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PSAUMES (LIVRE DES)


cm (eu), civ (cm) ; souvent le refrain' est répété régulièrement après chaque strophe : Ps, xlii (xli) en y joignant le suivant qui en donne la dernière strophe ; xlvI (xlv) en rétablissant le refrain supprimé après le ꝟ. 4, Dominus virtutum nobiscum ; sûsceptor noster Deus Jacob ; xlix (xlviii) homo cum in honore esset non intellexit ; cvn (evi) refrain modifié après chaque strophe : clamaverunt ad Dominum… Confiteantur Domino misericordise ejus… ; cxvi b (Credidi), vola mea reddatii… etc. Dans le seul Psaume cxxxvi (cxxxv) le refrain quoniam in seternum misericordise ejus est actuellement répété après chaque vers : comparer cxvin (cxvii) qui se chantait peut-être de même. Le même verset servait de répons et était repris par tout le chœur dans les solennités religieuses. I Par., xvi, 41 ; I Esd., iii, 11.

Enfin un certain nombre de Psaumes rentrent dans la catégorie des poèmes alphabétiques. Voir Alphabétiques (Psaumes), t. i, col. 416. Dans ce cas chaque vers, chaque strophe ou chaque distique, commence successivement par chacune des lettres de l’alphabet : ce genre d’acrostiche, que la poésie dédaigne chez nous, est hautement prisé au contraire par les poètes arabes ou syriaques, qui recherchent en ce genre les plus extraordinaires complications. Voir R. Duval, Ancienne littérature syriaque, p. 26-28. On serait porté à attribuer aux Psaumes alphabétiques une date récente : mais la présence de ces poèmes dans Nahum et les Lamentations prouve qu’ils étaient goûtés même des anciens Hébreux. On pourrait supposer aussi que les Psalmistes s’en servent pour grouper des versets qui n’ont pas entre eux d’enchaînement logique bien étroit : cette explication est admissible pour le Beati immaculati in via, exix (cxvili) et d’autres semblables ; mais les Lamentations et le début de Nahum ne manquent pas d’unité et n’avaient pas besoin de ce lien factice : dans certains cas il brise même la suite logique ou la chronologie, comme dans le Ps. exi (ex) où il bouleverse la série régulière des événements de la sortie d’Egypte et du séjour au désert. Saint Jérôme l’avait déjà signalé, Epist. xxx ad Paulam, t. xxii, col. 442 ; suivant le goût de son temps il voit à chaque lettre une raison mystique ou allégorique qu’il explique dans Epist. xxx, t. xxii, col. 443. Harre s’en est servi pour les études de la poésie hébraïque, comme le rapporte Lowth, De sacra poesi Hebrseorum, édit. Rosenmùller, 1821, p. 39, 365, 629 ; et Koester pour l'élude des strophes hébraïques Die Strophen und der Parallelismus der hebràischen Poésie, dans Studienund Krilxken, 1831, p. 40. — Dans le Ps. lx-x, Vulgate, ix de l’hébreu, chaque strophe de deux vers ou quatre membres commence successivement par une des lettres de l’alphabet hébreu, mais les strophes manquantes ont été remplacées par d’autres non alphabétiques : t, ii, s, d, 3, d, v, s, ï. Les Ps. xxv (xxrv) et xxxiv (xxxm) sont semblables, une lettre par vers, avec addition au poème d’une antienne non alphabétique relative aux épreuves d’Israël ; Ps. xxxvil (xxxvi) une lettre tous les deux vers ; exi (ex) et cxii (exi) une lettre pour chaque hémistiche ; cxix (cxvin), chaque lettre répétée huit fois en tête des hui t vers de chaque strophe : noter en outre que dans chaque strophe la loi de Dieu est désignée par huit termes synonymes, que chaque strophe ramène dans un ordre différent ; enfin Ps. cxlv (cxliv), une lettre par vers. Les irrégularités qui se remarquent — à part l’interversion de y et s qui est ancienne et se 'rencontre déjà dans les Lamentations — sont de date postérieure, et proviennent d’altérations, de suppressions et d’additions au texte : à noter la perte du : dans le Ps. cxlv texte hébreu, alors que le verset correspondant est conservé dans, les Septante, la Vulgate et le syriaque. D’autres Psaumes ont un alphabétisme incomplet, le premier mot y commence par alepfi et le dernier commence ou finit par tliav, peut-être pour indiquer que le poème est complet et qu’il n’y a rien à y ajouter, qu’il comprend depuis la première lettre jusqu'à la dernière ; tels sont ï, v, lxx (lxix), lxxix (lxxvih) ; cxii (cxi) commence aussi par aSré et finit par (obed comme le Ps. ï.

