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PUITS


destinées d’Ismaël. Gen., xvii, 14 ; xxiv, 62. — 3. Dans là vallée de Gérare ! à la frontière sud-auest de la Palestine, voir t. iii, col. 197, les serviteurs d’Abraham avaient jadis creusé des puits que les Philistins, tout voisins de là, comblèrent ensuite. En s’établissant à son tour dans cette vallée, Isaac fit creuser les puits à nouveau et leur rendit les noms assignés par son père. Quand on eut trouvé l’eau vive dans le premier puits, les bergers de Gérare s’en prétendirent les maîtres, d’où dispute avec les bergers d’Isaac. Alors celui-ci appela le puits’êèéq, <i dispute », àoiy.ioe, « injustice », calumnia, « calomnie ». Un second puits donna lieu à des rixes, d’où son nom de silnâh, t hostilité », è^8pi’a, inimiciiix. Autour du troisième puits, le calme régna, d’où le nom de rehobôt, « latitude », eùp-jywpi’a, latitude). De là, Isaac remonta jusqu’à Bersabée, be’iir Sâba’, « puits du serment ». Gen., xxvi, 15-24. Voir Bersabée, t. i, col. 1629. — 4. Lorsque Jacob s’en alla en Mésopotamie, il arriva à un puits autour duquel étaient réunis des troupeaux qu’on abreuvait. Voir t. iii, fig. 195, col. 1065-1066. Les troupeaux se rassemblaient autour des puits en Orient. On fermait ces puits à l’aide d’une pierre qu’on était quand on voulait puiser l’eau. Gen., xxix, 2, 3. — 5. Moïse, fuyant l’Egypte, arriva au pays de Madian et s’assit près d’un puits. Là vinrent bientôt les filles d’un prêtre pour abreuver leur troupeau ; des bergers arrivèrent à leur tour et chassèrent les jeunes filles ; mais Moïse protégea ces dernières et abreuva lui-même leur troupeau. Exod., ii, 16, 17. Des scènes de violence se passaient donc quelquefois auprès des puits ; les plus forts voulaient se servir les premiers ou accaparer l’eau à leur profit. — 6. A l’une des dernières stations du désert, les Israélites s’arrêtèrent à Béer, « le puits ». Num., xxi, 16-18. Voir Béer, t. i, col. 1548. Ce puits est probablement le même que Béer-Élim, « puits des héros » ou « des térébinthes », mentionné par Isaïe, xv, 8. Voir Béer-Elim, t. i, col. 1548. Au désert du Sinaï, les Israélites avaient dû rencontrer un certain nombre de puits. « Une vallée du Sinaï est appelée el-Biyar, « les puits », à cause des trois ou quatre puits profonds, mais vaseux, qui existent en ce lieu. C’étaient les premiers que nous rencontrions d’une forme semblable à celle qui est si commune en Palestine. Un certain nombre de grandes auges de pierre les entourent ; elles sont destinées à abreuver les troupeaux. L’orifice des puits est fermé par une grande pierre qu’on roule, quand on en a besoin, exactement de la façon décrite dans la Genèse… Vis-à-vis du douar (de l’ouadi Beiran) sont deux puits profonds, solidement bâtis en maçonnerie, et entourés d’auges pour abreuver les troupeaux ; l’un d’eux est à sec, l’autre contient encore une eau excellente ; il a environ sept mètres cinquante de profondeur. Outre ces auges, il y a des canaux circulaires, garantis tout autour par des pierres et destinés à servir d’abr, euvoirs au bétail. On voyait toujours là un homme qui, dans le costume de nos premiers parents, était occupé à tirer de l’eau pour les chameaux venant boire par centaines ; quand les chameaux avaient fini, les troupeaux arrivaient ; c’était un spectacle. curieux de voir les brebis et les boucs s’avançantehapun à leur tour ; un certain nombre de chèvres venaient d’abord, puis cédaient la place à. un certain nombre de brebis, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tout le troupeau eût fini. » E. H. Palmer, The désert of the Exodus, Cambridge, 1871, t. ii, p. 319-320, 362. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p.570571. — 7. Quand les Israélites voulurent passer à travers le territoire d’Édom, et, un peu plus tard, à travers celui des AmorrJiéens, , ils offrirent de ae pas boire l’eau des puits. Num., xx, 17 ; xxi, 22. Les puits, en effet, étaient considérés comme une propriété particulière, que l’étranger devait respecter. On pouvait

raindre aussi qu’ils fussent épuisés si une grande multitude en faisait usage. L’engagement que prirent les Israélites se bornait sans doute à ne pas se servir des puits sans la permission des maîtres et sans les indemniser. On leur refusa cependant le passage. Pour garder la jouissance de leurs puits dans le désert, les Bédouins souvent les récouvrent d’une pierre et ensuite de terre, afin que personne n’en puisse reconnaître la présence. Ils ne les retrouvent eux-mêmes qu’à l’aide de certains signes. —8. Jonathas et Achimaas, pour échapper aux poursuites d’Absalom, se réfugièrent à Bahurim, chez un homme qui avait un puits dans sa cour. Ils y descendirent, puis la femme de l’hôte étendit une couverture sur l’ouverture du puits et répandit dessus du grain pilé, comme pour le faire, sécher au soleil. Quand les envoyés d’Absalom arrivèrent, ils ne se doutèrent de rien et allèrent chercher ailleurs les fugitifs. II Reg., xvii, 17-19. Le texte parle ici, non d’une citerne, mais d’un puits, be’ër, que les Septante appellent un bassin, Xix-xoç. Il faut d’ailleurs supposer que le puits était desséché ou disposé dételle sorte à l’intérieur que deux hommes pouvaient y trouver refuge. — 9. Il est raconté qu’au moment de partir en

i 202. — Orifice d’un puits en Orient.

D’après une photographie.

captivité, des hommes pieux prirent le feu sacré dé l’autel et le cachèrent dans le creux d’un puits desséché qui ensuite demeura inconnu. Après bien des années, Néhémie le fit rechercher par les descendants de ceux qui avaient caché le feu. On ne trouva dans le puits qu’une eau épaisse, dont on aspergea le bois mis sur l’autel. Alors ce bois s’enflamma spontanément.’II Mach., i, 19-22. — 10. Notre-Seigneur s’arrêta un jour, près de Sichar, au puits de Jacob et y convertit la Samaritaine. Le puits était profond ; il fallait une corde et des ustensiles pour y pouvoir puiser. Joa., iv. 5-11.’Voir, Jacob (Puits de), t. iii, col. 1075. — Un assez grand nombre de localités de Palestine ont un nom dans la composition duquel entre le mot Bir, indiquant la présence d’un puits.’2° Remarques sur les puits. — 1. Les puits étaient ordinairement maçonnés et pourvus d’un escalier’de pierre pour descendre jusqu’à l’eau, quand ils n’étaient pas trop profonds. Gen., xxiv, 16. On couvrait l’ouverture d’une large pierre, pour éviter les accidents, parce que l’orifice se trouvait ordinairement à ras de terre (fig. 202). Exod., xxi, 33. Josèphe, Ant. jud., IV K vm, 37, dit qu’on devait les entourer de sortes de toits servant de murs pour empêcher les animaux d’y tomber. Dans les jours qui précédaient les trois gràndesfètes, on ôtait les pierres de l’orifice des puits, afin d’en laisser la libre disposition aux pèlerins^ Voir Pèlerinages, col. 24. En dépit des précautions prises,