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PSAUMES APOCRYPHES — PSAUMES DE SALOMON


ce même titre, comme étant « en dehors du nombre s> canonique de 150. C’est une composition pseudépigraphique, qui a pour base les récits de I Reg., xvi, 1-13, et xvii, 1-51. Saint Jérôme l’a traduit en latin, comme les autres Psaumes. Voir Psalterium juxCa Hebrœos Hieronymï, édit. de Lagarde, 1874, p. 151-152 ; F. Vigouroux, Manuel biblique, t. ii, 12e édit., p. 476. Le voici traduit en français, d’après la version syriaque publiée par M. Wright ; elle contient quelques variantes intéressantes.

1. J’étais le plus jeune parmi mes frères

Et un jeune homme dans la maison de mon père.

2. Je faisais paître le troupeau de mon père ; Et je trouvais un lion et un loup,

Et je les tuais et les mettais en pièces.

3. Mes mains firent une flûte,

Et mes doigts fabriquèrent une harpe.

4. Qui me montrera mon Seigneur ?

Lui, mon Seigneur, est devenu mon Dieu.

5. Il m’a envoyé son ange,

Et il m’a pris derrière le troupeau de mon père, Et il m’a oint avec l’huile d’onction.

6. Mes frères, eux, beaux et grands,

Le Seigneur ne s’est pas complu en eux.

7. Et je sortis à la rencontre du Philistin, Et il me maudit par ses idoles.

8. Mais je tirai son épée et je coupai sa tête, Et j’enlevai l’opprobre des fils d’Israël.

En 1887, M. William Wright, a publié dans les Proceedinga of the Society of Biblical Archeology, t. ix, Londres, p, 256-266, en syriaque et en anglais, sans notes ni commentaires, cinq Psaumes apocryphes, découverts par lui dans un manuscrit syriaque qui appartient actuellement à la bibliothèque de l’Université de Cambridge. À part le premier, qui reproduit le Ps. cli, ces poèmes étaient inédits jusqu’ici. Le manuscrit dont ils font partie contient un traité de théologie composé par un évêque nommé Élie, qui vivait vers l’an 920 de notre ère. Voir Assemani, Bibliolheca orientalis, t. iii, l re part., p. 258259. Ce manuscrit ne remonte guère au delà de 1700. On trouve aussi les cinq Psaumes dans un autre manuscrit du même ouvrage, daté de l’an 1703, conservé à la bibliothèque du Vatican. Les titres qui les précèdent en attribuent trois à David, y compris le premier d’entre eux, qui correspond au Ps. eu ; un autre est attribué à Ézéchias ; un autre est sans nom d’auteur.

Le second a pour titre : « Prière d’Ézéchias, lorsque ses ennemis l’entouraient ; » ce qui fait évidemment allusion à la situation décrite IV Reg., xviii, 13-xix, 37, et Is., xxxvi, 1-xxxvii, 38. — Le troisième morceau de la petite collection syriaque publiée par M. Wright mériterait une attention spéciale. Il est intitulé : « Lorsque le peuple reçut de Cyrus la permission de rentrer dans la patrie. » Quoique l’auteur parle à la première personne du singulier, c’est moins en son nom personnel qu’en celui de toute la nation théocratique qu’il présente à Dieu sa prière et sa reconnaissance anticipée. Voir W. Bæthgen, Die Psalmen ûbersetzl und erklârt, Gœttingue, 1892, p. iv et xl. C’est le plus long de tous ; il a vingt versets. — Du quatrième, il est <lit qu’il fut « prononcé par David, lorsqu’il luttait avec le lion et le loup qui ravissaient une brebis de son troupeau. » Il n’est pas sans quelque couleur locale :

i. O Dieu, 6 Dieu, viens à mon secours. Aide-moi et sauve-moi ; Délivre mon àme de l’égorgeur.

2. lrai-je dans le séjour des morts par la gueule du lion ? Ou le loup me ccuvrîra-t-il de’confusion ?

3. N’est-ce pas assez pour eux d’avoir tendu des embûches au

[troupeau de mon père, Et mis en pièces une brebis du troupeau de mon père ? (Faut-il) qu’ils désirent aussi détruire ma vie ?

