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PSAUMES (LIVRE DES)


Præf. in Psalterium sec. Septuaginla edit., t. xxix, col. 117-118. Ce premier travail forme le Psalterium romanum, employé autrefois à Rome jusqu’à saint Pie V, maintenu dans le Missel et dans une partie du Bréviaire, ainsi que dans l’office capitulaire de Saint-Pierre de Rome ; saint Jérôme en décrit le principal caractère, ubiùumque sensus idem est (non dans l’hébreu mais dans le grec), veterum interpretum con suetudinem mulare noluimus, ne nimia novitate lectoris studium terreremus. Epist. cri, t. xxii, col. 844, et plus loin : nos antiquam interpretalionem sequentes, quod non nocebat, mulare noluimus. Il fit ce premier travail vers 384. Voir Jérôme, t. iii, col. 1307. De retour à Béthléhem, entre 386-391 selon le P. Van den Gheyn, i&itf., sa première édition étant déjà fort corrompue, il en entreprit une seconde, où il prit pour texte i’édilion hexaplaire des Septante, avec astérisques et obéles, les premiers destinés à indiquer ce que les Septante omettaient de l’hébreu et dont lui-même emprunta la traduction à Théodotion, les autres signalant au contraire ce qu’ils y avaient ajouté : saint Jérôme dit lui-même qu’il avait fait cette seconde traduction « avec beaucoup de soin, » Epist. ad Sophron., t. xxviii, col.H26 ; il l’appelle « une version nouvelle » dansl’iîpist. ad Sunniam et Fretelam, t. xxii, col. 838 ; c’était donc un travail critique où l’on pouvait voir d’un seul coup d’œil la version des Septante et sa comparaison avec le texte hébreu dans les passages qu’elle avait en plus ou en moins : il n’y manquait que la retouche des endroits où les Septante avaient traduit d’une façon insuffisante ou inexacte. Malheureusement la transcription de tous ces signes critiques exigeait trop desoins ; et malgré les prières réitérées du saint docteur, on les omit dans la plupart des mauuscrits, de sorte qu’on cessa de distinguer ce qui venait des Septante, ou de Théodotion, ou qui était surajouté au teiLte hébreu. Dans cet état, et avec les altérations encore subies depuis, elle constitua le Psalterium gallicanum qui est celui de l’édition officielle de la Vulgale et du Bréviaire, et dont le nom rappelle sa diffusion rapide dans les églises de France et de Germanie : dom Martianay remarque en effet que la plupart des manuscrits du Psautier avec astérisques et obtles proviennent de France, et que l’Italie n’en a conservé que très peu, t. xxviii, col. 66. Saint Jérôme ne dit pas qui l’engagea dans sa première retouche ; il composa la seconde à la prière de sainte Paule et d’Eustochium ; enfin, sur les instances de Sophronius, il donna une troisième traduction.

Traduction nouvelle de saint Jérôme.