Il faut enfin noter comme derniers ornements accessoires la rime, assonance, monorime : iii, rime proprement dite ; cxxi (cxx) assonance en a, cxxiv (cxxm) assonance en nu ; cxxxii (cxxxi) ; cxliii (cxxlii) ; — le rythme graduel ou gradation qui prend la finale d’un vers pour en faire le commencement du vers ou de l’hémistiche suivant, dont on trouve un modèle dans Isaïe, xxvi, 1-9, et une imitation dans le début du IVe Évangile ; Exemple : Ps. exv (IVore nobis Domine).

nequando dicant gentes :
ubi est Deus eorum ?
Deus autem noster in cselo…
Benedicti vos a Domino
Qui fecit cselurti et terram
Cælum cseli Domino,
Terram autem dédit filiis hominum.

Cette construction avait pour résultat de faciliter la mémoire : aussi la retrou ve-t-on fréquemment dans les Psaumes de caractère’populaire, spécialement les Cantiques du pèlerinage cxx-cxxxrv, nommés psaumes graduels, canticum graduum, Sir ham-ma’alôt. Les jeux de mots, formant dans la poétique orientale un ornement très recherché, se retrouvent naturellement aussi dans les Psaumes ; par exemple : ire'û ve-irâû, ridebunt (mulli) et timebunt, XL (xxxix), 4lii (li), 8 ; videbunt qusti) et timebunt, XL (xxxix), 18 ; 'anî'ani, miser (sum) ego, lxix (lxviii), 30 ; lxx (lxix), 6, etc. Voir Jeux de mots, t. iii, col. 1525.

IX. Contenu et doctrine des Psaumes.

1. sujet des psaumes.

Il est impossible de donner une classification logique des Psaumes, un seul touchant souvent à des sujets fort divers, ainsi le Ps. mous donne le sort du juste et celui de l’impie ; xix (xviii) la lumière matérielle et la loi de Dieu ; xxiv (xxm) portrait du juste et cérémonie religieuse xxxm (xxxii) invitation à louer Diju, sa justice, sa puissance créatrice, châtiment des nations, triomphe final du juste ; lxxxix (lxxxviii) promesses de Dieu à David, puissance infinie de Dieu, sa fidélité à son peuple, promesses de perpétuité à la race davidique, ses abaissements, prière en sa faveur. Quoi qu’il en soit Dieu, son infinité, sa puissance, sa justice, sa miséricorde, en face de Vhamme, sa dépendance, sa faiblesse, ses fautes, ses épreuves, son besoin du secours divin, les dons divins qu’il a reçus et ceux qu’il réclame, tout cela forme le sujet général du Psautier, soit comme contemplation, soit comme louange, soit dans un but de prière, et presque toujours sous la forme d’un entretien personnel du psalmiste avec Dieu ou sous la forme d’un hymne liturgique. En ne tenant compte que de l'élément principal de chaque Psaume, on peut s’arrêter à la classification suivante :

Psaumes dogmatiques : Dieu créateur : viii, création abrégée (Gen., ï) ; tableau développé, civjcm) ; xix (xviii A) ; chaque créature doit louer Dieu cxlviii ; beauté des différen tes œuvres de Dieu, xxviii(xxvii), orage (à comparer avec xviii (xvii), 8-17) ; grandeur du créateur, xcni (xch) ; omniscience et immensité divines, cxxxix (cxxxviii) ; néant des idoles ou des faux dieux, lxxxi (lxxx), cxvft (cxiv) ; cxxxv (cxxxiv) ; sa bonté et sa miséricorde, li : (l), jCiii (cii) ; cxxx (cxxix)' ; cxlv (cxliv).

Psaumes moraux : la loi de Dieu, xix (xviiiô), exix (cxvin) ; portrait du juste, xv (xiv) ; xxiv (xxm) ; lxii (lxi) ; cxii (cxi) ; l’impie, xii (xi), xiv (xm) ; xlix (xlviii) (mauvais riche). ; lvih (lvii) et lxxxii (lxxxi) mauvais juge) ; lii (li) (calomniateur) ; l (xlix) (hypocrite) ; sanctions divines, i, xch (xci), xxxvii (xxxvi), lxxiii (lxxii) ; xiv (xm) = lui (lu), lxxxi (lxxx).