4. Aie pitié, Seigneur, et sauve ton saint de la destruction, Afin qu’il puisse raconter tes louanges dans tous les temps Et qu’il puisse louer ton grand nom,

5. Lorsque tu l’auras délivré des mains du lion destructeur et

Çdu loup furieux. Et lorsque tu auras délivré ma captivité des mains des

[bêtes fauves.

6. Vite, ô mon Seigneur, envoie devant moi un sauveur,

Et tire-moi de la fosse béante qui m’emprisonne dans ses

[profondeurs.

Le cinquième Psaume fut « prononcé par* David lorsqu’il rendit grâces à Dieu, qui l’avait délivré du lion et du loup, après qu’il les eut tués l’un et l’autre. » Il a également six versets. « Toutes les nations » sont invitées à louer Dieu de cette délivrance.

Personne ne s’est prononcé, que nous sachions, sur l’origine de ces cinq Psaumes. Le premier, ou CLie des Septante, est assez ancien. Les quatre autres pourraient bien appartenir à la même époque. Mais les documents font défaut, de sorte qu’on ne saurait se prononcer avec cerlitude à ce sujet.

J. A. Fabricius a publié depuis longtemps déjà, , en latin, Codex pseudepigraphus Veteris Testamenli, 2e édit., Hambourg, 1822, t. i, p. 21-26, deux prétendus « Psaumes d’Adam et d’Eve. » Ces deux pièces ne méritent guère d’attirer l’attention. Comme le dit Fabricius, loc. cit., p. 21, c’est un franciscain portugais, nommé Amodéus, né en 1474, qui les mit par écrit à la suite d’une révélation qui les lui aurait fait connaître. Le premier aurait été composé par Adam, après la création d’Eve. C’est un développement assez peu poétique de Gen., ii, 20 b -24 ; on y annonce indirectement la naissance du Messie : Filius ex maire sine paire orietur. — Le second Psaume, qui est censé avoir été composé après la chute de nos premiers parents, contient sept strophes assez étendues, qui sont attribuées, la première à Adam, la seconde à Eve, la troisième, la quatrième et la cinquième à Adam, la sixième et la septième à Eve. Il exprime les gémissements, les sentiments de contrition, la demande de pardon d’Adam et d’Eve après leur péché. Chaque strophe commence par les mots : Adonai, Domine Deus, secundum magnani misericordiam tuant miserere mei,

L. Fillion.

3. PSAUMES DE SALOMON, livre apocryphe. -I. Histoire et nature de ce recueil. — On désigne par ce titre (TaXu.o’i SoÀou.wvtoç) une petite collection pseudépigraphique, qui se compose de dix-huit poèmes rédigés sous la forme des anciens psaumes, et qui compte parmi les meilleurs et les plus intéressants des écrits apocryphes de l’Ancien Testament.

1° Transmission et éditions principales. — L’antiquité chrétienne mentionne très rarement ce psautier.-Nous ne possédons même à son sujet aucune citation patristique bien nette. Lactance, De divin, inslit., iv, 12, t. vi, col. 479, signale un texte emprunté, dit-il, à la « 19° ode de Salomon, » mais qui n’a rien de commun avec le contenu de nos dix-huit psaumes, quoiqu’il semble supposer leur existence. Plus tard, il est question de ce recueil d’une manière directe dans plusieurs listes du canon chrétien de l’Ancien Testament. On le range tantôt parmi les Anlilegomena, avec les livres des Machabées, la Sagesse de Salomon, l’Ecclésiastique, Judith, Tobie, etc. — c’est le cas pour la Synopsis [du pseudô-Athanase, t. xxviii, col. 450, et pour la Stichométrie de Nicéphore, cf. Kicephori opuscula, éd. de Béer, Leipzig, 1880, p. 134, et T. Zahn, Geschichte des neuteslamenll. Kanons, t. ii, p. 299 — tantôt parmi les apocryphes proprement dits, avec le livre d’Hénoch, le Testament des douze patriarches, les apocalypses de Moïse et d’Esdras, etc. Il est encore cité par deux auteurs byzantins du xii « siècle, Zonaras et T. Balsamon. Voir Beverngius, Pandeclx canonum, Oxford, 1672, t. i, p. 481, T. Zahn, loc. cit., t. ii, p. 288-289.