Elle fut faite exclusivement sur le texte hébreu vers 390-391, en tout cas avant la lettre à Domnion, t. xxviii, col. 53-54. Il donne les raisons de cette nouvelle traduction dans sa lettre à Sophronius, t. xxviii, col. 1 124 : la nécessité de donnera la controverse contre les Juirs une base solide, ceux-ci rejetant les prophéties tirées des Septante comme ne rendant pas l’original hébreu : ensuite la science des Écritures qui n’est véritable que si elle est établie sur les originaux. Autant que nous en pouvons juger par le peu de fragments qui nous en restent, Aquila lui servit surtout de guide pour le sens de l’original ; quant à la forme, il s’éloigna le moins possible des traductions connues jusqu’alors. Dans cette dernière œuvre, il s’écarte quelquefois de la version qu’il avait cru devoir donner de l’hébreu dans d’autres ouvrages ; ainsi Ps. ii, il traduit adorale pure au lieu de apprehendite disciplinam des autres versions et de adorate ilium comme lui-même avait traduit précédemment ; il répond même aux critiques que ce changement avait excitées, dans son Apologie contre Rufln, i, 19, t. xxiii, col. 413 ; en cela il s’accommode encore à la traduction d’Aquila qui lisait xa-raçi}71<xxre êxtecrâç, ou à Symmaque itpo(7xuvT)<raTe xafiapûç ; de même dans le titre du Psaume xxii, il traduit d’après la plupart des manuscrits : pro eerva malulina, tandis que dans le commentaire d’Osée, 1. II, t. xxv, col. 867, il veut qu’on lise pro cervo matutino, qu’il applique au Christ. Le nom du maître de chœur, menasseah, est souvent traduit par victori, tandis que dans le commentaire sur Daniel, Prsefat., t. xxv, col. 492, il le rend par pro Victoria ; Ps. xlv, il rend de domibus eburneis, ce qu’il traduit de templo dentium dans son Epist., lxv ad Principiam, t. xxii, col. 633 ; Ps. lvi, il traduit pone lacrymam meam in conspectu luo, bien qu’il traduise ailleurs le même mot no’d par outre, ce qui est exact ; Ps. lxiii, il traduit sitivit te, bien qu’il prétende qu’il faille traduire tibi dans l’Epi(re xxxv, ad Svnniam et Fretelam, t. xxii, col. 850 ; Ps. xci, 1, Saddaï est traduit in umbraculo Domini, tandis que le même mot est rendu Deum sublimem dans Ézéchiel et robustum. et sufficientem ad omnia dans l’Epist-, xxv, ad Mareellam, t. xx/i, col. 429 ; Ps. eu, 7, il traduit quasi bubo, et dans l’Epist. ad Sunniam et Fretelam, t. xxii, col. 859, quasi noctua ; Ps. civ, il traduit petra refugium herieiis, et dans la même lettre refugium cuniculi. —. D’une façon plus générale on doit lui reprocher d’admettre trop facilement et trop universellement l’intégrité absolue du texte hébreu, de Vhebraica verilas, ainsi qu’il s’exprime après Origéne et Eusèbe : de la sorte il essaie de donner un sens à des passages altérés qui en sont dépourvus, comme Ps. viii, 3 ; cxli, 5-7 ; il traduit dans les titres canticum psalnii ou psalmus cantici, les deux appellations cantique, psaume, juxtaposées comme variantes. et entre lesquelles il faut seulement choisir ; il se montre trop attaché aux traductions de ses devanciers, surtout du juif Aquila, rendant comme lui les termes techniques d’une façon étrange, miktam, ode, par (David) humble et parfait, sélah, pause après les strophes, par toujours, joint à la phrase précédente ; beaucoup de noms propres sont traités comme noms communs, et rendant la phrase inintelligible : tels dans le Ps. Lxviii, Saddaï, nom divin, Basan, montagne, devenus robuslissimus et pinguis ; il faut enfin lui reprocher trop de servilité dans la traduction des modes du verbe hébreu, qu’il fait trop régulièrement correspondre au prétérit ou au. futur latins, et trop d’uniformité dans cei/e des particules : ainsi Ps. es, il traduit : percussit in die furoris sui reges, judicabit in genlibus, implevit valles, percutiet caput in terra multa ; or c’est une » description dont tous les verbes devraient être au même temps ; Ps. cxvi il traduit : credidi propter quod locutus sum, au lieu de confidebam eliam quando dicebam, etc. Toutefois ces critiques de détail ne doivent pas faire méconnaître la valeur de cette version du Psautier : elle est au contraire ce qu’il y a de plus parfait comme traduction dans l’œuvre du saint docteur, et même les commentateurs protestants comme Delitzsch en font le plus juste éloge : ils en ont même donné plusieurs éditions critiques, telles que celle de P. de Lagarde, Leipzig, 1874, et celle de Tischeudorf, Bær et Frz. Delitzsch, Leipzig, 1874. On la trouve aussi dans les éditions des œuvres de saint Jérôme. Voir le tableau col. 831-832.

XI. Canonicité.

Le Psautier est l’un des livres bibliques dont la canonicité est la plus facile à établir : ou plus exactement, elle n’a jamais été contestée, hormis par les sectes qui ont nié la divinité de l’Ancien Testament, guostiques ou manichéens. Les Psaumes sont cités, exactement comme les autres textes bibliques, dans I Machabées, iv, 24 ; vii, 16 ; dans II Machabées on rappelle qu’ils eurent place dans la bibliothèque sacrée de Néhémie, ii, 13. Dans le prologue de l’Ecclésiastique, ils sont évidemment compris dans les formules générales qui désignent les hagiographes ou troisième partie de la Bible hébraïque, rôt Xomà-cwv (StêJutov, et sont explicitement désignés dans le précis historique qui forme la seconde partie de ce livre, xlvii, 8-11. Le