, loc. cit., n. 2101, 2130, 2131 ; Spiegelberg, Joe. cit., p. 523, 525. Cela nous autorisé à conclure avec Heyes, Bibel und Aegypten, 1. 1, 1904, p. 106-107, qu’on ne peut pas dire que Pa-dou-pa-râ s’éloigne des formes égyptiennes. Nous devons même admettre avec le même auteur que, si cet article n’était pas toujours écrit, il était souvent prononcé, puisque le nom d’un des fils de Ramsès II nous apparaît tantôt sous la forme Râ-her-ounem-f, et tantôt sous la forme Pa-râ-her-ounem-f, « Rà à sa droite ». Lepsius, Kônigsbuch der alten JEgypter, 1858, pi. 34, n. 438 ; Sethe, Untersuchungen zur Geschichte und Altertumskunde JEgyptens, t. i, 1896, p. 59. Somme loule, il reste probable que Putiphar apparlient à la catégorie des noms propres ayant pour parties constitutives Pa-dou plus un nom de dieu, ici le dieu Râ : Pa-dou-pa-râ. Nous disons probable seulement. C’est ce qu’a oublié Steindorif. Partant de la supposition que Putiphar était à n’en pas douter la forme égyptienne pa-dou-pa-râ, il a affirmé à deux reprises, Der Name Josephs, dans Zeitsch’rift fur àgyptische Sprache, t. xxVH, 1889, p. 41-42, et Weiteres zu Genesis, loc. cit., t. xxx, 1892, p. 51, que les noms de cette catégorie commenceut d’apparaître à la XXIIe dynastie, qu’ils deviennent fréquents seulement après l’an 700 avant J.-C, et que l’écrivain de l’histoire de Joseph, qui introduit le nom de Petephrê comme appartenant à des [personnes, est, par suite, à placer dans le septième siècle avant J.-C. Brugsch lui-même, Steininschrift und Bibelwort, 1891, p. 83, n’attendait pas la seconde affirmation de Steindorff pour écrire : « Les noms propres de Pôtiphar et de Pôtiphera’, en ancien égyptien Petipherè, « le « don du Soleil », qui tous les deux se trouvent dans la Bible, marquent par leur constitution qu’ils sont d’une époque postérieure au temps de Joseph. Ils sont entièrement inconnus des monuments anciens quant à leur composition o.u forme et ils n’apparaissent pour la première fois qu’au neuvième siècle avant J.-C, c’est-à-dire quelque mille ans après les faits rapportés dans l’Écriture. » La conséquence saute aux yeux : la rédaction de l’histoire de Joseph que nous possédons serait postérieure à Moïse, d’ailleurs Brugsch l’a dit expressément, Deutsche Rundschau, t. xvi, 1890, p. 2’t5246. — Mais 1° est-il certain que Putiphar, soit à rattacher à Pa-dou-pa-râ ? Nous avons dit plus haut que ce n’était que probable, c’est-à-dire qu’il y a place pour d’autres-probabilités. Aussi Ed. Naville, The egyptian