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PTOLÉMÉE — PUBLICAINS


(108), mais nous ne savons rien de particulier sur la conduite de Ptolémée dans cette guerre. Il paraît seulement avoir compris l’inutilité dé la violence contre Israël. Nous apprenons par II Mach., x, 13, qu’à l’avènement du roi mineur Antiochus Eupator au trône d’Antioche, Ptolémée (Macron) était animé, de sentiments conciliants à l’égard des Juifs. Ce fut la cause de sa chute. Ses ennemis en profitèrent pour le perdre : on l’accusa de trahison et ne pouvant supporter sa disgrâce, il s’empoisonna. « Ptolémée, surnommé Macron, dit le texte grec, avait été le premier à observer la justice envers les Juifs à cause des violences qu’ils avaient subies et s’était efforcé de gouverner pacifiquement. Mais pour cela même il fut accusé par des amis (du roi) auprès d’Eupator et comme il s’entendait partout appeler traître, parce qu’il avait abandonné Cypre que Philométor lui avait confiée et qu’il était passé (dans le parti) d’Antiochus Épiphane, n’ayant plus qu’un pouvoir sans honneur, il perdit courage et prenant du poison, il s’ôta la vie. » F. Vigouroux.

9. PTOLÉMÉE, fils d’Abobi, gendre de Simon Machabée. Il était fort riche et avait reçu le gouvernement de Jéricho et de son territoire. Il conçut le projet de devenir maître de la Judée et pour le réaliser, ayant reçu son beau-père dans la petite forteresse de Doch (t. ii, col. 1454), il le mit traîtreusement à mort avec ses deux fils Mathathias et Judas, à la fin d’un grand festin. Un troisième fils de Simon, Jean, surnommé Hyrcan (t. iii, col. 1154), n’avait pas accompagné son père à Jéricho et se trouvait alors à Gazara (Gazer, t. iii, col. 126). Son beau-frère expédia des émissaires dans cette ville pour le mettre à mort, mais heureusement prévenu à temps de la mort de son père et de ses frères et du danger qui le menaçait, Jean fit saisir et exécuter ses assassins à leur arrivée. Pendant ce temps, Ptolémée demandait des secours au roi de Syrie, pour prendre possession de la Judée et essayait de se rendre maître de Jérusalem. I Mach., xvi, 14-22. L’auteur de I Mach. ne nous apprend plus rien sur cet ambitieux, mais Josèphe, Ant. jud., XIII, vii, 4 ; viii, 1, ajoute que Jean Hyrcan alla l’assiéger dans sa forteresse de Doch, d’où Ptolémée s’échappa finalement pendant l’année sabbatique, et se réfugia auprès de Zenon Cotilas, prince (tupaweûovTa) de Philadelphie. Cf. Bell, jud., I, ii, 3-4. Contrairement au récit de I Mach., Josèphe suppose que Ptolémée avait conservé ses deux beaux-frères comme otages, ainsi que leur mère, et qu’il se servit de sa belle-mère, qu’il exposait aux coups des assaillants, pour ralentir les attaques de Jean Hyrcan ; il explique ainsiles longueurs du siège. L’auteur sacré ne parle point de la mère de Jean et il raconte que ses frères avaient été tués en même temps que leur père, comme on l’a vu plus haut, et non après que le siège eut été levé, comme le dit le récit de Josèphe, qui ne fait d’ailleurs jouer aucun rôle dans le siège à Mathathias et à Judas, ce qui confirme indirectement le récit des Machabées, qui est seul exactement historique.

F. ViGOUROUX.

    1. PUBERTÉ##

PUBERTÉ, âge auquel le jeune homme ou la jeune fille deviennent. aptes à la vie conjugale. — Cet âge vient plus tôt dans les pays chauds que dans les autres. Chez les Juifs, il était fixé à treize ans et un jour pour les garçons, à douze ans et un jour pour les filles. Si alors les signes de la puberté étaient constatés, on déclarait les jeunes gens gedolim et gedolô}, c’est-à-dire « grands, majeurs ». S’il en était autrement, ils pouvaient rester mineurs jusqu’à dix-neuf ans et onze mois ; mais c’est seulement à trente-cinq ans et un jour qu’on les déclarait, s’il y avait lieu, impropres au mariage. Cf. Iken, Antiquilates hebraicse, Brème, 1741, p. 519, 530. On se mariait, en général, à Un âge très jeune. Le jeune homme nubile était appelé’élém,

veavt’aç, adolescens. C’est le nom qui est attribué au jeune David, I Reg., xvii, 56, et au jeune page de Jonathas. I Reg., xx, 22. Sur la jeune fille nubile, voir’Almah, t. i, col. 391, 392. — Il est plusieurs fois parlé de la « femme de la jeunesse », ’êsét ne’ûrim. Prov., il, 17 ; v, 18 ; Ezech., xxiii, 3, 8, 21 ; Jo., i, 18 ; Mal., ii, 14, etc. Les Septante traduisent par-pjvri veqt.yitoî, et la Vulgate ordinairement par uxor puberlatis, « femme de la puberté », expression exacte quant au fond, car il s’agit ici de la première union, de celle qui a été contractée par les époux à un âge encore tendre, dès qu’ils ont été nubiles. — Dans le Lévitique, xix, 20, la Vulgate appelle simplement nubilis, « en âge d’être mariée », une esclave néhërefef le’îë, « fiancée à un homme », 8fane.<pjxy>.hi âvBptùroo, « réservée à un

homme ».

H. Lesêtre.
    1. PUBLICAINS##

PUBLICAINS (grec : « Xûvai ; Vulgate : publicani), nom qui sert à désigner, soit dans la littérature classique, soit dans les trois premiers évangiles, avec la nuance importante qui sera indiquée plus bas, ceux qui levaient les divers genres d’impôts chez les Romains. Le nom grec vient de téXoç, « impôt, taxe » ; le nom latin dérive du mot publicum, employé comme synonyme de vectigal, ou dans le sens de trésor public, Tite-Live, xxxit, 7, parce que les sommes perçues par les agents en question étaient versées dans le trésor de l’État.

1° Les publicaim en général. — À Rome, sous l’empire comme au temps de la république, la perception des impôts ne se faisait pas au moyen d’une administration spéciale, à la solde et sous le contrôle direct de l’État, mais au moyen d’une mise à ferme, qui trouvait de nombreux candidats, car l’opération permettait presque infailliblement d’obtenir de gros bénéfices. Voir Impôts, t. iii, col. 851-853. Les publicani étaient donc ceux qui affermaient le droit de lever, dans une région déterminée, la totalité des impôts, ou du moins telle ou telle catégorie spéciale d’impositions, par exemple, la taxe de pacage, scriptttra, la dîme, decuma, les droits de douane, portoria, etc. Publicani… dicuntur qui publica vectigalia habent conducta. DigesC, xxxix, 4. La somme à verser dans la caisse publique étant considérable, il fallait être très riche pour prendre les impôts à bail ; aussi les publicani appartenaient-ils généralement à l’ordre des chevaliers Le fermage avait lieu par la voie des enchères publiques, au profit de celui qui oftrait le prix le plus élevé. Souvent, un seul capitaliste était incapable de verser la somme requise ; on formait alors des sociétés vectigaliennes, societates publicanorum, Digest., xvii, 2 ; Cicéron, Pro Sextio, iv, 32, dont les membres, au moment où l’on partageait les bénéfices, recevaient une quote-part proportionnée à leur cotisation. Ces sociétés étaient présidées à Rome par un magister ; en province, par un pro magister. Cicéron, Ad Div., xiii, 9 ; Ad Attic, v, 15 ; Tite-Live, xxiii, 48-59. La durée du fermage était de cinq ans au temps de l’empire, et l’exécution du contrat commençait le 15 mars. — On comprend sans peine que ce système de perception des impôts était très vicieux en lui-même, et ouvert aux plus criants abus. Aussi ne manqua-t-il pas de porter ses fruits : la vexation, le vol, la fraude, les brutalités de tout genre. L’État y avait un grand avantage, puisqu’il évitait ainsi les frais de perception ; mais, par contre, les contribuables étaient livrés à l’arbitraire d’une levée d’impôts non réglée par la loi, et organisée uniquement dans l’intérêt des adjudicataires. Cf. Tite Live, XLV, xviii, 4. Les publicani devaient tout naturellement songer à lever sur les particuliers des sommes supérieures à celles qu’ils s’étaient eux-mêmes engagés à payer, car ils étaient personnellement responsables des contributions qui ne rentraient pas, et tenus de les acquitter à leurs propres dépens.